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RESURRECTION |
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Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément Auteur : Gajin J'espère que tu aimeras. Bonne lecture... Index : clique sur le numéro du chapitre que tu veux lire : |
Chapitre 4 Le Thé Vert de Shion
Après l'arrivée de Camus, Rhadamanthe était parti rejoindre Kanon, estimant que les deux Chevaliers n'avait plus besoin ni de son aide, ni d'un chaperon. Le Juge et le Gémeau, rassurés de voir le Verseau et le Scorpion parvenir enfin à se comprendre, prirent le chemin des temples. Kanon était soulagé, attendri, heureux… Il avait tellement attendu ce moment, tellement espéré voir son ami connaître le bonheur, qu'il avait l'impression de rayonner. Pour un peu, il serait remonté chez lui en sautillant. A ses côtés, Rhadamanthe… ressemblait à Rhadamanthe. La même démarche calme et élégante. Le même visage détendu et déterminé. – Il va falloir que je me trouve un endroit où dormir, fit le Juge arrivé au tiers de la montée. La moindre des choses que je puisse faire pour eux est qu'ils n'aient pas de spectateurs pour leur première nuit ensemble. – Tu peux venir chez moi, suggéra Kanon. Enfin, chez nous. Enfin au temple des Gémeaux, quoi. Un moment plus tard, Kanon regarda le Juge, troublé. – Comment tu as su ? – Et si, malgré ça, aux yeux de Milo, Aiolia gardait le titre de meilleur ami, c'était qu'il y avait autre chose… je vois. Et pour Camus ? – Et si ça c'était mal passé ? Un peu plus haut sur le chemin, le Gémeau rompit à nouveau le silence. – Tu étais vraiment sérieux ? Rhadamanthe s'arrêta, et fixa le haut des marches. – Tu sais, Kanon… malgré tous les sentiments que j'éprouve à ton égard, si jamais, un jour, tu venais à insulter Sa Majesté… mon premier coup, qui viendrait dans l'instant, tu peux en être sûr, serait porté pour être mortel. Puis, il reprit la montée, alors que le Gémeau restait immobile, trois marches plus bas. – Que… qu'est ce que tu viens de dire ? Le Juge sortit une cigarette qu'il alluma, avant de répondre. – Je t'aime, Kanon. Et il planta là le Gémeau qui ne le remarqua même pas, tant la nouvelle l'avait choqué. – Rhadamanthe ! Rhadamanthe ! Kanon entra en hurlant dans le temple des Gémeaux. Il était essoufflé, et s'accorda une pause de quelques secondes avant de faire une rapide inspection de l'appartement sous le regard pour le moins perplexe de son jumeau. – Kanon ? Tu es sûr que ça va ? L'ex-Marina jeta un regard noir et désespéré en direction de son frère. – Non, du tout. Je crie son nom dans notre temple juste parce que j'aime bien la sonorité… Tu as quoi à la place du cerveau, sérieusement ? Des marshmallows ? Saga préféra ne pas relever. – Il est passé, il y a environ un quart d'heure… il m'a assuré que tout était réglé avec Camus… et il a laissé un message pour toi… – Kanon ! Cette fois, son jumeau était allé trop loin. Saga fit instantanément valoir son statut d'aîné. – Cela suffit ! Tu vas t'asseoir et te calmer ! ordonna-t-il à son cadet. Kanon avait envie de tuer son jumeau, de lui arracher la langue, de l'étrangler pour qu'il avoue enfin. Mais il céda quand même. Saga était un être borné : même sous la torture, il était bien capable de ne rien révéler. Une fois son frère installé dans le canapé, l'ancien Pope se posa face à lui. – Maintenant, tu vas m'expliquer ce qui se passe. Par Athéna… Si Kanon commençait à régresser, la situation était grave. L'aîné des Gémeaux vint s'asseoir à côté de son frère. – Très bien. Il m'a dit de te dire qu'il ne fallait pas que tu t'inquiètes, qu'il allait laisser un mot chez Milo et qu'il passerait la nuit dans un des lits de l'infirmerie, au Palais. Kanon se prit la tête à deux mains. – Milo et Camus sont ensemble. Rhadamanthe veut leur laisser le temple du Scorpion… Le cadet eut un petit rire fatigué. – Pourquoi pas après tout… je ne suis plus à ça près. Tu aurais un conseil pour un type qui vient d'apprendre qu'un des Juges des Enfers est amoureux de lui ? Saga mit un petit moment à réaliser… – Attends, tu veux dire que