Loin des yeux, près du coeur...

 

 

 

 

Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément
appartient à Masami Kurumada. L'auteur ne retire aucun bénéfice si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Genre
: romance Yaoi
/Lemon

Rating
: interdit au moins de 18 ans.

Note : Merci à Hyma pour la bétalecture.

Auteur
: Scorpio-no-Caro

J'espère que tu aimeras. Bonne lecture...

Index : clique sur le numéro du chapitre que tu veux lire :
1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6

 

Chapitre 6

 

Kanon se tenait devant la fenêtre, les mains dans les poches de son jeans, la tête basse. Par moment, son corps semblait être secoué de tremblements incontrôlés. La rage que Shion sentait émaner de son cosmos était sans commune mesure. Jamais, il n'avait rencontré une telle fureur chez quelqu'un. Une telle souffrance non plus. Lui-même avait du mal à organiser ses pensées et ne savait par où commencer. Par le début, ce serait bien songea-t-il. Mais il fit tout, sauf ça.

- Je suis donc celui qui t'a chassé d'ici ? demanda le Pope, choisissant soigneusement ses mots.
- Tu ne m'as pas chassé, je suis parti de mon plein gré, répondit Kanon d'une voix à peine audible, sans se retourner.
- Mais c'est à cause de moi, insista Shion, à deux mètres derrière lui, n'osant pas bouger.
- Non, ce n'est pas à cause de toi, souffla-t-il avant de se remémorer les paroles de Rhadamanthe.
- Alors regarde-moi et dis-moi en face pourquoi tu fuis encore ? s'écria le Pope, espérant que son éclat ferait réagir Kanon.
- Très bien, fit le frère de Saga en se retournant lentement, une étrange lueur dans le regard, entre la colère froide et la sauvagerie. Je suis parti parce que je ne supportais plus de te voir tous les jours sans… Avec ce désir, cette envie qui me lamine à chaque fois. Je ne suis pas digne de quelqu'un comme toi et je savais que jamais tu ne verrais en moi autre chose qu'un Chevalier sous tes ordres et au service d'Athéna.
- Tu es bien sûr de ça ? Comment peux-tu affirmer une telle chose ? Es-tu dans ma tête ? Sais-tu ce que je pense ?
- Non, mais je sais que tu es bien trop lumineux pour te compromettre avec quelqu'un d'aussi sombre que moi. Alors voilà. Maintenant, tu le sais. Je vais quitter le Sanctuaire et aller vivre à Athènes.
- Encore ? Mais c'est une manie chez toi de te défiler à tout bout de champs ! Tu vas rester ici !
- Alors tu devras m'arrêter !

Kanon passa à côté de Shion en direction de la porte. Et alors qu'il allait l'ouvrir, il fut incapable de faire le moindre geste. Il était cloué sur place.

- Tu sembles oublier quand j'ai d'autres pouvoirs que le contrôle de la cosmoénergie.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je t'empêche de sortir d'ici. Pour commencer…
- Shion ! Ne m'oblige pas à devenir violent !
- Voyez-vous ça… Alors tu dis que tu as des sentiments pour moi et maintenant que je le sais, tu ne veux pas savoir ce que moi j'éprouve ? Ce n'est pas tous les jours qu'on doit faire face à de tels aveux. En particulier lorsqu'ils sont fait devant témoins. Et même si tu étais en colère, même si tu me soutiens que les mots ont dépassé ta pensée, moi je sais que c'est faux.
- Libère-moi !
- Et qu'est-ce que tu vas faire ?
- On peut en parler tranquillement ?
- Essaies-tu de me manipuler ? Je ne suis pas Poséidon.
- Ça, je le sais. S'il te plait…
- Assieds-toi dans ce fauteuil et si tu bouges, je te cloue dedans !

Cet échange avait permis au Pope de reprendre un peu sa contenance. Il s'assit sur le coin de son bureau et un silence pesant s'installa. Kanon avait la tête baissée, une fois de plus et n'osait pas le regarder en face.

