RESURRECTION

 

 

 

 

Disclaimer : tout l'univers de Saint Seiya que tu reconnaîtras aisément
appartient à Masami Kurumada. L'auteur ne retire aucun bénéfice si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue.

Genre
: romance/amitié/intrigue.

Rating
: interdit au moins de 18 ans.

Note
: nombreux couples principalement Yaoi.

Auteur : Gajin

J'espère que tu aimeras. Bonne lecture...

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Chapitre 8

Le Thé Blanc de Shaka

 

Le Sanctuaire d'Athéna baignait dans la chaleur étouffante et caractéristique des étés grecs. Le soleil écrasait de ses rayons chaque pierre, chaque plante, et aucun vent en provenance de la mer ne semblait avoir le courage de s'opposer à sa volonté. Les constructions antiques semblaient flotter tels des mirages, surgies d'un lointain passé que l'astre solaire ramenait à la vie au gré d'une illusion dont lui seul a le secret. Dans cette atmosphère brûlante, trois silhouettes se détachaient. La plus petite, la plus fine, laissait deviner une robe qui l'enveloppait, lourde et pesante, pour s'écraser sur le sol. De chaque côté, deux armures, l'une sombre aux reflets d'améthyste, l'autre d'or pur, semblaient la protéger.

– Je vais voir vous si tout le monde est prêt pour vous accueillir… Vous m'attendez ici ?
– Bien sûr. C'est toi qui es le plus au fait des habitudes de ma cousine.
– Je n'en aurais pas pour longtemps….

Et l'armure d'or s'élança en direction des temples, abandonnant là ses deux compagnes.

********************

Perséphone se tourna vers Rhadamanthe. Le Juge avait l'air troublé.

– Le retour en ces lieux te perturberait-il, mon Rhada ?
– Un peu… J'espère que Milo va bien.

Le regard de l'Anglais se perdait vers les maisons, cherchant la huitième, comme pour se rassurer.

– Tu l'apprécies vraiment ce Chevalier du Scorpion, n'est ce pas ?
– Je vous l'ai dit… Il me fait penser à vous. Le côté surexcité en plus, évidemment.
– Tu veux dire que je suis… « moins » que ce Milo ? le taquina-t-elle.
– Majesté… Vous savez bien que personne ne peut vous dépasser ou même vous égaler, à mes yeux.
– Pas même Kanon ? demanda-t-elle, espiègle.
– Vous êtes une Déesse. Il est un être humain. Vous comparez n'aurait aucun intérêt. Et, si je le faisais, la victoire vous serait assurée. Même si Kanon est le meilleur humain que je connaisse. Même si je l'aime.

La Déesse serra tendrement la main de son Juge dans la sienne.

– J'espère vraiment que vous aurez le temps de vous retrouver. J'aimerais te voir heureux, Rhada.
– Quand tout sera fini, je vous demanderai peut-être de m'accorder quelques jours de vacances…
– Considère-les comme acquis.

Rhadamanthe lui sourit, pour la remercier. Quand tout serait fini… il jeta un coup d'œil derrière lui et poussa un long soupir, conscient de toute la futilité de ce geste. Ils avaient laissé à Valentine la direction du Château, et le Juge était véritablement inquiet pour la Harpie. Mais ce n'était pas dans ce chemin rocailleux qu'il trouverait des réponses à ses questions.

– Tout ira bien, Rhada… le rassura la Déesse, comprenant encore une fois parfaitement son Juge.
– J'aimerais avoir votre assurance.
– Je suis certaine que Valentine s'en sortira très bien. Il est intelligent et il peut s'appuyer sur Sylphide, Queen et Gordon.
– A qui nous avons donné l'ordre de nous renier, si les choses dégénèrent. De quoi me rassurer, vraiment.
– Il faut que tu arrives à déléguer, Rhada. Que tu apprennes à leur faire vraiment confiance…
– Oh, mais ce n'est pas un problème de confiance… J'ai une totale confiance dans les capacités de Minos à déclencher une révolution. C'est moi qui devrais être là-bas, prêt à prendre les mesures qui s'imposeront.
– Tu as peur pour Valentine… et les autres, murmura-t-elle, comme si elle en prenait conscience.
– Evidemment ! Face à Eaque et Minos… J'espère que ces deux là les croiront, quand ils nous abjureront. Ils n'ont pas à payer pour nos choix…
– Mes choix, Rhadamanthe. Même si tu me soutiens de manière inconditionnelle, je suis la seule responsable. Et s'il leur arrive quelque chose, ce sera à moi, et à moi seule, de porter le poids de cette faute. Tu m'entends ? Même s'il arrive le pire, je ne veux pas que tu t'en veuilles. Je suis prête à tout sacrifier, Rhada. Je ne te laisserai pas l'honneur de porter ce poids.
– L'honneur, vraiment ?
– Tu me connais, j'ai un orgueil démesuré… Je ne plaisante pas, Rhada. Je ne veux pas que tu te préoccupes outre mesure des Enfers. Inquiète-toi, si tu veux… mais pas trop. J'ai besoin de toi ici. Je ne les connais pas, moi, ces Chevaliers, mis à part Kanon évidemment. Je connais ma cousine, par contre. Elle peut être très bornée. Et je vais avoir besoin, d'une manière ou d'une autre de l'appui de ses protecteurs, ou au moins de leur bienveillante indifférence.

********************

Le Gémeau se dirigeait vers le Sanctuaire. Cette idée lui réchauffait le cœur. Il rentrait chez lui. Il allait retrouver sa Déesse, son frère et ses amis. Et il revenait avec Rhadamanthe, un homme qui l'aimait, plus que tout ou presque. Un homme bien, loyal et fidèle. Dont le caractère n'était certes pas facile… mais qui oserait lui en vouloir de s'emporter en considérant ce qu'il traversait ? Kanon y avait réfléchi… Il préférait encore les colères à la dépression. Même s'il ne méprisait pas les dépressifs, le Gémeau devait accepter le fait qu'il ne savait pas les gérer – considérant les succès proches du néant qu'il avait connus quand il s'occupait de Milo. Au contraire, il arrivait à calmer Rhadamanthe… C'était un point positif.