Rhadamanthe… Long silence. L'aîné des Gémeaux regardait son frère qui semblait totalement désemparé. Cela lui faisait mal de voir Kanon dans cet état. Depuis leur retour, le cadet avait toujours été le plus solide… Saga voulait vraiment rendre à son frère tout le soutien qu'il lui avait témoigné. Faire quelque chose pour lui. Parce que c'était son frère. Parce qu'il l'aimait. – Bon. Procédons par étape. D'abord, qu'est ce que tu ressens pour lui ? Hyoga avait passé une très mauvaise nuit. Renvoyé dans le temple du Verseau par un Dohko qui avait cornaqué toute la chevalerie sans prendre de pincettes, il était resté seul à se ronger les sangs durant toute la soirée. Shun et Ikki étaient bien restés un moment avec lui, mais le Phoenix avait fini par ramener de force son frère chez les Poissons. Andromède s'endormait à moitié sur le canapé et il était hors de question qu'il passe une nuit hors de son lit. Le Cygne avait donc vu ses amis le quitter, et passé la nuit à attendre Camus. Hyoga avait confiance en son Maître. S'il avait été jusqu'à frapper Rhadamanthe, il devait avoir une bonne raison. Qui impliquait nécessairement la sécurité du Sanctuaire, ou peut-être même celle d'Athéna. Camus avait été l'espion du Pope. Il était tout à fait probable qu'il ait remarqué des détails qui auraient pu échapper aux autres. Milo avait beau être un Chevalier fantastique, on ne pouvait pas le qualifier d'être le plus clairvoyant… Quant à Kanon, si le Cygne, lui faisait confiance pour gérer le cas du Juge au moindre problème - ne l'avait-il pas déjà pas battu en combat singulier ?-, il ne le connaissait que peu. Il fallait tout de même prendre en considération le fait que le Gémeau avait réussi à manipuler un Dieu, et tous les Généraux de Poséidon. Si quelqu'un s'y connaissait en trahison et complot, c'était bien lui. Il comprendrait les signes aux premiers mots du Verseau, c'était évident… Du moins le Cygne l'espérait-il… Si lui, Hyoga, était là et non aux côtés de Camus, c'était uniquement par respect envers la Balance. Dohko les avait toujours guidés avec sagesse. Il lui faisait confiance. De toute façon, Athéna ne laisserait rien arriver à l'un de ses Chevaliers… Lorsqu'il ouvrit les yeux, le lendemain matin, il réalisa qu'il s'était endormi sur le canapé. Il n'avait donc pas entendu le Verseau rentrer… Il se précipita dans la chambre. Le lit de Camus était vide. Le lit de Camus n'était même pas défait. Il se précipita hors de son temple. Dans le temple des Poissons, Ikki faisait ses exercices de mise en forme matinaux, en attendant tranquillement que son frère se réveille. L'arrivée tonitruante de Hyoga le dérangea fortement. Qui était l'imbécile qui avait décidé de mettre les temples du Verseau et des Poissons côte à côte ? -Shun ! Shun ! Il faut que tu m'aides ! hurla le Cygne en entrant. Deux secondes plus tard, Andromède sortait de la chambre en tee-shirt et caleçon. Hyoga se précipita sur lui. – Camus n'est pas rentré ! Je suis certain qu'il lui est arrivé quelque chose ! Il faut m'aider à le retrouver ! Je me fais un sang d'encre ! Shun eut un regard réprobateur en direction de son frère et reporta son attention sur son ami. – Je suis sûr qu'il va bien… On l'aurait senti si quelque chose lui était arrivé… Le temple du Scorpion semblait mort. Le Cygne y pénétra comme une fusée, suivit par les deux frères. – Maître ! Maître ! Pas la moindre trace du Verseau… Ni dans le salon, ni dans la cuisine, ni dans… Hyoga s'arrêta net sur le seuil de la chambre. Camus gisait, inerte, dans le lit du Scorpion. Le Cygne refusait d'y croire. Son Maître… était mort… – Qu'est ce que tu veux, gamin ? Hyoga se tourna en direction de la salle de bains. Milo, adossé contre le montant de la porte, le regardait, les bras croisés. Comment pouvait-il… ? Comment avait-il pu… ? – C'est quoi tout ce…, fit une voix ensommeillée. Hyoga ? Qu'est ce que tu fais ici ? Le Cygne se jeta au cou du Verseau qui s'était assis sur le lit, les draps cachant en partie sa nudité. – Vous n'êtes pas rentré… je croyais vous avoir perdu… je croyais que Rhadamanthe… je croyais que vous