- Où est donc passée ta superbe ? Où sont cette arrogance et cette assurance que tu affiches toujours en toutes circonstances ? Qu'as-tu fait de cette désinvolture et de cette nonchalance qui te caractérisent et qui te confère un charisme exceptionnel et un charme irrésistible ?
- Peut-être que tu exagères, non ?
- Non, je n'crois pas… Parce que ce sont tous ces traits de ton caractère qui me plaisent chez toi. Sans parler de tout ce qui fait que tu es… toi. Ton côté rebelle, insoumis, indompté, imprévisible, mais aussi sincère, loyal quoique tu en penses, ton esprit de sacrifice. Tout ça mis bout à bout, je n'avais pas la moindre chance.
- La moindre chance de quoi ?
- De te résister… Même si au début que je me suis caché la vérité, aujourd'hui, j'en ai plus envie.

Kanon avait du mal à assimiler ce qu'il entendait. Alors il aurait réussi à faire éprouver des sentiments à Shion à son égard, sans même s'en rendre compte ? Il se leva, pour se donner une contenance, pour ne pas montrer son trouble, mais aussitôt, il fut immobilisé.

- Shion ! Arrête ! Je n'vais pas m'enfuir.
- Oh ça, je le sais… c'est juste que ça m'amuse de t'avoir à ma merci ! répondit le Pope avec une bouille malicieuse à damner un saint.
- A quoi joue-t-il ? se demanda l'ex Dragon des Mers.

Parce que c'est bien ce qu'il était désormais. Shion semblait s'amuser comme un gosse. Soudain, Kanon vit sa chemise s'ouvrir. Un à un, les boutons se détachaient, puis elle fut sortie de son pantalon.

- Shion ! Mais qu'est-ce que tu fais ? s'écria-t-il, mi offusqué, mi excité.
- Je veux que tu te battes… que tu ne te laisses pas dominer… que tu te rebelles… que tu sois sauvage comme toi seul sais l'être.
- Libères-moi et je te montrerai à quel point je peux être tout ça, susurra Kanon un éclat de folie dans les yeux, les paroles du Juge résonnant toujours dans sa tête, faisant écho à celles du Pope.

Shion en frissonna d'anticipation. N'avait-il pas été trop loin ? Non. Après tout, il pouvait toujours le contrôler simplement en y pensant. De quoi l'ex Dragon des Mers était-il donc capable ? Voilà qui allait être intéressant à découvrir. Et… excitant.

- Mais je ne demande qu'à voir… Serais-tu capable au nom des sentiments que tu éprouves à mon égard, de te défaire de mon étreinte psychique ?

Et alors qu'il s'attendait encore à une ruade, Shion eut la surprise de voir Kanon fermer les yeux. Comme il l'avait fait dans le Sanctuaire Sous-Marin pour se protéger des intrusions de Kassa, il se concentra. Il se concentra comme jamais il ne l'avait fait. Et il parvint à cet état de quasi hypnose en un temps record. Il visualisa les entraves que Shion avait placées autour de lui et, une à une, il les attaqua.

Shion n'arrivait pas y croire. Kanon était le premier à briser son blocage. Il ouvrit les yeux et plongea son regard d'un vert pur et profond dans celui du Pope. La lutte entre leurs deux volontés était titanesque, mais Shion ne voulait pas l'emporter. Il voulait être assiégé et conquis. L'image d'une place forte du moyen-âge prise d'assaut par une armée moins nombreuse lui vint à l'esprit. Moins nombreuse, mais définitivement beaucoup plus motivée.

Soudain, il le vit faire un pas. Mais il avait beau tenter de le stopper à nouveau, c'était inutile. Chaque entrave défaite par Kanon ne pouvait être rétablie. Shion était abasourdi et stupéfait de la volonté de cet homme. Alors il l'aimait donc à ce point ? Un instant, il fut terrifié. Il eut peur de ne pas être à la hauteur de ces sentiments dont il percevait la violence. Mais c'est ainsi qu'était Kanon. Excessif en tout. Et quand il avait dit qu'il ne donnerait son cœur qu'une fois, maintenant Shion en était intimement convaincu. Aimer si fort, si pleinement, si complètement, avec autant de pureté et de profondeur, ça n'arrive qu'une fois dans une vie.

Et soudain il eut honte. Avec tout ce que Kanon avait déjà enduré, de quel droit le faisait-il encore souffrir ? Comment supportait-il encore tout ça ? Comment ? Celui-ci fit un nouveau pas vers lui. Un pas de trop. Shion capitula et rendit les armes. Il le délivra de son emprise et se précipita pour le prendre dans ses bras.

