AUSSI PROFOND QUE L'OCEAN

 
   

Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément appartient à Masami Kuramada la Shueisha et Toei Animation. L'auteur n'en retire aucun profit si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Genre
:
La Scarlett Needle infligée à Kanon par Milo a inspiré beaucoup d'auteurs. En voici un dont j'admire énormément le style à la fois recherché et parfois brutal. Un mélange savoureux.

Rating : interdit au moins de 18 ans.

Auteur : Kiranagio

J'espère que tu aimeras...

 

 

Chapitre unique

Depuis qu'il était tout petit, la première chose que faisait Kanon lorsqu'il se sentait triste, nerveux, ou mal à son aise pour quelque raison que ce soit, c'était sortir à l'extérieur, et se rendre au bord de la mer. Là il pouvait passer des heures à admirer les multiples teintes qu'elle prenait suivant le temps, du gris, du vert, du bleu. Cette passion ne s'était pas démentie en grandissant, et son séjour dans le monde de Poséidon n'avait fait que renforcer sa passion pour la grande bleue. Saga n'aimait pas la mer: il prétendait qu'elle était perfide, trompeuse, changeante. C'était sans doute pour cette même raison qu'elle le fascinait. Il n'avait jamais, contrairement à son frère, tenté de refouler sa part d'ombre. Uniquement de la contrôler, et d'apprendre à vivre avec.

Il y avait eu des tempêtes, certes. Et même des naufrages. Mais par la grâce d'Athéna, ils étaient tous revenus sains et saufs au port, et à présent ils devaient réapprendre à vivre – et à aimer. Ce qui ne semblait pas poser trop de problèmes à certains, si l'on en jugeait par la vigueur avec laquelle Marine et Aïolia passaient leurs journées à se disputer, puis à se réconcilier.

Pour d'autres, c'était plus compliqué. Soit parce que, comme Saga, ils étaient tellement occupés à se noyer dans les remords qu'ils se persuadaient que personne ne pourrait jamais les aimer, soit, à l'instar de Shaka, parce qu'ils avaient décidé que cette chose vulgaire qu'on appelle amour était décidément indigne d'un chevalier d'or.

Kanon, pour sa part, n'aurait vu aucun inconvénient à s'y livrer corps et âme. Toute la difficulté consistant à convaincre l'autre partie concernée que c'était une bonne idée – et c'était précisément l'endroit où le plan achoppait.

Machinalement, Kanon avança un pied pour permettre à la mer de venir lui lécher les orteils. Il frissonna sous la froide caresse. Ce jour-là, la mer était étale et docile, mais elle pouvait en l'espace de quelques minutes se transformer en un monstre écumant. Malheur à l'imprudent qui aurait cru pouvoir se fier à son aspect tranquille. Un petit rire échappa à l'ex Dragon des mers. La première fois qu'il avait vu Milo, le gamin jouait sur la plage, riant au milieu des éléments déchaînés.

« C'est trop rigolo, quand il y a de grosses vagues » avait-il déclaré à l'adolescent dépêché à sa recherche.

Était-ce jour là, qu'il était tombé sous le charme? Probablement, même si à l'époque, il n'en avait pas eu conscience. Il avait trouvé plutôt amusant que le petit se mette à le suivre partout, et, au contraire de la plupart des ses enseignants, il trouvait son caractère volcanique divertissant. Milo pouvait passer du calme toujours relatif à la tornade en l'espace de quelques secondes. Comme la mer. Et c'était sans doute cela qui l'avait attiré.

Mais ils avaient eu trop peu de temps devant eux pour faire connaissance. Un an, à peine, avant le cap Sounion. Milo n'avait même pas six ans. On oublie vite, à cet âge. C'était un autre, qui avait grandi à ses côtés. Un autre qui l'avait accompagné dans le difficile entraînement des chevaliers d'or, un autre qui avait recueilli ses confidences, un autre qui s'était attribué le titre de meilleur ami...

Kanon donna un coup de pied rageur dans l'eau, trempant le bas de son pantalon. Il détestait Camus, le froid chevalier du Verseau qui n'aimait la mer que sous forme de banquise. Et qui semblait s'ingénier, depuis leur retour, à empêcher tout rapprochement entre Gémeaux et Scorpion.

Camus ne l'aurait certainement pas épargné, ce jour-là, dans le temple du Scorpion. Il avait pardonné, en surface, parce qu'Athéna l'avait ordonné. Mais il restait persuadé que l'ex Dragon des mers était un personnage fourbe dont il fallait se méfier.

Ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort. Car les divertissements auxquels Kanon rêvait de se livrer en compagnie du meilleur ami du Verseau n'avaient plus rien de jeux d'enfants. Cela non plus, il n'aurait su dire exactement à quel moment il en avait pris conscience. Quelque part entre le pardon de Milo et leur résurrection.

Il avait déjà goûté aux plaisirs des partenaires masculins, du temps de Poséidon qui ne faisait guère la différence, en matière de sexe, entre les filles et les garçons. Mais là, le problème était un peu différent. Parce qu'on ne parlait pas de sexe (salut, on baise, au revoir) mais d'un sentiment plus profond, et à vrai dire, quelque peu encombrant.