étiez mort…, sanglota-t-il. Camus soupira et prit son disciple dans ses bras. – Je suis là, Hyoga. Tout va bien. Milo explosa de rire à la remarque du Phoenix et aux joues, rouges de honte, de Shun qui avait parfaitement compris les sous-entendus de son frère. – Bon, allez ! Café pour tout le monde ! C'est moi qui régale ! Par contre, au salon les gosses, et plus vite que ça. Le spectacle de mon Camus, dans mon lit, ce n'est pas de votre âge. Andromède vira au cramoisi. Alors que les trois bronzes quittaient la pièce, Milo s'approcha du lit, s'assit sur le bord et passa tendrement une main sur la joue de Camus. – Bien dormi ? Le Verseau avait fermé les yeux pour savourer la caresse du Scorpion. – J'aurais préféré me réveiller dans tes bras, finit-il par répondre. Camus grimaça. – Il faudra que j'aille présenter des excuses à Rhadamanthe… Le Verseau embrassa son Scorpion. – Du tout, Milo. Simplement, je ne suis pas certain de pouvoir te rendre la pareille… Le Juge releva les yeux de son journal, pour découvrir un Gémeau, debout au milieu de la bibliothèque du Palais, dans une des tenues qu'ils avaient achetées à Venise. – Première nouvelle, fit-il en reprenant sa lecture. Le Chevalier n'en croyait pas ses yeux. Il ne savait même plus quoi dire. Le Juge soupira, replia son journal et se servit une tasse de thé. – Qu'est-ce que tu me veux ? Assied-toi tant qu'à faire…, soupira-t-il en lui désignant un siège. Rhadamanthe haussa un sourcil. – Ça m'étonnerait. Mais ce Juge était une vraie tête de mule, ma parole ! Comment faire… ? La méthode directe n'avait pas fonctionné. Toutes les autres stratégies d'approche que le Gémeau passait en revue lui semblaient ridicules. Au bout d'un moment, Rhadamanthe reposa sa tasse et se leva. Avant de sortir de la pièce, il se retourna. – Saga, tu diras à ton frère que s'il veut s'expliquer avec moi, il n'a qu'à venir lui-même. Le Juge leva les yeux au ciel. – Comme si vous vous ressembliez…, cracha-t-il, d'un air dégouté. Et il passa la porte. Entendant des voix en provenance du salon du Scorpion, Rhadamanthe hésita un instant avant d'entrer sans frapper. Il ne voulait pas déranger Milo et Camus, mais puisqu'ils n'étaient pas seuls… Dans la pièce, les cinq Chevaliers discutaient tranquillement autour d'un café. L'ambiance semblait agréable et détendue. – Rhada ! Un sourire éclatant du Scorpion accueillit le Juge. Milo semblait radieux. Cela réchauffa le cœur de l'Anglais : il avait réussi la mission que lui avait confiée sa Reine. Une des missions. C'était une excellente chose. Camus, de son côté, s'était levé et se tenait debout devant Rhadamanthe. – Je vous demande de me pardonner mon attitude d'hier… Je n'ai aucune excuse pour vous avoir frappé. J'espère seulement que cela n'entachera pas les relations entre le Sanctuaire et les Enfers. Deux regards impénétrables s'affrontèrent un moment. – Ton geste est déjà oublié. Inutile de demander pardon pour une chose aussi insignifiante. En revanche, pour ce qui est du reste... Quelque soit l'amitié que je porte à Milo, je n'hésiterai pas une seconde. – Qu'est ce que c'est que cette histoire ? s'inquiéta le Scorpion. Milo fit passer Rhadamanthe à la cuisine pour avoir un peu d'intimité. L'attitude du Spectre inquiétait le Chevalier. Le Juge n'était pas fondamentalement différent de d'habitude mais quelque chose clochait. Un visage peut-être légèrement plus fermé… Pour avoir observé Camus durant des années, le Scorpion était particulièrement attentif à ce genre d'impression. Une fois entré, Rhadamanthe s'appuya contre l'évier la tête basse. – Je lui ai parlé. Milo se doutait bien que Kanon ne s'était pas jeté au cou du Juge pour l'assurer de son amour éternel : si tel avait été le cas, Rhadamanthe ne se serait pas tenu là, devant lui, avec cette mine affreuse. – Et rien. Enfin, si. Saga a débarqué ce matin, déguisé, pour me faire avouer je ne sais quoi… Le Juge semblait sur le point d'exploser. Il se contenait avec la plus grande difficulté, ses mains agrippant le rebord. – Ce n'est pas surprenant de la part de Kanon, tu sais… Enfin, je veux dire, il