– Kanon !

La voix de Kiki le tira de ses pensées. Le cadet des Gémeaux aimait bien ce gamin, souriant, vif, intelligent… et qui était assis en haut d'une colonne et lui faisait de grands signes.

– Qu'est ce que tu fais là ?
– Bah, il fallait quelqu'un pour prévenir de votre arrivée, et comme tout le monde boude, c'est retombé sur moi.
– Tout le monde… boude ? releva Kanon en haussant un sourcil.

Qu'est ce que c'était encore que cette histoire ? Shaka bouder ? Mû bouder ? Camus bouder ? Oui, enfin, c'était toujours possible qu'ils se soient levés du pied gauche mais… tous en même temps ?

– Bah, tu verras par toi-même. Rien ne vaut le plaisir de la découverte, fit le petit Atlante en sautant de son perchoir. De toute façon, tout le monde sera là. Athéna va sortir le grand jeu, pour ses invités. D'ailleurs, il faut que je file les avertir ! Tu nous donnes… une petite demi-heure et on sera prêt à vous recevoir. Ah oui, j'oubliais ! Saori m'a dit de te dire que, compte tenu que tu serviras de lien entre eux et nous, bah, elle sera plus souple avec toi à propos du couvre-feu.

– Le couvre-feu ?
– Je te l'ai dit que tu aurais des surprises…

Kiki disparut.

Quand il revint vers Rhadamanthe et Perséphone, le Juge et la Déesse étaient en pleine conversation. La Wyverne tentait de faire un rapide portrait de tous les résidents du Sanctuaire… et la liste était longue.

– Je ne veux pas vous inquiétez…, fit Kanon en s'approchant, mais j'ai l'impression qu'il s'est passé des choses étranges durant notre absence, Rhadamanthe…
– Comment cela ? demanda le Juge, très soucieux.
– Je ne sais pas… Kiki n'a rien voulu me dire. Il veut me faire la surprise… Ce gosse est charmant. Pas très au fait des usages diplomatiques, mais charmant. Après la fête, je vous abandonnerai un moment, histoire de me renseigner.

********************

Quand, une demi-heure plus tard, ils se présentèrent tous les trois devant la Chevalerie au quasi-complet et une Athéna éblouissante, ils sentirent immédiatement qu'il y avait un problème. Une partie des Chevaliers ignorait consciencieusement l'autre, la plupart des visages étaient creusés par la fatigue et l'amertume, les échanges ne consistaient qu'en quelques murmures qu'on devinait peu cordiaux. Quand Kanon quitta Rhadamanthe et Perséphone pour rejoindre ses pairs, il sentit presque de l'hostilité. Il eût le sentiment qu'elle n'était pas, a priori, dirigée contre lui, mais plutôt une sorte de résidu de l'ambiance générale. Parmi les Chevaliers d'Or, il n'y avait guère que Milo, Aiolia et Aldébaran qui avaient l'air de bonne humeur. Ou de moins mauvaise humeur que les autres. Ça promettait. Du côté des Bronzes, l'arrivée de Perséphone ne semblait réjouir personne. Marine et Shina, quant à elles, avaient choisi de porter leur masque – qu'Athéna avait rendus facultatifs peu après la résurrection – et elles restaient donc parfaitement indéchiffrables.

Devant l'assemblée des Chevaliers et de la Déesse, Rhadamanthe posa un genou à terre. La Reine des Enfers s'inclina.

– Athéna…
– Perséphone…, la salua sa cousine, restée droite comme la Justice. Que me vaut l'honneur de ta visite ? Même si ta lettre m'a pratiquement ordonnée de t'accueillir…

Le ton de la Déesse était clairement agressif.

– Je m'en excuse, chère cousine. Mais je tenais m'entretenir en personne avec toi de questions d'une importance cruciale.
– Chère cousine ? releva Athéna. L'heure doit être grave, en effet, pour que tu…

Perséphone poussa un grand cri. Aphrodite et Shun venaient d'arriver, bons derniers – probablement un moyen trouvé par le Poisson pour exprimer un quelconque ressentiment envers sa Déesse si on en croyait son visage fermé – sur l'esplanade. La Reine se précipita vers eux. Elle regardait le Chevalier d'Andromède, tremblante, les larmes aux yeux. Elle tendit une main vers lui… qu'Ikki éloigna de son frère, d'un geste brusque qui fit trébucher la Déesse.

– Je vous interdis de le toucher ! Je vous interdis de vous approcher de lui !

Le cosmos du Phoenix flamboyait, soutenu par celui de Hyoga… bientôt suivi par ceux de tous les Chevaliers présents. Rhadamanthe s'était porté aux côtés de sa Déesse, et l'avait pris dans ses bras.

– Ce n'est pas Hadès, Majesté…, lui murmura-t-il presque à regret.

Perséphone releva vers lui un regard perdu et désespéré.

– Il lui ressemble tellement… Il y a même des traces de son cosmos…
– Je sais… je sais…

Il la serra encore davantage contre lui. Puis reporta son attention vers Athéna, ignorant superbement l'agressivité manifeste de toute la Chevalerie, à l'exception, évidemment, de Kanon qui tentait de rassurer ses pairs.