- Pardon… murmura-t-il, pardon…
- Ça va… c'est rien, répondit Kanon de la même façon.

Il se recula et prit le visage du Pope entre ses mains pour regarder cet homme qu'il aimait tant. Du pouce, il essuya une larme au bord des cils et posa ses lèvres sur la joue, puis il l'étreignit à son tour. Ils restèrent ainsi de longues minutes, savourant ce premier moment d'intimité. Soudain l'ex Dragon des Mers vacilla et retomba dans le fauteuil derrière lui. Shion s'agenouilla devant lui.

- Tu as tellement lutté contre moi que tu t'es épuisé.
- C'est rien… ça va passer…
- Viens t'allonger dans ma chambre…
- Shion ! Si vite ? T'es si impatient de me mettre dans ton lit ?

Décidément, il ne changerait jamais. Quelques soient les circonstances, Kanon ne se séparait jamais de son humour un peu spécial, il faut bien l'avouer.

- Bien sûr que je suis impatient, mais dans ton état tu ne serais bon à rien.
- Eh ! J'ai des ressources que tu ne soupçonnes pas !
- C'est ça… Allez viens…

Sitôt qu'il se fut allongé, Kanon sombra dans un profond sommeil réparateur. Fermer son esprit était une chose, lutter contre le Pope était autrement plus épuisant. Shion s'installa à côté de lui et le regarda dormir. Un appel d'Athéna le coupa dans cette activité ô combien passionnante et passionnée.

- Poséidon et moi avons redéfini les termes de notre pacte, expliqua-t-elle à son représentant. Kanon en est exclu et nous échangerons des ambassadeurs.

- Je suis heureux que vous ayez pu vous entendre, déclara prudemment Shion, qui pour l'instant, se fichait comme de l'an quarante des états d'âmes des deux divinités. Avez-vous déjà une idée des personnes qui vous représenteront ? demanda-t-il malgré tout, faisant mine de s'intéresser à la situation.
- En ce qui me concerne, ce sera Sorrento, Général de Sirène.
- Aïoros me semble être le mieux placé pour me représenter, fit Athéna.
- Mais Shaina ?
- Elle est la bienvenue, déclara le Dieux des Mers.
- Eh bien… les choses se terminent au mieux pour tout le monde, conclut Shion, se demandant si ces deux-là allaient enfin le lâcher.
- Mon oncle et moi allons passer la journée ensemble, poursuivit la Déesse. Je suis certaine que cela nous permettra de mieux… nous comprendre.

Prenant cela comme un congédiement, le Pope s'inclina et se hâta vers ses appartements. Kanon était toujours endormi lorsqu'il entra dans sa chambre. Il se réinstalla à ses côtés et reprit son observation. La chemise entrouverte dévoilait une partie du torse du jeune homme. Sur la peau hâlée, une petite imperfection rappela au Pope que Milo lui avait fait subir son attaque pour l'accepter dans la Chevalerie d'Athéna. Encore de la souffrance, de la douleur au-delà des mots. A croire que certaines personnes sont destinées à subir mille et une tortures avant d'avoir le droit de goûter au bonheur.

- Je passerai le reste de ma vie à te protéger des malheurs de ce monde..., murmura-t-il pour lui-même. Je te le promets.
- Mon plus grand malheur pour l'instant, c'est de ne pas te tenir dans mes bras, entendit-il marmonner, dans un demi-sommeil. Si tu commençais par tenir ta promesse maintenant.

Shion sourit tendrement à ce visage reposé, aux yeux à peine entrouverts qui le regardaient en brillant d'amour et de sincérité. Il se rapprocha et entoura Kanon de ses bras qui se blottit contre lui comme un enfant. Il ne vit pas le sourire carnassier qui étira les lèvres de l'ex Dragon des Mers. Imperceptiblement, il commença à caresser le bras de Shion, du bout des doigts alors que celui-ci jouait avec sa chevelure, inconscient de ce qui l'attendait, ou bien parfaitement consentant de ce qui allait suivre. Il sentit Kanon relever la tête, sur son épaule et son souffle chaud effleura la peau de son cou. Un délicieux frisson lui donna la chair de poule.

