LA LEGENDE DES QUATRE ROYAUMES...

 
   

Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. L'auteur n'en retire aucun profit si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue. Les personnages de la mythologie appartiennent à tout le monde et les autres, ceux que vous ne connaissez pas, appartiennent à l'auteur.

Genre
:
Univers Alternatif à tendance celtico-médiévale et Heroic Fantasy. Aventure/Romance. Certains couples sont très inhabituels. Yaoi, het et lemon bien sûr.

Rating : interdit au moins de 18 ans.

Auteur : Scorpio-no-Caro

Betalecteur : Gajin, Frasyl et Hyma.

J'espère que vous aimerez...

 


Carte de ce monde

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Chapitre 04

Année 10219 de la Licorne, mois de janvier, Royaume du Sanctuaire

Dans la chambre de la maison, le feu s'était éteint. Le jeune homme s'éveilla brusquement en criant. Couvert de sueur et tremblant de froid. Il jeta un œil vers la fenêtre sans volet pour constater qu'il faisait encore nuit et que de violentes bourrasques de vent sifflaient lugubrement à travers les branches des arbres qui poussaient à côté de la maison. Avec des gestes empreints de lassitude, il s'employa à rallumer le feu et sortit de la chambre. La pièce principale servait aussi de cuisine où l'âtre était encore chaud. Il remua les braises avec un tisonnier, jeta trois grosses buches dedans et fit chauffer du lait dans un petit récipient en fer. Du temps que le breuvage soit prêt, il coupa deux larges et épaisses tranches de pain dans une miche. Après avoir étalé du beurre dessus, il y mordit à belles dents en fermant les yeux puis but une gorgée de lait chaud. Il n'y avait que ce simple petit plaisir de la bouche qui parvenait à lui faire oublier pour un temps les cauchemars récurrents qui le réveillaient en sursaut depuis plusieurs nuits.

Vêtu d'un pantalon de grosse laine brune, il enfila ses cuissardes, deux épaisses chemises en coton et par-dessus, un vieux pourpoint en cuir usé par le temps. Il se rafraichit le visage avec l'eau d'une vieille aiguière en bronze toute cabossée, prit une petite tige en bois dont il mordilla le bout pour l'ébouriffer et s'en servit pour nettoyer ses dents puis se gargarisa la bouche avec une décoction de menthe. Il rangea un peu la pièce, lava le couteau et le marmiton puis revint dans la chambre où il ouvrit la fenêtre pour aérer. Le temps de remettre les fourrures correctement sur le lit, il referma celle-ci. Un froid glacial régnait dans la pièce. Il jeta sa lourde cape en peau de mouton sur ses épaules, rabattit la capuche sur ses long cheveux bleus et sortit de la maison.

A l'écurie, Maoken, son cheval, protégé du froid nocturne par une grosse couverture en laine, hennit doucement en le voyant. Le temps de lui mettre sa selle et il partit en direction du Palais de Marbre. Le Médecin du Roi aurait bien quelque chose à lui donner contre la douleur qui lui vrillait le crâne depuis son réveil sinon, la journée serait un vrai calvaire. Tout en chevauchant, il se demandait pourquoi il refaisait ce rêve depuis maintenant quelques nuits. Cela faisait plusieurs années qu'il ne le hantait plus, alors pourquoi soudainement revenait-il ? Aussi fort. Aussi réaliste. Il avait l'impression d'avoir encore le goût de l'eau de mer dans la bouche. D'entendre les hurlements de son père tout près de lui et ceux de son frère qui s'éloignaient.

Après avoir décliné son identité, il franchit la porte des remparts de la cité d'Egide. Rapidement, il atteignit la grande cour de la forteresse et confia sa monture à son ami, le Maître Palefrenier Shura. Ils échangèrent quelques mots puis le jeune homme gagna les appartements privés du Médecin du Roi. Il était un des rares à avoir l'autorisation de s'y rendre. Il tapa doucement à la porte. Un bruit de chaise que l'on traîne le rassura. L'occupant des lieux était réveillé.