– Serait-il possible, Déesse, de remettre ces échanges à plus tard  et de permettre à ma Reine de se reposer ?
– J'imagine de toute façon que nous n'avons pas le choix. Milo ! Conduits-les jusque chez toi, comme il a été décidé. Nous nous retrouverons pour le dîner, au Palais. J'espère que ma cousine sera alors en pleine possession de ses moyens…

Le mépris flagrant dans la voix d'Athéna fit bouillir le sang de Rhadamanthe. Mais il n'avait pas le droit de le manifester… Comme lors de sa dernière visite, il allait devoir prendre sur lui. Et puis, de toute façon, seule Perséphone comptait à ce moment. Perséphone qu'il tenait, effondrée, dans ses bras.

Alors que Rhadamanthe, sa Reine dans ses bras, commençait à grimper les escaliers en compagnie du Scorpion, et que les Chevaliers regagnaient eux aussi leur temple, Kanon profita de l'occasion pour « aller à la pêche », selon sa propre expression.

– Aphro !

Le Chevalier des Poissons se retourna vers le cadet des Gémeaux, visiblement contrarié.

– Excuse-moi, Kanon, mais je n'ai pas le temps, là.
– Je veux juste que tu prennes cinq minutes pour m'expliquer ce… ce foutoir. Je pars à peine quelques jours et, quand je reviens, je me retrouve en pleine guerre de tranchées.
– Cinq minutes, pas plus. Athéna a consigné tous les Chevaliers d'Or dans leur temple respectif à la nuit tombée, sous prétexte qu'il fallait donner une bonne image à Perséphone, et j'aimerais bien passer quelques heures avec Angie, moi.

Le Poisson prit une seconde pour se masser les tempes afin de remettre ses idées en place.

– Bon… par où commencer ? D'abord, je suis désolé d'avoir laissé la situation dégénérer à ce point, mais c'est la faute de Shura…

Les révélations d'Aphrodite avaient passablement énervé Kanon. La Chevalerie d'Athéna était en réalité une bande de demeurés et le Sanctuaire un asile. Ce n'était pas possible autrement. Il comprenait merveilleusement bien ce que Rhadamanthe avait pu ressentir en se rendant compte que la situation avait dégénéré lors de son absence aux Enfers – une chose à porter au crédit de ses pairs, sur leur épitaphe. Les choses étaient moins critiques, ici… quoique. Kanon connaissait ses confrères. S'ils ne tenteraient pas de renverser Athéna – ça, ils avaient déjà donné –, ils seraient bien capables de se battre comme des chiffonniers. Et Perséphone n'avait vraiment pas besoin de ça. Et le pire, c'était qu'il allait devoir avoir des mots avec Saga… Non vraiment, l'après-midi promettait d'être merveilleuse…

– Salut Mû ! Ne t'occupes pas de moi, je ne fais que passer.
– … Kanon ?

La toute petite voix du Bélier eut raison de l'empressement du Gémeau, qui s'arrêta et revint sur ses pas.

– Oui ?
– Je suis content que tu sois revenu… ton frère n'a pas l'air d'être au mieux de sa forme, je suis certain que ça lui fera un bien fou de te revoir.
– J'ai comme un doute… mais et toi ? Ça va ?
– Oui, oui…

Mû avait de grosses cernes sous les yeux. Ses cheveux étaient en désordre. Sa cape était froissée. Et il n'arrivait pas à soutenir le regard de Kanon plus de deux secondes consécutives.

– Effectivement, ta forme olympique m'éblouit… Qu'est-ce qu'il y a ?
– Rien… Juste que... Enfin, tu as déjà dû te rendre compte de l'ambiance qui règne au Sanctuaire… ça doit me perturber un peu… Mais ne t'inquiète pas pour moi… J'irais peut-être me reposer à Jamir quand Perséphone nous aura quittés… Je ne te retiens pas plus longtemps, je suis certain que tu as beaucoup à faire…

Et le Bélier regagna rapidement l'intérieur de son temple. Décidément, il fallait vraiment que le Gémeau agisse. Et avant d'agir, il devait comprendre exactement de quoi il retournait. Il accéléra le pas.

– Aldébaran, Chevalier d'Or du Taureau ! Viens ici immédiatement et dis-moi ce que tu vois !
– Notre cuisine ?
– NON ! Il ne s'agit pas d'une cuisine ! C'est un champ de ruines ! Le résultat d'un désastre ! Un monde post-apocalyptique ! Alors tu vas m'expliquer !
– J'ai voulu te faire un gâteau. Celui que tu aimes avec la meringue et le citron.
– …
– Regarde. Le truc vaguement blanc, là, c'est ma tentative de meringue… cuisant échec, je le reconnais. Et ça... c'est sensé être des restes de ce qui aurait dû être des citrons, dans une autre vie… Et dans le verre, là, ce que j'ai récupéré de jus. J'aurais pu utiliser un dé à coudre, ça aurait fait moins de vaisselle…
– … Aldé ?
– Oui, mamour ?
– Tu sais que je t'aime, toi ?

********************

– Saga ! rugit Kanon en pénétrant dans le temple des Gémeaux.
– Je peux savoir ce qui te prend ? demanda son frère.
– C'est plutôt à moi de te poser cette question ! C'est quoi cette histoire avec Shion ?
– Quelle histoire avec Shion ?
– Ne me prends pas pour un imbécile ! Je viens de parler avec Aphro !

L'aîné rentra involontairement la tête dans les épaules. Il allait passer un sale quart d'heure… Il était bien persuadé que Kanon finirait par apprendre sa relation avec le Pope, mais il avait espéré avoir plus de temps pour préparer ses réponses. Pris au dépourvu, il adopta une tactique vieille comme le monde : la meilleure défense avait toujours été l'attaque.

– Ce ne sont pas tes affaires ! Ma vie ne regarde que moi ! Je ne me mêle pas de la tienne que je sache ! Je ne m'occupe pas de tes escapades avec ton Juge et sa copine !

Kanon était encore suffisamment lucide pour ne pas tomber dans le panneau. Il décida donc de faire comme si les deux dernières phrases de son frère n'avaient jamais été prononcées.

