Loin des yeux, près du coeur...

 

 

 

 

Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément
appartient à Masami Kurumada. L'auteur ne retire aucun bénéfice si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Genre
: romance Yaoi
/Lemon

Rating
: interdit au moins de 18 ans.

Note : Merci à Hyma pour la bétalecture.

Auteur
: Scorpio-no-Caro

J'espère que tu aimeras. Bonne lecture...

Index : clique sur le numéro du chapitre que tu veux lire :
1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6

 

Chapitre 4

 

Allongé derrière son amant, Shura le tenait contre lui avec force et douceur. Les baisers brulants dont il couvrait les épaules et la nuque de Camus faisaient délicieusement gémir celui-ci. Il laissa sa main vagabonder sur le torse où elle taquina les tétons. Le Verseau soupira de plaisir et colla d'avantage ses fesses contre la virilité hispanique. Shura haleta aussitôt et étreignit plus fort le corps contre le sien. Le Français tourna la tête et trouva la bouche qui le rendait fou. Et la langue plus encore. Surgissant entre les lèvres humides, elle était souple et gourmande, taquine et affolante. Il sentit la main du Capricorne se faufiler entre ses jambes pour atteindre son intimité. Passé la surprise de l'intrusion, Camus donna des hanches, au bord de la folie douce.

- Shura… viens…, souffla-t-il avec une irrésistible sensualité dans la voix.
- Pas encore…, sourit malicieusement son amant.

Camus ouvrit les yeux et planta ses orbes de glace dans celles enflammées de l'Espagnol. Il se tourna vivement et chevaucha son amant. Il ondula sur lui comme une liane souple tout en dévorant sa bouche. Leurs respirations saccadées et les petits gémissements qui les ponctuaient, alimentaient leur excitation.

- J'ai dit maintenant… murmura Camus en léchant l'oreille dans le creux de laquelle il venait de parler.

Il passa une main derrière lui et plaça le sexe tant désiré contre son intimité. Shura arrêta de respirer puis laissa échapper un long râle rauque à mesure qu'il se sentait happé par le corps chaud et moite qu'il aimait tant. Le Verseau gémit plus fort mais la douleur reflua bien vite, laissant place à un plaisir foudroyant qui remonta le long de son échine. Les deux hommes restèrent un moment immobiles, savourant jusqu'à l'extrême cet instant de communion unique. A chaque fois renouvelée, à chaque fois exceptionnellement intense. Camus se redressa, les mains en appui sur le torse à la couleur de caramel contrastant si bien avec la sienne, nettement plus pâle. Il bougea légèrement les hanches et sentit son amant glisser au plus profond de lui. Il rejeta la tête en arrière, un soupir d'extase s'échappant de ses lèvres gonflées par les baisers. Shura caressa le membre tendu entre leurs ventres d'une main et de l'autre, il se repaissait de la douceur de la peau fraiche des cuisses fermes, du ventre plat dont les muscles se contractaient à chaque inspiration de plaisir. Un sentiment d'abandon le saisit lorsqu'il se sentit sortir du corps brulant, puis un cri jaillit de sa gorge quand il y replongea.

De plus en plus vite, il posséda le Verseau qui haletait et gémissait de plus en plus fort. Shura se déversa en lui par à-coups. Camus le regardait avec une lueur d'adoration dans les yeux. C'était lui avec son corps, son cœur et son âme qui provoquait ces grimaces de jouissance et c'était seulement dans ses instants là qu'il lui semblait toucher la perfection. Le Capricorne le libéra de sa présence et le renversa sur le matelas pour fondre entre ses cuisses et lui faire connaître à son tour le même plaisir qui le parcourait encore. Le Verseau agrippa la chevelure noire comme la nuit et s'enfonça dans la bouche qui le dévorait sans fin. Shura se délecta du nectar qu'il sentit bientôt couler dans sa gorge puis s'allongea aux côtés de son amant.