- Saga ? fit le Médecin, surpris.
- Bonjour Shion. Excuse-moi de te déranger si tôt…
- Mais non, entre ! fit celui-ci en s'effaçant pour laisser passer son visiteur. Tu ne me déranges pas. Je finissais de manger un morceau avant d'aller au dispensaire. Assieds-toi. Tu veux quelque chose ?
- Non, merci.
- Que t'arrive-t-il ? Une de tes vaches est malade ? plaisanta l'homme face à lui qui se rassit pour finir une part de terrine de sanglier avec un morceau de pain qu'il fit passer avec une gorgée de vin.
- J'aurais préféré, crois-moi. Non, j'ai très mal à la tête et je voulais que tu me donnes quelque chose pour me calmer.
- Tu t'es levé avec ?
- Oui…
- Encore un cauchemar ?
- Toujours le même…

Tout en posant des questions pour cerner au mieux le problème, le Médecin avait préparé une infusion particulièrement odorante.

- Bois.
- Ça sent bon… C'est quoi ?
- De la sauge, de la camomille, de la valériane et du romarin. Si tu as encore mal à la mi-journée, reviens me voir.
- Ça sent bon mais c'est toujours aussi infecte, grimaça Saga en terminant la coupe en argent.
- Les remèdes les plus mauvais au goût sont bien souvent les plus efficaces, tu le sais.
- C'est vrai…
- Tes bêtes vont bien ?
- Hier soir tout était en ordre. Ce matin, je suis venu directement ici. Je verrai en y retournant. Et toi, tu as une journée chargée ?
- Comme d'habitude. Les réfugiés ne cessent d'arriver depuis cette dernière offensive meurtrière des Océans et il faut les soigner. La Princesse m'aide avec ses dames de compagnie, mais je répugne à la voir si près de la vermine. Qui sait ce qu'elle pourrait attraper…
- Tu sais comment elle est… Tu ne pourras rien lui interdire, sauf si tu demandes au Roi d'intervenir…
- Je sais… et je n'ai pas envie de le faire. Elle s'inquiète vraiment et fait du très bon travail…
- L'armée des Marinas s'est infiltrée très loin cette fois, commenta Saga, pour combler le silence qui le mettait mal à l'aise.
- Oui. Le Roi va certainement ordonner une contre-attaque.
- A laquelle ils répondront par une autre et nous par une autre encore, grommela le jeune homme d'une voix lasse. Ça ne finira donc jamais…
- Il faut que cela cesse, sinon nous courons à la catastrophe…
- Quand est-ce qu'on doit tous se voir ? demanda Saga, changeant de sujet.
- Je vous préviendrai, ne t'inquiète pas.
- Très bien. Merci pour le remède.
- Je t'en prie.
- A bientôt.
- Saga ? Je ne voudrais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… as-tu pensé à retourner à Port Sounion ? Cela t'aiderait peut-être à faire ton deuil… définitivement ?
- Tu as raison, Shion. Ça ne te regarde pas !
- N'oublie pas qui tu es ! s'indigna le médecin, vexé par la réplique acerbe du jeune homme. Le Roi peut avoir besoin de toi et tu ne dois pas avoir de faiblesse !
- Besoin de moi ? Comme de mes prédécesseurs ? rétorqua Saga d'un ton désabusé.

Shion regarda d'un air absent la porte qui venait de se refermer sur son ami. Il connaissait le drame qui avait bouleversé la vie de Saga et de ses parents. Le jeune homme semblait, avec le temps, avoir accepté la perte de son frère jumeau, mais alors que s'était-il passé pour qu'il y repense à nouveau et que ses cauchemars reviennent le hanter ?

Il fit ses ablutions et s'habilla, puis attacha ses longs cheveux vert pâle en catogan afin qu'ils ne le gênent pas dans ses activités. Il avait souvent songé à les couper, mais à chaque fois, il repoussait le moment de le faire, prétextant une quelconque occupation et remettant à plus tard ce que son tendre ami appelait un sacrilège.