– Il ne s'agit pas de ta vie ! C'est celle de Shion et celle de Dohko que tu es en train de foutre en l'air ! Et tu n'es même pas amoureux de lui, Saga !
– Qu'est ce que tu en sais ?
– Je le sais parce que je te connais, abruti ! Je sais que ce n'est pas lui que tu aimes !
– Mais… mais… Mais il est avec Shaka !

Kanon ne réussit même pas à rester en colère. Le visage de son frère était ravagé par le chagrin. Tout ce qu'il put faire fut d'aller le prendre dans ses bras.

– De toute façon, murmura Saga, la tête contre le torse de son jumeau, même s'il n'y avait pas Shaka… je suis trop vieux… et puis il y a tout ce que j'ai fait, tous mes crimes… Il ne pourra jamais m'aimer… Je ne sais même pas comment il a pu me pardonner.

********************

NE PAS DERANGER

PS : Si vous tenez vraiment à attaquer le Sanctuaire, veuillez patienter jusqu'aux horaires du couvre-feu imposé par Athéna. Soit 22h30. Merci d'avance.

Signé : D.M.

********************

– Aiolia ?
– Oui, ma chérie ?
– Tu peux venir me donner ton avis sur ces robes ?
– Mais tu ne m'avais pas dit qu'il ne fallait pas que je la voie, ta robe ?
– Non mais c'est bon. Tu me donnes juste ton avis sur quelques modèles. Je choisirai après, et tu ne me verras pas dedans. Tu ne saurais même pas laquelle je porterai. Il n'y aura pas de problèmes.
– Tu es sûre ? Parce que les malédictions, hein… c'est pas que j'y crois, mais je préfèrerais éviter…
– J'en suis sûre.
– Bon alors, montre-moi… OUH ! Je suis certain que tu serais absolument divine là-dedans, mon cœur…
– Pour la cérémonie ?
– Euh… non. En effet.
– Je me disais bien aussi… La lingerie pour la nuit de noces, on verra plus tard…

********************

En entrant dans le temple de la Vierge, Kanon prit quelques instants pour se calmer. Cela ne servirait à rien d'agresser Shaka. Même s'il en avait très envie. Il avait déjà passé une heure à consoler son frère, il n'avait pas besoin de braquer la Vierge et de risquer de perdre encore du temps – bien que consoler son frère adoré ne soit pas une perte de temps en soi, hein… loin de là.Une fois qu'il eût à peu près repris le contrôle de lui-même, il s'avança pour découvrir l'Indien en pleine médiation.

– Shaka ?

Aucune réaction. Calme… rester calme…

– Shaka !

Ce n'était pas être calme ça… tant pis.

– Que me veux-tu, Kanon des Gémeaux ? Pour quelle raison viens-tu interrompre ma méditation de manière si peu opportune ?
- "Tu vas voir ce que c'est qu'une manière peu opportune, si tu continues comme ça…"

Heureusement, la réflexion du Gémeau ne franchit pas la barrière de ses lèvres.

– Pourquoi est-ce que tu sors avec Mû ?
– Je ne vois pas en quoi cela te concerne, rétorqua la Vierge d'un air pincé.
– Tu as raison… je le reconnais. En réalité, ce qui m'intéresse c'est juste d'avoir la confirmation du fait que tu n'es pas amoureux de lui. Et de savoir s'il est amoureux de toi ou non. Ce dont je doute, si je me fie à sa tête et à son envie de se barrer à Jamir.

Shaka tressaillit très légèrement.

– Je ne vois pas ce qui t'amène à penser une chose si absurde, Kanon… Mû et moi sommes ensemble.
– Oui, ça je sais. Et c'est parce que tu es fou amoureux de notre petit mouton que tu t'es barré de chez lui, pour aller crécher chez Aldébaran. C'est parce que c'est l'homme de ta vie que tu es parti en courant, à cause de deux, trois bêtises d'un gamin. C'est l'amour inconditionnel que tu voues au Bélier qui t'as permis de ne pas prendre sur toi et de perdre ton sang-froid face au comportement de son disciple… Kiki qui reste et restera toujours collé à son maître, parce que Mû le considère de la même manière que Camus considère Hyoga. Comme un fils. Mais tu as raison, tu es tout à fait crédible.

Shaka avait ouvert ses yeux bleus. Son plan était si parfait, pourtant ! Tout avait si merveilleusement bien fonctionné ! Kanon ne pouvait pas tout anéantir… ce n'était pas possible… Réfléchir… réfléchir… Bouddha ! Que fallait-il donc qu'il fasse ?

– … Kanon ?
– Oui ?
– Dans l'hypothèse où je répondrais à tes questions, si, malencontreusement, tu venais à découvrir que Mû n'est pas la personne qui occupe mes pensées et trouble mon âme… ce n'est qu'une hypothèse, entendons-nous bien…
– Oui, oui…ce n'est qu'une hypothèse sans fondement du tout. On parle évidemment pure théorie, là. Accouche Shaka.

La dernière phrase du Gémeau parut choquer l'Indien. Mais, étrangement, la Vierge choisit de continuer.

– Serais-tu prêt à ne pas pousser tes investigations plus avant ?
– Qu'est ce que tu veux dire ?
– Aphrodite m'a pratiquement harcelé pour que je lui révèle le nom de celui que…
– Par Athéna…, soupira Kanon. Ecoute, Shaka. Je n'en ai rien à secouer d'avec qui tu rêverais de vivre une relation physique et spirituelle d'un niveau inconnu de moi ou du monde entier, Olympe compris. Et je te promets même de convaincre Aphro de ne plus t'embêter avec ça.
– C'est très aimable de ta part, Chevalier des Gémeaux. Bien. Nous pouvons discuter à présent. Puis-je t'offrir un thé ?

********************

Assis côte à côte dans le canapé de la Balance, Shiryu lisait et Shunreï brodait. Ils sursautèrent quand Dohko se mit à crier.