- Je voulais qu'on jouisse ensemble, murmura Camus en se lovant contre le corps puissant de l'Espagnol.
- Et moi je voulais que tu jouisses en moi comme j'ai joui en toi, répondit Shura en embrassant tendrement le front moite de sueur.
- Qu'est-ce qu'on risque si Shion découvre ce qu'on fait au lieu de monter la garde ?
- Il nous mettra peut-être aux arrêts, plaisanta le Capricorne.
- Alors je demanderai à être dans la même cellule que toi…

Les deux hommes allaient encore s'embrasser lorsqu'ils sentirent une puissante cosmoénergie devant le premier Temple. A la vitesse de la lumière, ils revêtirent leurs armures et se matérialisèrent devant la Maison du Bélier.

- Qui que vous soyez, si vous faites un pas de plus, nous ne pourrons garantir votre sécurité, s'adressa solennellement Shura aux personnes qui se trouvaient au pied des marches.
- Je suis le Général de Sirène, au service du Seigneur Poséidon. Voici le Général des Lyumnades et Thétis, la Sirène. Nous souhaitons rencontrer le Grand Pope et préparer l'arrivée de notre Seigneur qui désire rencontrer la Déesse Athéna.
- D'autres Généraux doivent l'accompagner ? demanda Shura, très raide.
- Le Général de Scylla escortera l'Empereur des Mers.
- Soyez les bienvenus au Sanctuaire de la Déesse Athéna. Je suis Camus, Chevalier d'Or du Verseau et voici Shura du Capricorne.
- Accompagne-les au Temple du Grand Pope, je reste là, lui dit Shura avec un regard entendu.

Ils avaient tous deux relevé que Kanon ne ferait pas parti du voyage. Saga allait être fou de rage et tous seraient très déçus de ne pas le revoir.

- Si vous voulez bien me suivre…

Et Camus les précéda dans le Temple du Bélier. A la sortie, ils commencèrent la montée des marches.

- Où se trouve le Temple du Pope ? s'enquit Thétis plus habituée à la fraîcheur et à l'humidité du Sanctuaire Sous-Marin qu'à la chaleur et à la sècheresse de l'atmosphère Grecque.
- Nous allons traverser les Douze Temples du Zodiaque avant d'arriver au Treizième, expliqua placidement le Verseau avec un rictus sur les lèvres.
- Mais il va nous falloir la journée ! s'écria Kassa en stoppant son avancée.

Camus, plus glacial que jamais se retourna vers eux et les toisa.

- Pour avoir le privilège et l'insigne honneur de rencontrer le Grand Pope ou la Déesse Athéna, il faut faire la preuve que votre venue est pacifique. Traverser les Douze Temples est une épreuve à laquelle doivent se soumettre tous les visiteurs.
- Mais le Seigneur Poséidon n'est pas un visiteur ordinaire ! s'indigna Sorrento avec colère.
- Lui, non. Vous… oui.

Le Verseau leur tourna le dos dans une envolée de cape méprisante et reprit son ascension. Derrière lui, les trois Marinas se regardèrent, dépités et furieux, mais suivirent le Chevalier. Ils n'avaient pas d'autre choix.

- Et vous aussi, vous devez grimper ces marches à chaque fois ? demanda Kassa dans un souffle.
- Nous ne sommes pas des visiteurs. Nous sommes des résidents permanents. Nous nous téléportons où bon nous semble dans le Sanctuaire. Depuis notre retour, la Déesse Athéna nous permet de le faire.
- Et avant votre… retour ? demanda Thétis à son tour. Vous deviez tout grimper ?
- Non, seulement la première partie. Arrivé au Temple de la Balance nous pouvions nous déplacer plus vite.
- C'est de la torture, maugréa le Général de Sirène.
- Ceux qui arrivent en haut, sont dignes d'être reçus par la Déesse ou son représentant. Les autres, ceux qui échouent, sont considérés au mieux comme hostiles, au pire comme des ennemis à éradiquer.
- Et ceux qui veulent entrer de force ?
- Beaucoup s'y sont essayés… ils n'ont jamais franchi le premier Temple.
- Pourtant, les Chevaliers de Bronze…
- … sont l'exception qui confirme la règle. Les circonstances de cette bataille étaient particulières.

Les trois Marinas finirent par arrêter de poser des questions. Parler les essoufflait trop. Et Camus le savait. Il contacta Shion pour le prévenir de cette visite. Quelques heures plus tard, ce sont un Verseau en pleine forme et trois Marinas décomposés et quasiment déshydratés qui arrivèrent sur le parvis du dernier Temple.