Dans une sacoche en cuir épais, maintenue droite par un cadre de bois fixé à l'intérieur, il mit toutes sortes de fioles, de petites bourses en coton, fermées par une cordelette en crin de cheval, d'instruments en fer forts inquiétants et de tissus de lin qui serviraient à faire des bandages. Il eut une pensée furtive pour un Dieu des Temps Anciens, Asclépios, dont on disait qu'il fut le premier Médecin du monde. Mais aujourd'hui, bien peu de gens se souvenait de ces Dieux. Cela n'empêcha pas Shion de lui demander qu'il lui accorde la justesse du diagnostic et la main sûre s'il devait opérer.

White Wings - Oystein Sevag
Shion entre dans la salle de garde. Il rencontre Nya

Lorsqu'il ouvrit la porte de l'immense salle de garde transformée en dispensaire, l'odeur de la maladie et de la pourriture lui sauta au visage. Bien qu'habitué, il ne put retenir une grimace d'écœurement. Il y avait là des dizaines de femmes, d'enfants en bas âge et de vieillards que la guerre avait jetés sur les routes pour échapper aux combats meurtriers.

Cette guerre avait vu neuf générations d'hommes se sacrifier pour leur terre et leur Royaume et les vraies raisons de ce conflit avaient été oubliées depuis bien longtemps. Les populations décimées par la famine et les maladies, qui les accompagnaient inévitablement, étaient venues trouver refuge à Egide, la capitale et son Palais de Marbre. Petit à petit, autour des remparts de la cité, des habitations avaient été érigées. Les gens se disaient qu'être tout près de la forteresse les protègeraient des attaques ennemies. Même si l'armée était cantonnée au sud, à la frontière avec le Royaume des Océans contre qui elle combattait, il n'y avait jamais eu d'intrusion si loin dans le nord, à l'intérieur des terres. Jusqu'à récemment.

Le Médecin regarda le ciel une dernière fois avant de pénétrer dans la salle. L'aube rosissait à peine l'horizon. Il croisa deux soldats qui le saluèrent avec respect, en souriant, l'un venant relever l'autre de sa garde de nuit. En tout premier lieu, Shion se dirigea vers le fond où avaient été installés les enfants et les mères. La plupart souffraient de malnutrition et d'affection de la peau comme la gale ou l'urticaire. Certains avait une toux grasse et d'autres de la fièvre. Le médecin commençait toujours par eux. Plus il arriverait à en sauver, et plus la génération suivante serait assez nombreuse pour affronter l'avenir. Malheureusement, il trouva deux enfants qui étaient morts dans la nuit. Aux côtés des petits corps, les mères étaient dans un état second. L'une d'elle, enceinte de son deuxième enfant, était assise et se balançait d'avant en arrière en fredonnant une berceuse. Il demanda à deux serviteurs d'emporter les dépouilles pour les préparer aux funérailles. Comme le voulait la coutume, ils seraient incinérés. De plus, cela évitait les risques de propagation des humeurs malignes.

Shion leur prépara une infusion calmante et les deux femmes accompagnèrent les serviteurs dans une pièce à part, utilisée pour la préparation des corps des défunts.

- Tu es jeune et jolie, tu auras d'autres enfants, dit-il doucement à l'une d'elle. Même si aucun ne remplacera celui-ci.
- Mon mari est mort à la guerre quand j'étais enceinte, murmura-t-elle d'une voix brisée.
- Un autre homme sera heureux de t'avoir pour épouse. Tu viens de traverser une effroyable épreuve, mais la vie ne s'arrête pas là. Tu dois continuer à vivre en mémoire de ta petite fille. Elle a rejoint son père et je suis sûr que tous deux veilleront sur toi, où qu'ils soient.
- Merci, Seigneur Shion, fit-elle en levant vers lui un regard vomissant une douleur inouïe qui bouleversa le médecin.

Soudain, il eut une idée. Il savait qu'elle allait sombrer dans la déprime, voire commettre un acte définitif, alors il lui fit une proposition.