- Tu sens bon… susurra Kanon en déposant un baiser au creux de la clavicule.
- Tu as l'air d'aller mieux, dit-il en cherchant les yeux de son presqu'amant.
- Je me sens en forme, ronronna le frère de Saga en se collant d'avantage contre lui pour lui prouver ses dires.
- Je vois ça, effectivement…

Et alors qu'il allait encore parler, Kanon l'embrassa avec une soudaineté teintée d'une sensualité qui était le reflet parfait de cet homme. Il entrouvrit les lèvres et le laissa prendre possession de sa bouche. Une sensation de liquéfaction s'empara de lui. Il se détendit complètement et s'offrit à Kanon. Quoi qu'il fasse, il l'accepterait avec plaisir et docilité. Il était temps que l'ex Dragon des Mers soit heureux, et si cela devait se traduire par sa passivité, relative quand même parce qu'il avait bien l'intention de participer activement à leurs ébats, alors qu'il en soit ainsi. Mais c'était sans compter sur l'imprévisibilité de son amant.

Kanon mit un terme à leur baiser et se recula légèrement pour l'observer. Ce que Shion lut dans ce regard lumineux mit tous ses sens en alerte. D'un mouvement souple, Kanon s'assit à califourchon sur ses cuisses, et d'un geste rapide et brutal, il déchira la toge protocolaire.

- Eh ! s'écria le Pope.
- Que disais-tu ? Que je me batte ? Que je me rebelle ? Que je sois sauvage ? C'est vraiment ce que tu veux ?

Shion scruta ce magnifique visage aux traits fins et virils à la fois, sublimés par les sentiments qui suintait de son cosmos comme un baume guérisseur. Mais il n'eut pas le temps de pousser plus loin ses réflexions. Après avoir ôté sa chemise, Kanon prit ses poignets et les remonta au-dessus de sa tête avant de fondre à nouveau sur sa bouche. Il gémit sous l'attaque, surpris et ravi. Oui, il allait le laisser mener la danse. Il en avait envie et Kanon en avait besoin. Il lui fallait exprimer cette frustration trop longtemps contenue. Un nouveau bruit de tissu déchiré lui indiqua que sa toge avait définitivement rendu l'âme. Il se débarrassa des lambeaux et apparut presque nu sous les yeux de l'ex Dragon des Mers. Pendant plusieurs minutes, dans un silence religieux, il se soumit à ce regard qui le détaillait sans vergogne, mêlé d'une lueur espiègle mais non moins inquiétante. Il était complètement à la merci de Kanon.

- C'est effectivement ce que je t'ai dit, répondit Shion d'un air de défi.
- Tant pis pour toi !

Et Kanon fondit sur lui comme un fauve sur sa proie. Emprisonnant à nouveau ses poignets d'une main, il se servi de l'autre pour parcourir cette peau douce et brulante d'excitation. Le Pope sursautait à la moindre caresse. Il crut mourir de plaisir quand il sentit des dents pincer douloureusement un téton et s'acharner dessus. De sa main libre, Kanon cajola le flanc et descendit le boxer en dénudant une fesse qu'il se mit à pétrir durement. Il avait enfin l'homme de sa vie entre les bras. Son désir était si violent, qu'il avait renoncé à le contrôler. Tant pis pour la tendresse, la douceur. Ce sera pour la prochaine fois. Là, dans l'immédiat, il voulait donner du plaisir à Shion, un maximum de plaisir et accessoirement en prendre aussi. Mais cette option était secondaire. Il n'y avait que le Pope qui comptait à ses yeux.

Il reprit sa bouche pour un baiser sulfureux. Chacun tentait de capturer la langue de l'autre avec ses lèvres, une escrime plaisante et ô combien excitante. Kanon finit par libérer les mains de son amant qui immédiatement enlaça sa taille pour l'attirer sur lui, entre ses jambes. Un gémissement identique se dilua sur leurs lèvres. Leurs respirations erratiques balayaient leur peau, comme le vent du désert sur les dunes de sable.