- Tu ne les as pas ménagés, chuchota Shion à son Chevalier, tandis que deux servantes apportaient de l'eau sur laquelle se jetèrent les trois visiteurs.
- Je ne plaisante jamais avec le protocole, tu le sais, rétorqua Camus.
- Ah oui ? En parlant de protocole, quand Shura et toi vous batifolez, faites-le en dehors des tours de garde. La prochaine fois, je ne serai pas aussi indulgent.

Camus blêmit et bafouilla quelques excuses lamentables, plus vexé et gêné d'avoir été découvert que réellement inquiet de la sanction.

- Il semble que Scylla accompagnera Poséidon, l'informa le Verseau pour changer de sujet.
- Pas Kanon ? sursauta le Grand Pope.

Camus ne fut qu'à moitié surpris de sa réaction. Elle ne faisait que confirmer ce qu'il soupçonnait déjà depuis un certain temps. Shion avait un attachement particulier pour le frère de Saga. Il s'était égaré mais il était revenu vers Athéna. Et maintenant, il était prêt à payer de sa personne pour la bonne entente entre les deux Sanctuaires. Et le Grand Pope était plus inquiet pour lui que pour les autres. Ce que le Verseau pouvait comprendre. Tous les Chevaliers avaient appris à connaître l'autre Chevalier d'Or des Gémeaux et l'appréciaient indéniablement. Mais ils ignoraient tout de ses véritables motivations quant à son retour vers Poséidon.

- Bienvenus au Sanctuaire de la Déesse Athéna, déclama Shion en s'approchant des visiteurs presque remis de leur ascension.
- Le Seigneur Poséidon souhaite rencontrer sa nièce et nous sommes là pour veiller à la préparation de son accueil, expliqua Sorrento
- Doute-t-il de notre capacité à le recevoir avec les égards dus à son rang ? grinça Shion, vexé.
- Loin de là, mais il a des habitudes particulières que vous ne pouvez connaître. Nous sommes là pour vous aider, poursuivit Thétis avec une légère révérence.
- Suivez ces serviteurs, ils vont vous montrer vos chambres où vous pourrez vous reposer. Nous reparlerons de tout ceci un peu plus tard.
- Merci Camus, reprit le Pope, une fois qu'ils furent seuls. Je vous informerai de cette visite à tous en même temps vers vingt-et-une heures.

A peine la porte refermée, le Grand Pope se laissa tomber dans son fauteuil, la tête entre les mains. Un étau lui enserrait la poitrine, il avait la gorge nouée. Il regarda ses mains, elles tremblaient. Kanon n'allait pas accompagner Poséidon. Pourtant c'était un des accords passés entre les deux divinités. Le Dragon des Mers serait autorisé à aller et venir à sa guise entre les deux sanctuaires pour lui permettre de voir son frère et ses amis, tout en remplissant ses obligations auprès de l'Empereur des Mers. Et alors que l'occasion se présentait enfin, ça n'allait pas être possible. Mais peut-être que dans trois jours, il serait là, à la place de Scylla ? Ou bien avec lui ? Si Shion parvint à canaliser la colère qui montait en lui, ses larmes, il ne put les retenir.

Ensuite, il songea qu'il avait été coiffé au poteau. Il avait eu lui-même l'idée d'une visite à Poséidon. Quelque chose d'officiel et de très protocolaire, mais il venait d'être devancé. Après tout, ce n'était pas plus mal.

A l'heure dite, il informa tous les Chevaliers de la venue du Dieu des Océans. Il répondit à quelques questions et ordonna à Milo et Angelo de patrouiller aux abords du Treizième Temple dans l'éventualité où leurs invités auraient dans l'idée de faire une sortie nocturne. Puis il contacta Athéna qui lui confirma sa venue avec les Chevaliers Divins. Il aurait apprécié que Dohko soit là pour discuter avec lui, mais le Chinois était au Japon avec Shiryu. Dans deux jours, il aurait deux divinités à gérer.

