LE MEDAILLON

 
   

Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément appartient à Masami Kuramada la Shueisha et Toei Animation. L'auteur n'en retire aucun profit si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Genre
:
Yaoi soft. Il arrive que l'on retrouve des objets des années après les avoir égarés. Alors la mémoire s'en mêle et ces objets tiennent enfin toutes les promesses dont ils étaient chargés à l'origine.

Rating : interdit au moins de 16 ans.

Auteur : Kiranagio

J'espère que tu aimeras...

 

Chapitre unique

Je ne comprends rien à ce fichu rapport. Qu'est-ce qu'ils ont encore fabriqué ? Absentez-vous quelques mois, et vous retrouvez la pagaille partout dans vos dossiers. Je vous jure. D'accord, j'étais mort. Et je conçois qu'étant donné la situation à l'époque, ils aient eu d'autres soucis que la gestion quotidienne du Sanctuaire. Mais qui doit se payer tout le travail de remise en état de la maison, à présent ? Moi.

J'aurais du laisser la charge de Pope Adjoint à Kanon et prendre l'armure des Gémeaux à la place, tiens. Quoi, que, connaissant les talents de mon frère pour la gestion, le résultat aurait été plutôt catastrophique.

Quant au Grand Pope en titre, il estime qu'il a assez donné, et qu'il est temps pour lui de profiter de la vie. C'est à dire qu'il passe les trois quarts de son temps à Jamir et qu'il me laisse la gestion des affaires courantes, « puisque j'aime ça. »

Ce n'est pas que ça me plaise tant. Mais au moins, ça m'occupe l'esprit. Et puis ce n'était pas comme si j'avais autre chose à faire. J'évite autant que possible la compagnie de mes collègues, qui me le rendent bien. Si Kanon s'est bien réadapté (grandement aidé en cela par le pardon de Milo) il demeure un fond de méfiance à mon égard.

On ne sait jamais, des fois que je serais pris d'un nouvel accès de schizophrénie...

Je n'assiste plus aux entraînements. De toutes façons, je n'ai pas d'armure, alors à quoi bon. Parfois je me glisse dans les tribunes, pourtant. Pour le voir, même quelques minutes, même de loin. Il combat généralement contre Milo, ou, lorsque Kanon s'agace de les voir trop souvent ensemble, Aïolia ou Shaka. Peu m'importe, je ne regarde que lui, de toutes façons.

Ses mouvements fluides, sa précision glaciale, la façon dont sa chevelure aigue-marine virevolte au gré du combat, l'expression concentrée de ses yeux... Tout ça ne m'est pas destiné, mais j'en profite à la sauvette, comme un voleur.

Un coup frappé à la porte vient interrompre mes réflexions. Je crie d'entrer, et ma voix s'étrangle dans ma gorge. Ce n'est pas un secrétaire, comme je le pensais, mais l'objet de mes fantasmes.

Et il tient entre ses mains l'objet que je lui ai fait parvenir la veille.

Je l'ai retrouvé en faisant du rangement, derrière une rangée de livres. Un médaillon tout ce qu'il y a de banal, modelé dans de l'argile, et gravé avec la maladresse d'un enfant de sept ans. Sur une face, figure la marque des gémeaux, sur l'autre, celle du verseau.

Je me souviens encore du jour où il me l'a donnée.

« Comme ça, tu ne m'oublieras jamais, et je te protègerai toujours » avait-il expliqué de sa voix détachée, clinique déjà, même à son âge.

Ce jour-là, cela a été la seule fois où je l'ai pris dans mes bras, l'ai serré contre moi pour le remercier. Le lendemain je sombrais dans la folie, et assassinais Shion.

Plus jamais il n'est venu me voir.

Je me suis désormais contenté de l'observer de loin, dans les rares instants de répits que me laissait l'Autre.

Aussi, lorsque j'ai trouvé le médaillon, il m'a semblé juste de lui rendre. Je ne l'ai jamais oublié, mais je ne mérite plus guère qu'il me protège.

« Je ne pensais pas que tu l'avais encore » dit-il de sa voix toujours indifférentes.

Je donnerais cher pour pouvoir lire dans ses pensées à cet instant, mais sans doute n'est-ce pas souhaitable.

Je ne sais qu'une chose, c'est qu'il tient ma joie, ma peine, entre ses mains.

« Je suis désolé. Je n'ai pas bien tenu ma promesse, n'est-ce pas ? »

Est-un un léger tremblement que je décèle dans son intonation? Je me dépêche de le rassurer.

« Tu ne pouvais pas me protéger contre moi-même. »

Non, personne ne l'aurait pu. J'ai beau le savoir, la culpabilité est toujours aussi vivace, mais la dernière chose que je souhaite, c'est la lui faire partager.

« J'aurais du essayer, au lieu de fuir » insiste-t-il.

Ses yeux sont toujours baissés sur le médaillon, et je ne peux distinguer l'expression de son visage.

« S'il te plaît, ne t'en veux pas... »

« Parce que toi, tu ne t'en veux pas ? »

Cette fois son regard croise le mien, polaire.