- Ka… Kanon…, soupira Shion, tu m'rends fou… hmmf…
- Déjà ? rétorqua suavement l'ex Dragon des Mers. Parce que j'en ai pas encore fini avec toi…

Kanon se redressa, toujours son regard planté comme une dague dans les yeux de Shion. Il descendit du lit et porta la main à la ceinture de son pantalon qu'il déboucla. Puis, un à un, avec une lenteur insupportable, il défit les boutons et passa ses mains autour de ses hanches pour faire glisser le vêtement. Il dénuda ses fesses, puis, s'appuyant sur le montant du lit, il retira chaque jambe avant de revenir vers Shion. Celui-ci, subjugué par cette vision de rêve, eut un hoquet de stupeur. Sa respiration s'accéléra, et d'un geste impatient, il tendit les bras, invitant par-là, Kanon à s'y lover.

Au contact de leurs corps, les deux hommes gémirent de concert. Les bras de Shion serraient Kanon comme un étau pour le sentir encore plus près de lui. Celui-ci se décala légèrement pour caresser leurs virilités ensemble, l'une contre l'autre.

Ensuite, il commença une descente au paradis. Chaque centimètre carré de la peau du torse, du ventre, des flancs, des cuisses de son amant eut droit à un baiser, une morsure ou un coup de langue. Shion ne s'appartenait plus. Sa raison l'avait abandonnée pour de lointaines contrées et ne lui reviendrait qu'une fois son désir assouvi. Ou pas. Un coup de langue sur toute la longueur de son sexe le fit crier et il referma ses cuisses autour de la tête de Kanon qui les repoussa et les maintint ouvertes sans ménagement, le gratifiant au passage d'un regard sauvage alors qu'il dardait la pointe de sa langue sur l'extrémité à vif.

Le corps de Shion se tendit comme un arc, un long râle de plaisir franchit ses lèvres. Ses mains se perdirent dans la chevelure océane et ses hanches entamèrent un lent mouvement de va et vient. Et alors qu'il croyait toucher le paradis, Kanon le délaissa. Il releva la tête pour le voir lécher ses doigts. Il se mordit les lèvres d'anticipation et se crispa sous la sensation d'inconfort de l'intrusion. Mais le plaisir revint au galop et il recommença à gémir, écartant lui-même ses jambes pour faciliter l'accès à son intimité tout en sentant une chaleur humide l'envelopper à nouveau.

- Je ne peux pas faire ça…, songea soudainement Kanon. Je n'ai pas le droit… Il est prêt à tout pour moi, c'est pour ça que je ne peux pas…

Il poursuivit longtemps cette diabolique et odieuse torture tout en faisant bien attention que le Pope n'atteigne pas l'orgasme libérateur. Shion n'en finissait plus de crier, de gémir. Il voulait de la rébellion, de la sauvagerie ? Il était servi. Jamais personne n'avait autant utilisé ses dents et ses ongles sur sa peau. Partout, son corps était marqué de suçons, de petits hématomes et de stries rouges. Oui, un grand félin affamé se repaissait de sa chair à grands coups de crocs et de griffes.

Lorsque Kanon se redressa entre ses cuisses, il se prépara à le recevoir enfin en lui. Mais contre toute attente, il le vit le chevaucher et s'empaler avec lenteur sur lui. Le temps qu'il réalise et proteste, il était déjà perdu au plus profond de son corps brulant. La douleur avait crispé les traits de l'ex Dragon des Mers, mais maintenant c'était une expression d'extase pure qui détendait son visage.

- Pourquoi ? murmura-t-il.
- Parce que je t'aime…, s'entendit-il répondre de la même façon. Je suis l'ombre et toi… la lumière… Chasse toute cette noirceur qui est en moi…

Shion se redressa, le cœur dans un étau d'émotions. Il enlaça son amant et l'embrassa avec une infinie tendresse. Au premier mouvement, Kanon rejeta brutalement sa tête en arrière, laissant échapper un long râle de plaisir. Le second sembla lui couper le souffle. Le Pope le regardait, attentif à la moindre expression de son visage, au moindre sursaut de son corps. Il passa un bras autour de ses reins et se projeta aussi loin qu'il le put.

- Shion… soupira bruyamment Kanon sans parvenir à dire autre chose.

Le Pope recommença encore et encore. Ses coups de reins étaient presqu'agressifs et l'ex Dragon des Mers ne semblait pas s'en plaindre. Au contraire, il allait à la rencontre de ce corps qui le pourfendait.