a dû prendre un peu peur, se poser des questions… Il a dû demander à son frère un coup de main. C'est une attitude de gamin, je sais, mais… On a tous un peu le même genre de soucis, hein. Sentimentalement, la maturité, c'est pas trop notre truc. Rhadamanthe attrapa une tasse, qui séchait juste là et qui n'avait rien demandé à personne, et la balança contre le mur, dans un geste de rage pure. L'instant d'après, la cuisine était envahie par quatre Chevaliers qui venaient aux nouvelles. En les voyants, le Juge prit une grande respiration et reprit le contrôle de ses émotions. – Désolé pour la tasse. Je crois que j'avais juste besoin de… laisser éclater ma frustration. Merci de m'avoir écouté, Milo. Et bonne journée à tous. Il quitta la pièce, Milo sur les talons. – Où est-ce que tu vas ? Dans leur bureau commun, Shion et Saga prenaient une pause. La pile des dossiers à étudier était toujours aussi haute, mais le Pope était épuisé. Après une longue discussion, le Gémeau avait fini par le convaincre en lui faisant remarquer qu'ils perdaient plus de temps à parlementer qu'à discuter des problèmes du Sanctuaire autour d'un thé. Le grand Pope avait souri et accepté de se rendre à l'avis du plus jeune. Shion appréciait la présence de Saga à ses côtés. Le Gémeau était beaucoup plus posé que la Balance et semblait mieux comprendre que gérer un sanctuaire, même en temps de paix, exigeait beaucoup de travail. – Vous avez vraiment une sale tête, fit Saga. La voix de Dohko était lourde de reproches, à peine voilés par un cynisme mordant. – Shion avait besoin d'une pause, il était très fatigué, tenta Saga. Rhadamanthe prit une grande respiration et frappa à la porte des appartements des Gémeaux. Saga était encore au palais… Kanon devait être seul. S'il était bien là. – Rhadamanthe ? Qu'est ce que… ? Rhadamanthe retenait la porte d'une main. Le Gémeau poussa un soupir et disparut à l'intérieur, la laissant ouverte. Le Juge le suivit. Il se sentait mal. Il ne maîtrisait plus rien. Les choses lui échappaient… Kanon, quant à lui, s'était adossé contre un mur, tête baissée, bras croisés. – Qu'est ce que tu veux ? finit-il par demander en relevant à peine le regard. Les mots de Kanon le blessaient profondément. Oh, il n'avait guère espéré. Que Kanon partage ses sentiments… cela relevait de l'utopie. Et quand bien même, une relation entre eux n'avait que peu de chance d'aboutir. A tout cela, il était préparé, ou du moins le croyait-il. Mais que le Gémeau méprise à ce point ce qu'il éprouvait… Il sentait sa peine se muer en colère, sous l'influence de son orgueil… – Bien sûr que si, voyons, continua, implacable, le Gémeau. Tu crois qu'on déclare ce genre de chose, et qu'on se contente de partir, sans rien dire ? Sans rien faire ? Mais d'où est-ce que tu débarques ? Tu n'as jamais été avec personne pour croire que les choses fonctionnent de cette manière ? Non, il n'avait jamais été avec personne. Pas comme ça. Rhadamanthe n'avait jamais été amoureux. Rhadamanthe n'avait jamais éprouvé le besoin de se lier avec quelqu'un. Il avait sa Reine. Personne n'avait réussi à se faire une place à ses côtés dans le cœur du Juge, mis à part, peut-être, Hadès. Personne avant Kanon. Mais ce n'est pas le genre de choses qu'on avoue facilement. Surtout pas à l'homme qui vous rejette. – Et puis quoi, à la fin ? Tu n'as jamais rien fait pour que j'y croie ! Tu te contentes de me dire « Je t'aime » et c'est tout ? Je fais quoi, moi ? Comment je sais que tu es sérieux ? Kanon s'emportait à présent. Pourquoi ? Qu'avait-il dit ? Il parlait de lui, de la manière dont il devait réagir, qu'il ne savait pas… Rhadamanthe décida de jouer le tout pour le tout. Quoiqu'il arrive à présent, dans une heure, il quitterait le Sanctuaire. Il n'avait plus rien à perdre. Il s'avança vers le Gémeau qui le regardait à peine, perdu dans son délire. Kanon parlait, Kanon argumentait, Kanon s'expliquait à l'aide de grands gestes. Mais Rhadamanthe n'écoutait pas. Rhadamanthe n'entendait rien. Rhadamanthe se contenta d'attraper le Gémeau par la taille, de l'attirer contre lui, de placer une