– Soyez bien sûrs, les gosses, que si je vous surprends à vous câliner sous mon toit… j'en connais une qui retournera illico presto en Chine !

Shunreï se coinça davantage dans son coin du sofa, tandis que le Dragon se levait et allait s'installer dans un fauteuil. A l'autre bout de la pièce.

********************

Dans le temple du Scorpion, Perséphone semblait s'être un peu remise de ses émotions. A la vue du Chevalier d'Andromède, elle avait complètement perdu la tête. Elle avait été ridicule. Plus grave encore, ce genre de débordements risquait de compromettre l'avancée des tractations avec Athéna. Elle s'en voulait terriblement, consciente tout de même qu'elle ne pouvait plus se permettre de se laisser aller. Elle allait devoir redoubler d'efforts.

– Il faudra que je m'excuse auprès de ce jeune homme…
– Shun est un gamin adorable, la rassura Milo. Je suis certain que si vous lui expliquez, il ne vous en voudra pas.
– Je l'espère… et j'espère que son frère me pardonnera également.
– Pour Ikki, je serai franc…, fit le Scorpion, c'est pas gagné d'avance… Mais s'il arrive à comprendre que vous n'en voulez pas à son frère, ça devrait bien se passer.

Rhadamanthe entra dans la pièce, en provenance de la cuisine, un service à thé posé sur un plateau.

– Tu as fait des investissements intéressants depuis ma dernière visite, Milo…, fit remarquer le Juge en servant sa Reine.
– Mon Camus… Il ne boit pratiquement que ça… je voulais lui faire plaisir. C'est lui qui l'a choisi, ce service… il est beau, hein ?
L'Anglais adressa un regard grave et tendre au Scorpion.
– Magnifique. Dois-je comprendre que tout va bien entre vous deux ?
– Mieux que ça… C'est juste merveilleux, Rhada… Qu'est ce que je peux faire pour te remercier de tout ce que tu as fait pour moi ?
– Ne plus m'appeler comme ça, répliqua sobrement le Juge.
– Hein ? coassa le Scorpion, craignant de ne pas avoir bien compris.

Perséphone eut un petit rire.

– Je suis la seule qu'il autorise à utiliser ce surnom, Chevalier… Il le déteste.
– Je le détesterai peut-être moins, s'il n'était pas aussi ridicule, rétorqua Rhadamanthe, piqué au vif. Votre thé, Majesté.
– Merci… Rhada.

Elle le regardait avec un grand sourire, ses yeux verts pétillants de malice. Il eût pour elle un regard très doux.

– Je suis heureux de vous voir de bonne humeur, fit le Juge, tout bas.

Il passa une main dans ses cheveux, et embrassa tendrement son front. Ce fut ce moment entre tous que Kanon choisit pour franchir la porte des appartements du Scorpion. A la vue de son Juge penché sur la Déesse, il dut réprimer un pincement au cœur. Il ne devait pas se laisser aller à la jalousie, ni aux doutes ridicules. Rhadamanthe l'aimait, lui, Kanon des Gémeaux. Il devait se comporter en adulte. Rhadamanthe lui avait prouvé la réalité et la profondeur de ses sentiments. Rhadamanthe avait toujours été honnête avec lui. Puisqu'il aimait la Wyverne, il devait accepter… … Non… Non, il n'avait pas pensé ça… Non… il ne pouvait pas avoir pensé…  Si… Si ?... Si. Il l'avait pensé, hein… Il ne servait plus à rien de se voiler la face. Il était complètement dingue de son Juge. Il aimait Rhadamanthe. C'était une catastrophe, mais il n'en avait rien à faire. Il aimait cet homme hors-du-commun et merveilleux, et, lui, il l'aimait en retour… Comment aurait-il pu ne pas s'en réjouir ?

– Rhadamanthe ?

Reconnaissant la voix de Kanon, le Juge s'écarta un peu de sa Reine. Pas qu'il se sente coupable, loin s'en faut. Mais il savait qu'il était facile de se méprendre sur les sentiments qui l'unissaient à Perséphone, et, si les circonstances l'amenaient le plus souvent à ne pas se soucier de ce genre de suspicions ridicules, il n'était pas nécessaire de perturber trop Kanon… Il ne manquerait plus que le Gémeau se remette à douter…

– Kanon ?

Le Gémeau s'avança vers le Juge, pour s'arrêter juste devant lui.

– Je t'aime, fit le Grec avant de sceller les lèvres de l'Anglais avec les siennes.
– Donc, le plan… Si Perséphone tente quoique ce soit, je file au Palais pour protéger Athéna et toi, tu restes ici et tu protèges ma sœur.
– Euh… Seiya… c'est moi, le Chevalier d'Or hein… je suis tout à fait capable de protéger Athéna.
– Ça, c'est pas prouvé…
– Je lui ai sauvé la vie ! Et j'en suis mort !
– Oui bah moi aussi, je suis mort. Et je lui ai sauvé la vie plus de fois que toi. Alors Chevalier d'Or ou pas, on fera comme je dis.
– Chevalier Ayoros… Je serais honorée de vous avoir comme protecteur, et votre présence à mes côtés m'apporterait beaucoup de réconfort, j'en suis certaine, si les prédictions de Seiya venaient à se vérifier…
– Seika… Je vous ai déjà demandé de me tutoyer, je crois, non ?
– Comment veux-tu qu'elle te tutoie, alors que tu la vouvoies ? Non, mais franchement…

********************

– Shura ? Je ne fais que passer, je monte voir mon frère.
– Tu devrais les laisser tranquilles…
– … De quoi tu parles ?
– De Shun et Hyoga… Ils s'aiment. Tu devrais les laisser tranquilles. Comme je laisse Aphro et Angelo… Tout le monde n'a pas la chance d'inspirer ce genre de sentiments…
– … Oulah… Qu'est ce qui t'arrive ?
– Rien… c'est juste que… personne ne m'aime, moi. Tout le monde est en couple et moi, je suis tout seul.
– Euh… je suis célibataire aussi, hein.
– Tu veux sortir avec moi ?
– Euh… non, merci, non. Tu es un mec génial, hein, pas de doute là-dessus, mais…
– Tu vois ? Personne ne m'aime…
– … Je vais laisser mon frère s'amuser avec son cygne. Tu m'offres une bière ?
– Tu veux rester parce que tu as pitié…
– Pitié… c'est bien mon genre. Je reste parce que tu es quelqu'un que j'estime, Shura. Et un pote. Et que j'ai soif.