****************

A la surprise de tous, Poséidon se présenta le lendemain matin devant le Temple du Bélier en compagnie de… Kanon. Un beau et franc sourire éclairait le visage du Dragon des Mers, écrasant de charisme dans son Ecaille. Mû les accueillit selon le protocole et les téléporta au dernier Temple après avoir prévenu Shion. Tout le monde s'inclina au passage de la divinité bien consciente de l'effet qu'elle produisait sur ceux qui n'en avait jamais vu d'autre hormis Athéna. Dans le grand hall, tous les Chevaliers d'Or formaient une haie d'honneur. En passant devant son frère, Kanon lui fit un clin d'œil auquel Saga répondit par un sourire.

- C'est un plaisir d'être accueilli de la sorte quand on connait l'histoire entre nos deux Sanctuaires, consentit le Dieu des Mers.
- Soyez le bienvenu Seigneur Poséidon. Vos Marinas nous ont aidés à vous préparer des appartements selon vos désirs.
- C'est pour cela que je les avais envoyés.
- Kanon, ton frère va être fou de joie de te revoir, ainsi que tous tes amis.
- Je suis impatient de les retrouver, Grand Pope.

La voix était claire et grave mais le ton… en fait il n'y en avait pas. Shion fut aussitôt inquiet. Un regard furtif vers Saga lui confirma que lui aussi, avait senti que quelque chose n'allait pas. Qu'avait donc le Dragon des Mers ? Que cachait-il derrière ce magnifique sourire qu'il arborait depuis son arrivée ? Une alarme se mit à clignoter dans l'esprit du représentant d'Athéna.

- La déesse Athéna sera là demain soir. Votre arrivée plus tôt que prévue, la prive du plaisir de vous accueillir elle-même. Saori avait pris des engagements auxquels elle ne peut se soustraire.
- Ça n'a pas d'importance. J'avoue que j'étais impatient de venir ici.
- Si vous voulez bien me suivre, je vais vous conduire jusqu'à vos appartements.

Accompagné de ses Marinas, Poséidon emboita le pas du Pope et se porta à ses côtés. Il n'était pas question qu'un Dieu de sa trempe marche derrière un simple mortel. Il fut sensible aux efforts déployés par les serviteurs de sa nièce pour assouvir ses petites manies. Une vue sur la mer, un aquarium dans le salon, la douce mélopée de l'eau qui coule sortant d'enceintes habilement dissimulées dans le mobilier. La chambre du Général de Sirène et celle des Lyumnades encadrait la sienne, alors que Thétis et Kanon logeaient en face. Il les congédia et leur donna quartiers libres.

Quelques minutes plus tard, Kassa entrait à nouveau chez son Seigneur.

- Alors ? questionna Poséidon.
- Un jeu d'enfant. Je pense qu'il ne s'est aperçu de rien. Il avait l'esprit trop préoccupé pour ça. Pour un Atlante, ça me surprend, mais c'est plus simple pour moi.
- Alors agis ce soir avec Thétis. Je veux en finir une bonne fois pour toute.
- Tous les Marinas chanterons vos louanges jusqu'à la fin des temps pour ça. L'affront sera lavé.
- Tu peux me laisser, ordonna Poséidon.

Décidément Kassa était un homme bien étrange. Dévoué corps et âme à son Dieu, mais il semblait sorti d'une autre époque. Et bien que ça puissance ne fît aucun doute, l'Empereur des Mers se méfiait de lui comme de la peste. Malgré tout, il ne pouvait renoncer à ses capacités s'il voulait mener son plan à terme avec succès.

Kanon retira son Ecaille qui se reconstitua sagement dans un coin de la chambre. Il n'éprouvait plus du tout le même plaisir à la porter. Elle lui paraissait lourde, encombrante. De toute évidence, elle n'était plus en harmonie avec lui. Ou lui avec elle. On peut tromper les gens sur nos intentions, nos sentiments mais pas une armure au service d'un Dieu. Seul Saga avait réussi à tromper Gemini, lui permettant alors de la revêtir pour descendre dans les Enfers. En pensant à son frère, son cœur se fit plus léger. Vêtu d'un jeans qui un jour avait dû être neuf, et d'un t-shirt difforme, il sortit pour le rejoindre.

Le sixième Temple était vide. Il en conclue que Shaka devait se trouver avec Saga. Arrivé au Temple des Gémeaux, il eut la surprise et le plaisir d'y retrouver Shion qui discutait avec le couple.

- Kanon ! s'écria celui-ci en le prenant dans ses bras.