Surtout lorsqu'on avait aucune, mais aucune idée, de si celui-ci était ou non partagé. Joueur, Kanon aurait misé à neuf pour cent sur le huit. Mais lorsqu'il s'agit de jouer son cœur, même le plus impénitent des parieurs devenait prudent.

« Tu vas tremper ton pantalon. »

Surpris dans ses réflexions aussi grises que la surface de la mer dans le jour déclinant, Kanon se retourna.

« Milo? Qu'est-ce que tu fais là? »
« Je te cherchais, reconnut le Scorpion. J'étais certain de te trouver là. Toujours la mer, hein? »
« Tu l'aimais aussi, lorsque tu étais petit. »
« Je l'aime toujours. C'est juste que j'ai été, euh, occupé. »
« Et puis tu préfères quand il y a des vagues », remarqua Kanon avec un sourire en coin.
« Ça, ça peut s'arranger » répliqua Milo.

Juste avant de sauter à pieds joints dans la mer, provoquant un mini raz-de-marée qui trempa son homologue de la tête aux pieds.

« Tu vas me le payer » gronda l'ex Dragon des Mers.

Milo recula en riant, et s'enfuit en soulevant des gerbes d'eau sur son passage. Kanon piqua un sprint à sa poursuite, avant d'exécuter un placage impeccable. Les deux chevaliers s'écroulèrent dans cinq centimètres d'eau de mer.

« Je t'ai eu! » triompha Kanon.

Avant de se rendre compte que sa position à califourchon sur le bassin de son cadet pouvait donner à cette phrase innocente une signification qui l'était beaucoup moins.

« Que tu crois » répliqua Milo en le renversant d'un coup de rein.

Kanon resta étendu immobile, sa chevelure océane flottant autour de sa tête comme une couronne d'algues.

« Puisqu'on est trempés, autant en profiter » fit la voix de Milo au-dessus de lui.
« Eh! Qu'est-ce que tu fais? » réagit Kanon en voyant le Scorpion se débarrasser de son t-shirt.
« Bah, je vais me baigner » répliqua celui-ci en envoyant pantalon et caleçon rejoindre le t-shirt sur le sable.

L'espace de quelques secondes, l'ex Dragon des Mers se demanda si l'autre ne faisait pas exprès d'exposer un corps à la peau dorée oh si tentante et aux lignes tellement parfaites qu'il aurait fait insultes aux plus belles sculptures du Panthéon.

« Tu ne viens pas ? »
« Mmm ? »
« Elle est bonne ! » affirma Milo dont le violent frisson venait pourtant démentir ses paroles.

Je pourrais me dévouer pour le réchauffer... songea Kanon avant de refouler fermement cette pensée au profit d'un souci plus immédiat : se déshabiller sans révéler à son compagnon l'état dans lequel l'avait mis la contemplation de sa chute de rein.

Il ferma les yeux et invoqua le souvenir le plus désagréable qu'il puisse trouver. Comme quoi le Cap Sounion pouvait présenter des avantages, dans certaines circonstances. Puis il se déshabilla le plus vite qu'il put et se jeta à l'eau, aussitôt assailli par un Scorpion joueur.

« Tu n'espères pas me battre dans l'eau? » lança-t-il, moqueur.

Quelques joutes aquatiques plus tard, Milo admettait sa défaite.

« Tu as gagné » lança-t-il à un Kanon paralysé par la stupeur.

Il maintenait contre lui le corps d'un Scorpion dont le bas ventre réagissait de façon enthousiaste à la situation.

Avant qu'il ne puisse analyser rationnellement ce qui se passait, Milo l'avait de nouveau renversé et le plaquait sur le sable, frottant son bassin contre le sien.

« Tu devrais te méfier... » suggéra-t-il avec un sourire en coin.

Kanon ferma les yeux, agrippa les hanches du Scorpion, et attendit de voir ce qui allait se passer.

Ce fut d'abord une langue chaude qui glissait le long de son cou, puis de sa poitrine, avant de s'attarder sur les tétons dans un mouvement circulaire. Il soupira et monta son bassin davantage à la rencontre de celui de Milo, frottant leurs érections l'une contre l'autre.

La bouche du Scorpion remonta jusqu'à la sienne, qu'elle envahit avec passion. Lâchant ses hanches, Kanon glissa les mains au creux de ses reins, puis le long de son dos, pour l'attirer plus près. Tant pis pour les sentiments. Dans l'immédiat, il se contenterait bien d'un peu de sexe.

De nouveau la langue de Milo glissa le long de son torse, agaça un moment son nombril, avant de plonger résolument plus bas. Kanon hoqueta lorsque des lèvres chaudes se glissèrent autour de son membre dressé. Pour un homme qui ne s'était jamais ouvertement déclaré homosexuel, le Scorpion se débrouillait un peu trop bien. Pas qu'il s'en plaignait, du reste. Les mains chaudes qui caressaient l'intérieur de ses cuisses au même rythme que les coups de lange l'empêchaient d'y réfléchir de trop. Juste avant de perdre complètement pied, il parvint cependant à se redresser et, agrippant les épaules de Milo, à le faire rouler sur le côté.