********************

– Mon Camus !
– Oui, Milo ?
– Il faut que tu viennes tout de suite ! Kanon vient de faire sa déclaration à Rhadamanthe ! Ils sont trop chou !

********************

– Elles sont jolies, les roses d'Aphrodite…
– Oui…
– …
– Il passe beaucoup de temps à s'en occuper…
– J'imagine…
– …
– …
– Hyoga ?
– Oui ?
– Tu veux boire quelque chose ? J'ai demandé à Aphrodite d'acheter du sirop d'orgeat.
– Mon sirop préféré…
– … Je sais…
– Je vais m'occuper des glaçons… Tu m'aides à me lever ?

********************

Les appartements du Scorpion s'étaient métamorphosés en salon mondain. Camus était assis dans le canapé, Milo lové contre lui. Kanon avait pris place dans un des fauteuils, l'autre étant occupé par Perséphone. Rhadamanthe, lui, était installé aux côtés des deux Chevaliers, près de sa Reine, et lançait, souvent, des regards plein d'amour au Gémeau. Il avait encore du mal à réaliser ce que Kanon venait de lui déclarer. Il avait encore du mal à réaliser la chance qu'il avait. Par tous les Dieux ! Kanon l'aimait ! et plus important peut-être encore, Kanon lui avait murmuré qu'il été prêt à l'attendre… à accepter que Perséphone soit sa seule priorité jusqu'à ce qu'ils en aient fini avec toute cette histoire… Comment pouvait-il mériter un tel bonheur ? Il espérait qu'un jour, bientôt, sa Déesse pourrait, elle aussi, connaître la félicité. C'était la dernière ombre qui l'empêchait de savourer pleinement ce moment.

Kanon poussa un long soupir.

– Nous avons un problème.
– Nous ? releva Camus.

Le Verseau avait énormément de mal à estimer la situation. Force était de constater que le Gémeau se rapprochait dangereusement de la Reine des Enfers et de son Juge… Il semblait presque avoir fait sienne leur cause. C'était inquiétant.

– Tu as raison, Camus, je rectifie… Votre Majesté, Rhadamanthe… vous avez un problème. Et si vous voulez que notre Déesse vous aide, je sens qu'il va falloir qu'on le règle.
– Quel est ce problème, Chevalier ? demanda Perséphone, inquiète.
– L'ambiance détestable qui règne au Sanctuaire et qui énerve profondément Athéna si j'en crois ce que l'on m'a raconté… Elle n'est clairement pas dans les meilleures dispositions actuellement.
– J'avoue qu'elle est de mauvais poil...
– Milo !
– Bah quoi, mon Camus ? C'est la vérité ! Elle n'était déjà pas de bonne humeur, mais là, c'est pire que tout.
– Que s'est-il passé ? demanda calmement Rhadamanthe.

Milo hésita, cherchant l'appui du Verseau. Ce fut ce dernier qui répondit, à contrecœur.

– Plusieurs d'entre nous ont quitté le Sanctuaire juste après votre départ… et Athéna a exigé leur retour pour votre visite. Elle a imposé à tous les Chevaliers d'Or de retourner dans leur temple pour la nuit.
– Je ne vois pas où est le problème, fit timidement Perséphone.
– C'est que nous avions pris nos habitudes, depuis notre retour, fit le Scorpion d'un air désolé. Aphro vivait avec Angelo, tout le monde allait chez tout le monde, Camus venait tout juste de s'installer chez moi… Là, elle a tout chamboulé. En plus, y a plein de gens qui se sont mis à détester plein d'autres gens…

Rhadamanthe haussa un sourcil.

– Mais vous vous adorez, tous. Vous êtes parfois incapables de vous le montrer mais de là à vous détester… J'avoue que je ne comprends pas. Vous savez ce qui a pu arriver ?

Milo fit non de la tête. Il avait passé les derniers jours à s'occuper de son Camus…

– Moi je sais…, fit Kanon.

Il aurait pu arborer un sourire de victoire. N'avait-il pas démêlé ce sac de nœuds en l'espace d'une ou deux heures à peine ? Mais il n'en était rien. Il avait juste l'air blasé.