Le garda-t-il trop longtemps contre lui ? Le serra-t-il trop fort ? Lorsqu'ils se séparèrent, leurs regards se rencontrèrent, remplis de questions. Mais le Dragon des Mers n'eut pas le temps d'y réfléchir plus longtemps. Saga venait de le prendre dans ses bras pour le soulever de terre. Les jumeaux rirent de bon cœur. Shaka se contenta d'une chaleureuse accolade que lui rendit volontiers son beau-frère.

- Alors ? Raconte ! le pressa Saga.
- Y a pas grand-chose à dire, ça se passe bien.
- Arrête de mentir Kanon ! claqua la voix de Shion. Je sais, et ton frère aussi, que tout ne se passe pas aussi bien que tu veux nous le faire croire. Je sonde ton cosmos depuis ton arrivée.
- Shion, ce n'est pas ce que tu crois. Vous savez pourquoi je suis parti et je l'ai revu. Comment pourrais-je aller bien ?
- Kanon, intervint Saga tout doucement, tu ne peux pas continuer comme ça. Tu dois dire à cet homme ce que tu éprouves. As-tu pensé un instant que tes sentiments étaient peut-être partagés ?
- Ton frère à raison, fit Shaka. Imagine s'il n'avait pas eu le courage de venir vers moi ? Jamais je n'aurais supposé que nos sentiments étaient réciproques. Et comme je n'aurais pas trouvé la force de faire le premier pas, nous serions restés là, à nous morfondre chacun dans notre coin.
- Il a quand même fallu que je l'accompagne au début, leur rappela le Dragon des Mers avec un sourire de tendresse.
- Oui, mais seul le résultat compte, conclut le Pope. Si tu nous dis de qui il s'agit, on pourra t'aider.
- Et soit je sombre dans le bonheur total, soit je saute par la première fenêtre qui passe. Merci de vouloir m'aider, ça me touche énormément, mais je préfère gérer ça tout seul tant que je le peux.
- Je dois remonter, dit Shion en secouant la tête. Kanon si tu as besoin de parler, viens me voir. Tu te rappelles de ce que tu m'as proposé ?
- Oui… bien sûr. Compte sur moi.

D'un accord tacite, Saga et Shaka décidèrent de ne plus parler de cette histoire. Ils descendirent tous les trois aux arènes où ils retrouvèrent Aphrodite, Angelo, Aldébaran et Milo.

- J'avais dit à ton frère que je te mettrai une branlée parce que tu donnais pas signe de vie ! le provoqua le Cancer.
- Mouais, il me l'a dit ! Je suis à ton entière disposition !

Après une bonne demi-heure à s'affronter sans cosmos, le match nul fut décrété. Saga fut surpris de voir son frère en si grande forme face à un Cancer toujours aussi brutal. D'ailleurs seuls le Taureau, le Lion et le Capricorne acceptaient de combattre contre lui. Kanon faisait jeu égal concernant les coups vicieux et leur violence.

C'est en riant qu'ils gagnèrent le troisième Temple où Aldébaran les avait invités à déjeuner. Il prêta sa salle de bain aux deux hommes et tous s'attablèrent devant une délicieuse salade composée de tout ce que le troisième gardien avait trouvé dans son frigo. Tomates, poivrons, échalotes, thon, œufs durs, maïs le tout assaisonné d'une vinaigrette à l'huile d'olives et accompagné d'un vin rosé des plus fruités.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'ils se séparèrent, heureux d'avoir passé un bon moment ensemble. Saga proposa à Kanon de rester encore un peu avec Shaka et lui, mais il prétexta un appel de Poséidon et préféra regagner sa chambre. Il traversa le treizième Temple aussi discrètement qu'une petite souris, priant pour ne croiser personne.

Une fois dans sa chambre, il se laissa tomber sur son lit et enfoui son visage dans l'oreiller. Il ne l'avait pas vu, mais tout le Palais était imprégné de sa cosmoénergie. Il sentait sa présence, c'était une véritable torture. Ça lui faisait un mal de chien, mais en même temps, il ne voulait pas que ça s'arrête. Il aimait et détestait cette douleur sournoise, brutale et délicieuse à la fois. Il ferma les yeux et se laissa envahir par sa souffrance.