- C'est moi qui devais être sauvage, non ? parvint-il à articuler entre deux gémissements.
- Moui, mais je n'ai jamais dit que moi, je ne le serai pas…
- Ça c'est sournois, sourit-il en fermant les yeux. Je me vengerai…
- J'espère bien…

Leur étreinte dura longtemps. Malgré leur brusquerie, les mouvements de Shion avaient une cadence très lente. Kanon était à deux doigts de sombrer dans la folie. Il repoussa le Pope sur le lit pour le surplomber et l'obliger à accélérer. Shion se libéra en lui avec un cri muet qui lui resta dans la gorge. Son visage déformé par la violence de l'orgasme reprit sa douceur après quelques minutes. Il ouvrit les yeux et fixa son amant. Il enveloppa de ses doigts le sexe dressé et le caressa, tout doucement, puis le libéra. A genoux sur le matelas, Kanon ne comprenait pas. Shion le prit dans sa bouche et lui prodigua des caresses qui le firent à nouveau haleter. Et alors qu'il s'attendait à jouir ainsi, le Pope se plaça à quatre pattes devant lui. Il enfouit son visage au cœur de cette splendide paire de fesses et prépara longuement le Pope. Il n'était pas question qu'il ressente la moindre douleur. Et il le posséda.

C'est comme si une décharge électrique venait de leur traverser le corps. Kanon prit quelques secondes pour rassembler ses esprits. Son rêve le plus fou était en train de se réaliser. Combien de fois n'avait-il pas imaginé ces instants ? Il reproduisit les gestes qu'il avait si souvent exécutés en songe. Il parcourut des mains la courbe sensuelle des reins, les flancs, le dos qui se creusait à chacun de ses retours. Il crocheta ses doigts dans les hanches pour donner plus de vigueur à ses mouvements. Les plaintes lascives de Shion charmaient son ouïe. Il ne s'en lassait pas. Le Pope écarta encore ses genoux, s'offrant encore plus à son amant. Kanon se coucha sur son dos pour murmurer son amour au creux de son oreille.

Shion sentit une main vagabonde s'emparer de son sexe douloureusement tendu et le caresser. Son cœur battait des records de vitesse, son corps devenait frénétique. Un long "oui" voluptueux sortit de sa gorge quand Kanon empoigna ses cheveux et lui tira brutalement la tête en arrière.

- C'est ce que tu veux ? lui chuchota-t-il à l'oreille, un rien de sauvagerie dans la voix.
- Annh… oui…, oui, comme çaaah…

Le Pope croisa ses mains derrière la nuque de l'ex Dragon des Mers. Son corps cambré dans un angle improbable était complètement offert à son amant. Kanon le maintenait en équilibre d'une main et de l'autre il le caressait. Leurs soupirs, leurs cris se mêlaient en une mélodie érotique divine. La cadence de leur étreinte s'accéléra jusqu'à ce qu'une explosion de lumière les broie et anéantisse leurs dernières forces. Shion s'écroula sur le lit, Kanon sur son dos. Ils étaient tous deux à la limite de la perte de conscience. Le Pope eut à nouveau cette sensation de se fondre dans les tentacules d'une anémone de mer. Il se laissa emporter et la savoura sans modération.

- Alors c'était toi ? marmonna Kanon.
- Quoi ?
- Un jour, j'ai eu l'impression d'une présence et j'ai souillé mes draps comme un ado, confia Kanon en souriant doucement.
- J'ai pas contrôlé ce qui s'est passé. J'ai trouvé ton esprit sans le chercher. Tu étais endormi et je suis resté un instant. J'étais dans les thermes. Et quand je t'ai laissé, moi aussi j'avais éprouvé un plaisir fabuleux.
- Qu'est-ce qu'on doit en conclure si on en est au point où nos esprits se retrouvent sans qu'on le décide ?

Shion se retourna et prit Kanon dans ses bras. Il le cala contre lui et joua avec ses cheveux. Une odeur marine s'en dégageait. Il réfléchit un moment avant de répondre.

- Que nos sentiments sont d'une intensité rarement atteinte ?
- Nous ne sommes pas les premiers à nous aimer si fort, quand même.
- Non, mais c'est peut-être parce que nous avons eu beaucoup de mal à être enfin ensemble, et que nos vies sont loin d'être ordinaires.

Kanon se redressa sur un coude et regarda amoureusement le visage du Pope qui lui souriait tendrement.