main derrière sa nuque et de l'embrasser. Avec violence. Avec tendresse. Avec désir. Avec retenue. Passionnément. Le Juge était conscient du fait qu'il n'aurait pas d'autre occasion de montrer à Kanon l'étendue et la profondeur de ce qu'il éprouvait. Parce qu'il n'avait pas les mots. Il n'avait que ce « Je t'aime » que le Gémeau ne savait pas interpréter. Que ce « Je t'aime » et ce baiser. Un long moment plus tard, Rhadamanthe rompit le contact. Kanon le regardait, estomaqué. – C'était quoi ça ? demanda-t-il au Juge en reprenant son souffle. Est-ce que cela suffirait ? Le Juge n'en avait pas la moindre idée. Il se sentait en danger. Jamais il n'aurait pu imaginer que cette histoire le déstabiliserait autant, que ses sentiments pour Kanon prendraient autant de place… Il pensa à Perséphone et son cœur se serra. Il quitta la pièce en s'obligeant à garder la tête haute, le regard droit, fier et sûr de lui. Il était un des Trois Juges, après tout. Il avait un rang à tenir. Kanon, lui, ne savait plus où il en était. Les Chevaliers, dans leurs armures, entouraient Saori. L'image était saisissante. Toute la chevalerie était là. Sauf Kanon. Le second Gémeau avait apparemment choisi de ne pas participer à la cérémonie. Sa réponse était claire. Rhadamanthe leva son regard vers le ciel et secoua la tête, son casque coincé sous son bras. Les choses étaient peut-être mieux ainsi. Il avait tant à faire. Il n'avait pas le temps pour ce genre d'histoire. Toute son attention serait concentrée sur les objectifs de Sa Majesté. Tout serait plus simple à présent. Le Juge fit quelques pas et se retourna, pour s'agenouiller devant Athéna. – Rhadamanthe de la Wyverne, Juge des Enfers… Ton séjour parmi nous a empli mon cœur de joie. Tu es la preuve vivante que nous pouvons nous comprendre, que nous pouvons attendre beaucoup de bien d'échanges entre nos sanctuaires. Lorsque la proposition de ma cousine est venue à mes oreilles, j'avoue avoir été dubitative. Mais je dois reconnaître, aujourd'hui, qu'elle a agi avec raison. Aussi, je te charge de l'avertir que je me range à son avis et que, bientôt, j'enverrai à mon tour un émissaire aux Enfers. Pars en paix, Rhadamanthe. Ton devoir a été accompli. Il fit une sobre révérence. Il aurait certainement pu faire un discours plus solennel, mais il n'en avait pas la force. Il souhaitait juste que tout ce cérémonial se termine rapidement pour qu'il puisse retourner auprès de sa Reine. Athéna s'inclina légèrement, lui signifiant qu'il pouvait se retirer. Les Chevaliers le saluèrent à leur tour. Rhadamanthe prit sa valise et partit. – Attendez ! Le Juge se figea et reporta son attention sur les marches. Kanon courait, sac à dos sur l'épaule. Il se jeta aux pieds d'Athéna. – Autorisez-moi à l'accompagner, s'il-vous-plait… Saori posa une main sur l'épaule de son Chevalier qui releva des yeux emplis d'appréhension vers sa Déesse. – Je vous en prie… Athéna sourit. – Et bien soit, mon Chevalier… Kanon des Gémeaux, reprit-elle d'une voix forte, je te nomme mon émissaire aux Enfers. C'est toi qui porteras ma réponse à Perséphone. Je te laisse seul juge de la durée de ta mission. Tu as toute ma confiance. Le soulagement, la reconnaissance et l'amour que Kanon ressentit à ce moment-là pour sa Déesse faillirent faire exploser son cœur. C'est un visage rayonnant qu'il lui offrit en réponse. Il se releva, se dirigea vers son frère dont il prit la main, pour lui signifier tout son amour. Il eut un sourire pour Milo, un regard pour Aphrodite, et salua d'un petit geste le reste de la Chevalerie. Finalement, il calla son sac sur son épaule et s'avança vers Rhadamanthe. – Tu es sûr de toi ? Il n'y avait pas la moindre trace d'émotion dans la voix du Juge, qui fixait pourtant Kanon avec intensité. Le Gémeau détourna le regard un instant, avant de replonger ses yeux dans ceux de Rhadamanthe. – Absolument pas. Mais j'ai l'impression que si je reste ici, je n'aurais jamais l'occasion de savoir si j'ai envie de nous laisser une chance ou non. Fin de la première partie. A suivre...
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