– Je vous fais un résumé, vous allez voir, dans d'autres circonstances, on trouverait tous ça très drôle. Shina se met dans l'idée que Shaka et Aldébaran sont ensemble – déjà, on le sentait, ça commençait fort. Shaka nie et avoue même qu'il est en fait amoureux de quelqu'un d'autre, mais se refuse à dévoiler le nom de l'heureux élu. Shina se persuade que Shaka ment et que, s'il refuse de donner un nom, c'est parce qu'en fait il n'y a personne et qu'il est bel et bien avec Aldé – oui, non, je sais, moi aussi je trouve ça débile. Aldébaran, qui est en fait aussi amoureux de notre petit serpent, est très malheureux, parce qu'elle refuse même de le laisser s'expliquer. Shaka décide de prendre les choses en main – pauvres de nous – et va trouver Mû, dont il n'est pas amoureux mais qui est son ami et celui d'Aldé, pour qu'il accepte de monter un canular en faisant croire à tout le Sanctuaire qu'ils sont ensemble – oui, c'est une idée complètement stupide, je confirme. Mû accepte j'avoue que ça m'a étonné, j'étais pourtant persuadé qu'il avait un cerveau, lui -. Tout ceci permet enfin à notre Taureau de pouvoir se déclarer sans se prendre une claque. Excellente nouvelle. Mais – parce qu'évidemment ce serait trop simple si ça s'arrêtait là mon frère, qui est amoureux de Mû, décide, en apprenant la nouvelle de sa « mise en couple » avec la Vierge, d'aller se consoler en trouvant quelqu'un d'autre dans la minute qui suit, ou peu s'en faut – l'excellence de cette idée m'éblouit encore maintenant. Il embrasse donc Shion – ça se passe de commentaire, je crois. Mais ils se débrouillent pour que Dohko les surprenne – sincèrement, je pense que c'est un don. La Balance se barre donc illico aux Cinq Pics c'est pas comme si tout le sanctuaire était au courant de leurs problèmes de couple, hein… j'adore mon frère, si, si, je vous assure. Et Aphro n'a rien pu faire pour empêcher ça, parce que Shura déprime, et qu'il passe son temps à les coller, lui et Angelo. Tant est si bien qu'ils n'ont plus aucun moment pour eux et que leur couple est au bord de l'implosion. Bref la situation est catastrophique, c'est du grand n'importe quoi. Et je ne vois même pas par où commencer pour nous sortir de là. Ah, j'oubliais… Il y a quand même un point positif : Ayoros n'a toujours pas fait le moindre mouvement en direction de Seika. Au moins comme ça, il n'a pas empiré la situation. Il faudra penser à le remercier.

Durant le long moment qui suivit la tirade de Kanon, le silence régna dans la pièce.

– Quand je pense, Rhada, que nous trouvions la situation aux Enfers problématique…, fit Perséphone, amusée.
– Je ne crois pas que ce genre de remarques soit très approprié, Majesté, cingla Rhadamanthe, la voix vibrante de colère et de reproches.
– Vous connaissez des problèmes aux Enfers ? demanda Camus qui n'avait bien sûr rien perdu des paroles de la Déesse.
– Si peu, Chevalier… si peu, lui répondit-elle dans un sourire.

L'expression de la Reine des Enfers mit mal à l'aise le Verseau. Il était évident qu'elle savait qu'il ne lui faisait pas confiance. Camus n'aimait pas être transparent.

– Il faut donc que nous réglions ces…
– Affaires de cœur, suggéra Rhadamanthe à sa Reine.
– Voilà… ces affaires de cœur, de manière à ce que ma cousine soit dans de meilleures dispositions pour recevoir ma requête ?
– J'en ai peur, Votre Majesté, confirma Kanon.
– Milo du Scorpion, Camus du Verseau, pouvons-nous compter sur votre concours ?

Camus lui jeta un regard peu amène.

– Et pourquoi voudriez-vous aider le Sanctuaire ?
– Je viens de le dire. Je veux que ma cousine soit de bonne humeur pour qu'elle accepte de m'accorder son aide. On ne vous a jamais appris à écouter ? fit-elle, taquine.
– Et quelle est cette aide que vous souhaitez obtenir d'Athéna ?

La voix du Verseau était une rivière de glace.

– Cela, Chevalier, cela ne te regarde pas pour le moment.

Perséphone offrait un visage plus sévère. Si elle s'était amusé des réactions du Verseau jusqu'à présent, il devait apprendre à rester à sa place.

– Chevalier, je suis la Reine des Enfers. Athéna, ta Déesse, m'a offert l'hospitalité. Que tu m'apprécies ou non, que tu aies confiance en moi ou non, j'apprécierais que tu fasses un minimum d'effort pour te montrer courtois et que tu cesses tes questions indiscrètes. Je m'entretiendrai avec ma cousine ce soir. Tu devras attendre ce moment pour avoir des réponses, si elle en décide ainsi.

Et elle se désintéressa d'un Camus mortifié. Milo, lui, ne savait plus où se mettre. Il reconnaissait que son Camus était allé trop loin… mais il ne supportait pas l'idée de le voir blessé.

– Quant à nous, reprit la Déesse d'un ton à nouveau léger, l'un de vous a-t-il une idée, ou une suggestion qui pourrait nous servir de base de départ pour trouver une solution à cet imbroglio ?

********************

Assis à son bureau, Shion n'arrivait à rien. Incapable de se concentrer, il repoussa les documents qu'il était sensé étudier. La situation exigeait de lui d'assumer pleinement son rôle de Pope et il doutait d'y parvenir.

– Shion ?
– Athéna…

Il aurait dû se lever, il aurait dû… mais son extrême lassitude l'en empêcha. Athéna semblait contrariée.

– Je suis désolée Déesse, je ne me sens pas très bien, s'excusa-t-il.
Et bien, j'espère que tu te remettras vite, fit-elle d'un ton sec. Que penses-tu de tout ceci ?

Le Pope soupira.

– Je ne sais pas… Je ne crois pas que Perséphone veuille s'en prendre à nous.
– Son attitude envers Shun a été particulièrement étrange, reconnais-le.
– Je le reconnais, Athéna. Etrange… mais pas malveillante. Elle n'était pas agressive. Elle semblait davantage… perdue. Voir la Reine des Enfers dans cet état n'est pas pour me rassurer.
– D'autant que je n'ai pas la moindre idée de ce que me veux ma cousine… Elle prend toujours des décisions complètement absurdes. Bien, je te laisse, Shion. Je vais m'assurer que la réception de ce soir sera absolument parfaite et me préparer.
– Merci, Athéna.

Une fois la Déesse sortie de son bureau, Shion se laissa à nouveau complètement aller. Une chance qu'elle ait décidé de s'occuper du dîner – chose définitivement contraire à ses habitudes. Lui ne s'en sentait pas capable.