- Tu n'imagines pas à quel point je t'aime… souffla Kanon en dégageant une mèche du front de Shion.
- Si j'en ai une petite idée parce que moi aussi je t'aime aussi fort.
- Redis-le…
- Je t'aime…

Des larmes de bonheur perlèrent dans les yeux de Kanon, mettant des étoiles dans son regard. Shion lui caressa la joue et le serra contre lui.

Le lendemain, Poséidon quitta le Sanctuaire d'Athéna en compagnie d'Aïoros et de Shaina, tandis que Sorrento commençait sa carrière de diplomate. A la plus grande surprise de tous, Hadès vint voir sa nièce quelques semaines plus tard. Ils conclurent le même pacte et se fut Orphée que la Déesse désigna comme ambassadeur. Après tout, il connaissait déjà les lieux et en guise de bonne volonté, l'Empereur des Ténèbres consentit à lui rendre Eurydice bien qu'elle ne puisse sortir des Enfers et laissa Rhadamanthe et Valentine auprès d'Athéna.

Kanon prenait l'air sur le parvis du treizième Temple lorsqu'il sentit un cosmos approcher.

- Bonsoir Rhadamanthe.
- Kanon. Tu n'es pas avec Shion ?
- J'attends qu'il termine ce qu'il a à faire.
- Alors ? Tu t'es battu et tu as vaincu ?
- Pas vraiment…

Et Kanon lui raconta les péripéties qui avaient faillies leurs être fatales à Shion et lui.

- Poséidon est un idiot, sourit le Spectre. Il a un ego démesuré et jamais il ne te pardonnera. Tu es à l'abri ici, mais ne baisse jamais ta garde.
- Et toi et Valentine ?
- C'est une longue histoire. Pour résumer, à chacune de nos réincarnations nous avons été amants. Mais je crois que là, c'est… bien plus que ça.
- Et il vous aura fallu tout ce temps pour vous en rendre compte ? fit Kanon avec un petit rire.
- Peut-être… Mais l'important n'est-il pas d'être avec la personne qu'on aime ?
- Si… si, c'est le plus important… J'ai pourtant cru qu'en m'éloignant je finirai par l'oublier. J'étais tellement certain que mes sentiments n'étaient pas réciproques…
- Je me réincarne depuis la nuit des temps, Kanon, et la seule et unique chose dont je sois sûr, c'est que rien n'est jamais certain. Et le véritable amour se joue des distances. S'il doit être, il sera.
- Je ne te savais pas si philosophe, sourit encore le frère de Saga.
- L'expérience, mon ami, l'expérience.

Le Juge posa une main amicale sur l'épaule de Kanon et s'éloigna. Quelques minutes plus tard, Shion le rejoignit.

La nuit était douce. L'air marin parfumait l'atmosphère. Tous les grillons de la création semblaient s'être donné rendez-vous au Sanctuaire d'Athéna. Kanon entoura Shion de ses bras et ils saluèrent Saga et Shaka qui montaient vers eux.

- Balade nocturne ? demanda Kanon.
- Oui, répondit la Vierge. On va finir par vivre la nuit si la canicule continue ainsi.
- D'où l'intérêt d'être en couple avec un Chevalier des Glaces ! s'exclama Shura qui arrivait main dans la main avec Camus.
- Tu m'as pris pour un Pinguino ?
- Non, mais tu sais parfaitement climatiser notre chambre lorsqu'il fait… très chaud, susurra le Capricorne en déposant un baiser dans le cou du Verseau.
- Et si on allait se baigner ? suggéra Saga. L'eau doit être vraiment bonne.

Les trois couples descendirent à la plage et sans faire de manière, ils se plongèrent complètement nus dans l'eau fraîche, avec la pleine lune pour unique témoin.

Après s'être amusés un bon moment, Shion et Kanon furent abandonnés par leurs amis.

- T'as déjà fait l'amour dans la mer ? demanda le cadet des jumeaux en picorant le cou de son homme de petits baisers.
- Je dois avouer que c'est un lieu qui manque à mon palmarès, sourit le Pope en frissonnant délicieusement.

Et sans plus attendre, un sourire espiègle et irrésistible aux lèvres, Kanon l'entraina dans l'eau…

 

Fin.

 

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