« Chacun son tour » déclara-t-il avec plus de tendresse que de menace.
« Ouh, j'ai peur » railla le Scorpion avant de se mordre les lèvres sous la caresse de la langue qui s'attaquait à son épiderme.

Kanon prit son temps pour savourer la douceur de la peau qu'il avait tant fait fantasmer. Le sel marin se mêlait sur son palais au goût indéfinissable qui était la signature personnelle du Scorpion. De temps en temps, il relevait la tête pour contempler le corps qui se tordait sous ses caresses, le beau visage crispé par la montée du plaisir, et cette seule vue faisait pulser le sang dans son membre dressé.

Lorsqu'il atteignit le sexe de Milo, et commença d'y tracer des arabesques du bout de la langue, celui-ci ne put retenir des petits cris qui enflammèrent davantage encore ses sens. Il s'arrêta un instant pour reprendre son empire sur lui-même et ne pas jouir là, tout de suite, sur le sable.

Milo en profita pour inverser une fois de plus leurs positions. Sauf que cette fois, ses mains fureteuses ne s'arrêtèrent pas sur les cuisses mais montèrent plus haut, vers les fesses et leur anneau de chair inviolé.

Kanon se crispa.

Aussitôt, Milo s'arrêta, remonta vers ses lèvres.

« Non ? »

Kanon l'embrassa impérieusement, histoire de se donner l'illusion de reprendre le contrôle de la situation. Jusqu'alors, dans ses relations avec des hommes, il s'était toujours trouvé au-dessus... Mais il s'agissait de Milo, alors il pouvait sans doute faire une exception.

« Oui » soupira-t-il en le relâchant, ouvrant les cuisses dans une autorisation explicite.

Milo posa ses lèvres à la base de son cou, suçant la peau tendre en même temps que sa main gauche furetait dans le tas d'habits mouillés. Kanon ouvrit de grands yeux lorsqu'il vit ce qu'il en retirait.

« Tu te balades souvent avec du lubrifiant sur toi ? »
« Uniquement lorsque j'ai l'intention de te séduire... » fut la réponse ronronnante du Scorpion.

Kanon referma les yeux en se disant qu'il faudrait vraiment qu'ils aient une petite discussion, tous les deux... lorsque leurs bouches ne seraient plus occupées à d'autres activités. En attendant, il bénit l'existence du lubrifiant lorsqu'un premier doigt glissant s'introduisit entre ses fesses.

« Mmm... »
« Ça fait mal ? »
« Non... »

La sensation était bizarre, mais pas douloureuse. Il remua légèrement les hanches pour venir à la rencontre de la bouche de Milo, qui l'engloutit plus profondément alors qu'il ajoutait un second doigt au premier. Une chaleur inconnue se répandit le long des reins du Gémeaux qui gémit.

« S'il te plaît... »

Les doigts se retirèrent, le faisant soupirer de frustration, puis lentement, avec une douceur surprenante pour lui, le sexe de Milo s'enfonça en lui.

Il cria lorsqu'il atteignit le point sensible, et enfonça les ongles dans les fesses du Scorpion. Celui-ci noua ses doigts dans la longue chevelure bleue détrempée de son partenaire, et l'embrassa en même temps qu'il augmentait peu à peu la cadence de ses coups de reins.

Kanon se sentit partir, son cœur s'envolant beaucoup trop haut pour sa poitrine, les yeux remplis d'étoile. Le cri de Milo, quelques secondes plus tard, et la chaleur qui inonda ses entrailles, l'informèrent que son partenaire l'avait rejoint dans l'extase.

Ils restèrent un long moment enlacés, la mer clapotant doucement autour d'eux. Dans la nuit tombée, elle avait pris une teinte bleue sombre où se reflétaient les étoiles.

« Pourquoi ? » s'enquit finalement Kanon à voix basse.
« Tu l'as dit : j'ai toujours adoré la mer » répondit Milo, jouant avec une mèche de cheveux détrempés.
« Ça veut dire que j'ai des chances de te voir revenir avec un tube de lubrifiant dans tes poches? »

Un rire amusé lui répondit avant que deux lèvres ne frôlent les siennes.

« Tant que cela te plaira... »
« Alors tu ferais mieux de faire des réserves » répondit-il sur le même ton.

Un brusque coup de vent agita la surface de la mer, et fit frissonner les deux amants. Ils renfilèrent à la hâte leurs vêtements trempés.

« Tu veux venir te réchauffer chez moi ? » proposa le Scorpion en claquant des dents.
« Volontiers » accepta Kanon en l'embrassant dans le cou.

Il serra les lèvres sans doute un peu plus que nécessaire, afin de laisser une marque bien visible. Que le saint de Glace comprenne que cette fois, il ne lui laisserait plus Milo. Il était à lui, rien qu'à lui, et pour toute la durée de leur nouvelle vie.

 

FIN

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