La Balance était revenue… C'était encore plus douloureux que son départ pour la Chine. Le Pope allait devoir discuter avec Saga. Il espérait que le Gémeau comprendrait. Restait à savoir ce qu'il voulait que le Gémeau comprenne.

– Dohko…

Il s'effondra sur son bureau, la tête dans ses bras.

********************

– Camus !

Le Verseau interrompit sa montée des marches et se retourna vers Kanon.

– Camus, il faut qu'on parle tous les deux.
– Et de quoi ? demanda, glacial, le Verseau.
– De ton attitude.

Le Gémeau n'avait pas l'air content. Pas content du tout, même.

– C'est ton droit le plus sacré de ne pas apprécier Rhadamanthe et Perséphone…
– Effectivement et je compte bien l'exercer. Je ne les aime pas. Ni l'un, ni l'autre.
– Pourquoi ?
– Je ne leur fais pas confiance, Kanon. Contrairement à toi, je les vois pour ce qu'ils sont, deux de nos anciens ennemis, et pas avec les yeux de l'amour. Qui rend aveugle, je te le rappelle. Rhadamanthe nous cache des choses. Perséphone également. Je n'aime pas ça.
– Evidemment qu'ils nous cachent des choses ! Ils viennent même de nous l'avouer ! Je les connais mieux que toi. Ne pourrais-tu pas avoir confiance dans mon jugement ?
– Je ne te crois pas objectif.
– Et tu crois vraiment que ce manque d'objectivité, que je ne nie pas, j'aime Rhadamanthe et j'apprécie beaucoup Perséphone, me pousserait à mettre le Sanctuaire ou Athéna en danger ?
– Je ne sais pas.

Kanon se retint de mettre une gifle au Verseau. Avec difficulté.

– Je ne te permets pas de mettre en doute ma fidélité envers notre Déesse ! Ecoute-moi bien, Camus… Il y a des choses que j'ignore dans les plans de Perséphone, mais il en y a une dont je suis certain : elle veut la paix.
– Et tu crois que ta parole me suffit ?
– Si ma parole ne te suffit pas, si tu n'as pas confiance en moi, tu n'as qu'à demander à Athéna de me retirer le titre de Chevalier des Gémeaux.
– Kanon…
– Non, Camus. Si tu crois vraiment que je suis à nouveau capable de trahir Athéna, c'est qu'à tes yeux je ne mérite pas d'être Chevalier. Et dans ce cas, tu sais ce que tu as à faire.
– Je n'ai jamais dit que tu ne méritais pas…
– Si, Camus. Tu es quelqu'un d'intelligent. Si tu prends le temps de réfléchir quelques minutes aux événements et à notre conversation, tu constateras que c'est exactement ce que tu viens de dire. Sur ce, je te laisse. J'espère vraiment que tu finiras par te rendre compte que j'ai raison. Je t'aime bien, Camus. Ça me blesse d'imaginer que je suis entrain de perdre quelqu'un avec qui j'aurais pu être ami.

********************

Quand Milo pénétra dans le temple de la Vierge, il fila directement dans la salle de méditation. Inutile de chercher autre part l'occupant des lieux.

– Shaka ? Tu aurais deux minutes ?
– Milo… que viens-tu faire dans mon temple ? demanda l'Indien.
– Te parler. C'est pour ça que j'ai besoin que tu m'accordes deux minutes.
– Bien… fit la Vierge, en quittant sa position du lotus. Puis-je t'offrir un thé, pour agrémenter cette discussion ?
– Euh… non, je viens d'en boire un à la maison. Avec Kanon.

Shaka marqua une très légère pause dans sa progression vers son salon.

– Il nous a tout dit, Shaka…, continua le Scorpion, très sérieux. Alors j'aimerais savoir… de qui es-tu amoureux ?

Shaka fut pris d'un vertige. Kanon était un être perfide ! Il lui avait promis de ne pas le harceler, de convaincre Aphrodite d'arrêter ses recherches, mais il lui envoyait Milo dans ce même but ! C'était tout simplement honteux…

– Relax, Shaka ! C'était une blague ! Je me contrefous de tes fesses.
– Et bien ce n'était pas drôle, Milo, fit la Vierge, qui pour le coup, avait ouvert les yeux et lui lançait un regard noir. Pourquoi es-tu là ?
– Je suis en mission !, fit le Scorpion très fier. Est-ce que tu serais d'accord pour nous aider à remettre de l'ordre dans le Sanctuaire ?
– Je ne savais pas qu'il était en désordre…
– Ca ne te réussit pas de garder les yeux fermés et de rester à méditer dans ton temple, hein… On est au bord de la guerre civile, dehors.
– Comment ?
– Bon, ok, j'exagère un peu. Mais sincèrement, entre ceux qui commencent à prendre partie pour Dohko, ceux qui se rangent du côté de Shion, et les supporters de Saga… si on rajoute le fait que tout le monde est sur les nerfs à cause de la présence de Perséphone… la situation est critique. Et je ne plaisante pas, je t'assure.

Shaka prit quelques secondes de réflexion afin de décider de la conduite à suivre.

– Que puis-je faire pour t'aider à résoudre cette crise ?
– En fait, c'est surtout Rhada et Kanon… non, pardon, Rhadamanthe et Kanon qui dirigent les opérations. Et considérant qu'ils ont plutôt eu de bons résultats avec mes problèmes, je pense qu'on peut leur faire confiance sur ce coup.
– Effectivement, ta remarque est pertinente. Et bien, qu'attendent-ils de moi ?
– Rien qui ne soit hors de ta portée. Ils veulent que tu rompes avec Mû. D'ici la réunion de ce soir. En gros, il te reste… deux heures. Ah, et si tu pouvais te débrouiller pour savoir ce qu'il pense de Saga, ça nous arrangerait.

A suivre...

Chapitre 9

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