- Quel est ton nom ?
- Nyamh mais on m'appelle Nya(1).
- Sais-tu ce que nom veut dire dans la langue ancienne ?
- Non, Seigneur.
- Il signifie brillante ou radieuse. Et nul doute que tu le sois, lui expliqua-t-il avec un sourire qui fit rougir la jeune femme.
- Nya, reprit-il, lorsque les funérailles seront terminées, voudrais-tu m'aider dans mes soins ? J'ai bien besoin que l'on me seconde.

Ce fut un regard plein de surprise qui l'observa un moment.

- Je ne saurais pas comment m'y prendre, et je ne voudrais pas causer du tort à un malade.
- Ne t'inquiète pas, je te montrerai. Des choses simples au début, et à mesure que tu apprendras, tu prendras confiance en toi. Qu'en dis-tu ?
- Je ne sais pas… Pour l'instant, je veux juste donner des funérailles à ma fille, souffla-t-elle.
- Bien sûr… Tu sais où me trouver alors fais-moi part de ta décision lorsque tu l'auras prise.
- Oui… Merci… Seigneur Shion ? le rappela-t-elle alors qu'il s'éloignait pour s'occuper d'autres malades. Ma fille se nommait Roan(1). Connaissez-vous la signification dans la langue ancienne ?
- Il veut dire petit phoque.

Nya sourit. Elle était jolie avec ses longs cheveux noirs et bouclés, ses grands yeux ambre et sa peau laiteuse. Avec des vêtements plus neufs et plus propres, elle ne tarderait pas à intéresser un homme célibataire.

- Occupe-toi d'elle, reprit le médecin, pour le reste, nous verrons plus tard.

Il gagna le recoin qu'il s'était aménagé avec une longue table sur laquelle il posa ses fioles et ses paquets d'herbes et un lit rehaussé où il faisait s'allonger les malades pour les ausculter. Sur une autre table plus petite, il y avait un bassin en bronze et une aiguière remplie d'une préparation antiseptique dont il se servait pour se rincer les mains entre chaque patient. La désinfection était une chose primordiale dans le traitement quel qu'il soit. Il observa ensuite l'autre femme qui avait repris ses esprits et berçait son petit garçon de trois ans, mort, dans ses bras. Pour celle-là, il savait que l'instinct maternel serait le plus fort et qu'elle surmonterait son chagrin pour son enfant à venir.

En milieu de matinée, il s'octroya une pause. Depuis qu'il était arrivé, il avait soigné tous les maux dont souffraient les femmes, les enfants et les vieillards. Heureusement que les soins les plus simples, comme changer les draps ou les pansements des blessures superficielles, étaient dispensés par des servantes qu'il avait formées à ces tâches, aidées en cela par la Princesse Saori et ses Dames de compagnies qui s'investissaient énormément. Les bandages étaient propres, les onguents renouvelés, les infusions et les décoctions faisaient leur effet en calmant les douleurs et les démangeaisons. Dans la cour, un grand feu brulait les tissus des anciens emplâtres ou les vêtements de ceux atteint par la gale.

Assis sur une chaise bancale, il fut tiré de ses pensées par l'arrivée d'un soldat à la joue anormalement enflée.

- Tu t'es enfin décidé à venir me voir ?
- Je croyais que ça passerait, Seigneur Shion, marmonna le gaillard que chaque mot faisait visiblement souffrir, mais ça n'a fait qu'empirer.
- Il y a quelques jours, j'aurais pu sauver ta dent. Maintenant ta gencive est touchée, déclara le Médecin après un rapide examen buccal. Il va falloir que je te l'arrache.

Un gémissement de crainte accueillit cette dernière phrase et le visage du soldat perdit toutes ses couleurs sauf une : le blanc. Shion chercha Nya des yeux et la trouva, sortant de la pièce des défunts. Il lui fit signe de le rejoindre.