« Depuis notre retour, tu te mures dans ton bureau, tu évites tout le monde. Tu veux porter seul le poids de la responsabilité, mais la vérité, c'est que nous sommes tous coupables. »

Il doit avoir raison, comme d'habitude. Déjà haut comme trois pommes il avait cette exaspérante habitude d'avoir toujours une explication pour tout – et moi celle de n'écouter que celles qui m'arrangeaient.

Comme lorsqu'il m'avait dit que plus tard, nous nous marierons et que j'avais balayé l'argument d'un geste en affirmant que deux garçons ne peuvent s'épouser.

D'un geste décidé, il lève le médaillon et le passe autour de mon cou.

« Cette fois, j'ai l'intention de tenir parole. »

« Et de quoi comptes-tu me protéger ? »

« Des remords. De l'isolement. De la solitude. »

Déesse. J'ai huit ans de plus que lui, et pourtant je le laisse mener la danse. Comme s'il n'avait pas toujours fait de moi ce qu'il voulait.

« De la solitude ? »

Pas question qu'il me traîne dans leurs petites fêtes du samedi soir où ils boivent comme des trous et... d'ailleurs je croyais qu'il n'y allait pas non plus.

Il me dévisage d'un œil critique, puis brusquement je sens ses lèvres venir effleurer les miennes, dans une caresse légère.

« Comme ça » précise-t-il, le visage toujours sans expression.

Hum? Que quelqu'un ouvre une fenêtre, je crois que je vais manquer d'air.

« Comment ça, comme ça? » demandais-je, suffoqué.

Ce qui n'est de loin pas ma meilleure réplique, mais là tout de suite j'ai du mal à me montrer la hauteur de ma réputation. J'ai l'impression qu'il a gelé d'un coup tous mes neurones.

« Tu veux des explications plus précises ? » réplique-t-il avec l'ombre d'un sourire.

« Euh... Oui. Je crois. »

Je ne m'améliore pas côtés dialogues mais il ne semble pas s'en formaliser. Il se dirige vers la porte du bureau, la verrouille à clé, et se dirige vers moi qui n'ai toujours pas bougé.

Il s'assied à califourchon sur mes cuisses et entreprend de m'embrasser, pour de bon, cette fois. Sa langue est fraîche contre mes lèvres, dans ma bouche, sur ma langue... Je crois que le médaillon s'est retourné côté joie.

« Ça te suffit ? » me demande-t-il enfin.

Son visage est toujours de marbre, sa bouche rougie par notre baiser ne sourit pas, mais il brille dans ses yeux une petite étincelle qui me donne envie de m'y jeter sur le champ.

« Je ne serais pas contre quelques développements » répliquais-je, et ma maîtrise de moi-même n'étant plus ce qu'elle était, je ne peux m'empêcher d'arborer une expression qui doit avoir l'air stupidement heureuse.

Il trace une ligne de baisers dans mon cou, qui me fait frissonner. Ses lèvres sont aussi froides que les doigts qui défont ma chemise.

« Tu es brûlant... » fait-il remarquer.

Ce doit être ce qu'on appelle le contraste thermique. En tous cas il a l'air d'apprécier lorsque je me sers de la chaleur de mes mains pour réchauffer ses flancs, son dos, son ventre, sa nuque. Mes lèvres sont à hauteur de sa poitrine, j'en profite pour la lécher un instant sur les pointes sensibles qui s'offrent à ma vue.

Je triomphe de le sentir se tordre entre mes bras, tenter en vain de retenir un soupir. Ah, moi aussi je peux maîtriser les choses... Quoi que pas totalement si j'en crois la façon dont une certaine partie de mon anatomie réagit, et contre laquelle il entreprend de se frotter langoureusement.

A mon tour je dois abandonner sa peau pour crier mon désir. Et il sourit, enfin.

Le reste de nos habits rejoint le sol, et je m'efforce d'ignorer les portraits des anciens Popes qui ornent les murs. Je ne suis pas certains qu'ils approuveraient notre tenue.

Quoi que je m'en fiche complètement, à vrai dire, je tiens enfin entre mes bras celui dont je rêve depuis des années alors je ne vais certainement pas m'arrêter à ce genre de détail.

Il soulève le médaillon à hauteur de mes yeux, côté verseau.

« Tu ne m'oublieras jamais ? »

« Je ne t'ai jamais oublié. »

« Je sais que deux personnes de même sexe ne peuvent se marier. Mais à mes yeux ce médaillon a la même valeur qu'une bague. »

La façon toujours très factuelle dont il énonce sa phrase me fait fondre. J'attrape sa main, la pose contre mon cœur, et lui répond en le regardant au fond de yeux.

« Dans ce cas, j'accepte de t'épouser. »

« Bien, réplique-t-il en rougissant légèrement. Dans ce cas, que dirais-tu de consommer la nuit de noces tout de suite ? »

« Ça me paraît une bonne idée... »

L'instant d'après j'ai oublié tout ce qui n'est pas sa peau, son corps, ses lèvres, ses mains, et le médaillon qui repose entre nous deux comme une promesse.

 

FIN


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