 

Après le diner avec Poséidon et les autres Marinas, Kanon préféra retourner s'isoler dans sa chambre. Mais c'était sans compter sur la curiosité d'une certaine Sirène.

-Allez ! S'il te plait ! insistait Thétis usant de tout son pouvoir de séduction, sans grande réussite, il faut bien l'avouer.
-D'accord, soupira le Dragon des Mers, en se disant que plus vite il en aurait terminé avec elle, plus vite elle le laisserait tranquille.

La jeune femme voulait visiter le Sanctuaire. Il n'y avait rien de répréhensible à cela et il accepta après avoir demandé mentalement l'autorisation au Grand Pope qui accepta. Ils entamèrent la descente vers le Temple des Poissons. Kanon répondait aux questions qu'elle posait sans pourtant trop entrer dans les détails. Il restait évasif lorsque Thétis devenait trop curieuse. Inconsciemment, il emprunta un sentier qui longeait la falaise. Au loin, le Cap Sounion se dessinait sur le ciel illuminé par les dernières lueurs du soleil couchant.

- C'est là ?
- Oui…
- C'était comment ?
- Froid, humide…
- Ce n'est pas ce que je te demande.
- J'ai pas envie d'en parler, Thétis.
- Ca t'aiderait à exorciser ce souvenir…
- C'est déjà fait ! Si tu continues, on rentre !
- Très bien… Tu sais, je crois que j'aurais aimé vivre ici. C'est rude, mais c'est très beau. Et c'est au bord de la mer.
- Thétis, à quoi tu joues ?

Kanon s'était arrêté et avait attrapé la jeune femme par le bras pour qu'elle se retourne et le regarde.

- Quoi ! Qu'est-ce qu'il y a ?
- Ne me prends pas pour un imbécile ce que je suis loin d'être. D'ordinaire tu m'ignores et là tu me colles aux basques ! Qu'est-ce que tu veux ?
- Mais rien ! s'écria-t-elle en se dégageant d'un geste brusque. Il n'y a rien à faire ici. Je voulais juste tuer le temps. Alors une balade sur ce caillou aride c'est mieux que de me morfondre dans ma chambre… vu que tu n'es pas disposé à passer du bon temps avec moi, termina-t-elle en coulant un regard incendiaire entre ses longs cils.
- Je ne veux pas de toi ! Mets-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toute !
- T'es vraiment une belle ordure ! cracha-t-elle avant de tourner les talons et de repartir sur le sentier.

Kanon resta là un moment, les mains sur les hanches, la tête basse. Il fallait qu'elle arrête de le provoquer comme ça, sinon il allait finir par la tuer. La colère et la rage qu'il sentait monter en lui pourrait bien finir par lui faire perdre tout contrôle. Il n'y avait que Poséidon pour la remettre à sa place. Il n'était pas homme à se défiler face aux problèmes, mais là c'était une question de vie ou de mort. Et il ne voulait pas prendre ce risque. Il finit par suivre la Sirène. Il la vit derrière une colonne, dans l'attitude de quelqu'un qui observe en se cachant.

- Thétis ? Qu'est-ce qui…
- Chut ! Viens voir ! murmura-t-elle, un sourire espiègle aux lèvres.

Il s'approcha et regarda à son tour, par-dessus la tête de la jeune femme. Ce qu'il vit le pétrifia. Il sentit son sang se glacer dans ses veines, son cœur ralentir jusqu'à un niveau critique. Un vertige le prit et il dût s'appuyer contre la colonne.

- Y sont trop mignons ! Non d'un chien ! Si ça continue, y vont faire ça sur les escaliers !
- Viens, laissons-les ! parvint-il à bredouiller en entrainant la jeune femme sur un autre chemin.

Ils regagnèrent le Palais du Pope par un autre sentier. Kanon referma la porte de sa chambre et se laissa glisser sur le sol. Incapable de se maîtriser d'avantage, il se mit à pleurer. Pas de tristesse. De colère, de rage contre lui-même. Il s'en voulait de ne pas avoir eu le courage d'avouer ses sentiments. Il aurait pris le risque qu'ils ne soient pas partagés, mais au moins il n'aurait pas le goût amer du regret qui lui remontait dans la gorge.

Il se leva d'un bond et ouvrit un passage dimensionnel…

 

A suivre…

Chapitre 5

 

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