- J'ai besoin de ton aide, toutes les servantes sont occupées.
- Que dois-je faire ?
- Rien de très difficile. Je vais donner à cet homme une infusion de pavot qui va l'endormir. Ensuite, je lui arracherai une dent. A son réveil, il délirera certainement un peu. Tu n'auras qu'à le surveiller et venir me prévenir s'il s'agite trop. Tu crois que tu peux faire ça ?
- Oui, ce n'est pas difficile.
- Très bien. Allez, viens par-là ! fit-il à l'adresse du soldat qui n'avait qu'une envie, s'enfuir très loin. Tu vas boire ceci et tu t'allongeras. Lorsque tu seras endormi, j'extrairai cette dent qui te fait tant souffrir.
- Vous êtes sûr…
- Si je ne le fais pas, l'infection va gagner les autres et il faudra toutes les enlever. Tu veux manger de la soupe jusqu'à la fin de tes jours ?
- N… non, Seigneur…
- Quel est ton nom déjà ?
- Brendan(1)
- Ah oui… Bois et allonge-toi, Brendan. Nya sera là quand tu te réveilleras. Tu n'as rien à craindre.

A cet instant, le soldat remarqua la présence de la jeune femme. Son accoutrement sale ne le rassura pas, mais le Médecin avait parlé. Il obéit, vida la coupe et s'allongea. Quelques instants plus tard, il sombra dans un profond sommeil. Shion contrôla ses signes vitaux et, satisfait, il entreprit d'extraire la dent pourrie. Nya tenait la tête de l'homme tandis que le médecin cala un morceau de bois entre les mâchoires pour maintenir la bouche grande ouverte. Elle l'éclaira avec une torche à sa demande. Puis il prit une sorte de petit burin en métal qu'il positionna à la base de la dent et cogna dessus d'un coup sec avec un maillet de bois. Il recommença de l'autre côté. La dent ainsi déboitée, il la retira facilement avec une pince. Pendant l'opération, Brendan avait gémit, mais sans se réveiller. Shion appliqua un tampon de coton imbibé d'un puissant antiseptique sur la plaie et referma la mâchoire. D'un regard, il convia Nya de ne pas quitter le patient. Elle lui répondit d'un signe de la tête.

- Je serai dans la cour à m'occuper des hommes et des garçons si tu as besoin de moi.
- Oui, Seigneur. Son nom… que veut-il dire ?
- Noble et fort. Et il le porte très bien.

La jeune femme reporta son attention sur Brendan et dégagea les mèches blondes de son front humide de sueur, avec une compresse d'eau fraîche.

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L'immense cour, devant la salle de garde, ressemblait à un dortoir en plein air. Des abris de fortune avaient été installés pour les hommes et les jeunes garçons. Ils étaient faits de planches de bois recouvertes de bâches de cuir goudronnées pour l'étanchéité. A l'intérieur, des foyers étaient entretenus par les occupants, souvent des hommes appartenant à la même famille, des grands-pères, des frères, des pères et des fils qui ne pouvaient pas se battre soient qu'ils étaient trop jeune ou trop âgés ou handicapés par une blessure de guerre. Shion s'installa dans l'un des plus grands abris et, à nouveau, il exerça ses talents de guérisseur.

En milieu d'après-midi, son estomac se rappela cruellement à son bon souvenir. Il en termina avec son dernier patient et rangea ses ustensiles. Il remonta une rue sur quelques mètres et passa une porte voutée qui s'ouvrait sur une seconde cour encore plus grande que la première et qui servait de lieu d'entraînement aux soldats, sous les ordres de différents lieutenants et capitaines. Il marcha jusqu'à la rue des artisans et pénétra dans une boutique. Elle était vide mais dans la pièce arrière, il entendit un bruit.

- Dohko ?

Un homme à la chevelure d'un roux sombre et aux yeux vert, vifs et pétillants, passa la tête par l'entrebâillement de la porte. Aussitôt un sourire lumineux éclaira son visage.

- Tu as fini tôt.
- Mes… assistants sont de plus en plus efficaces et me déchargent de pas mal de taches simples, expliqua le médecin en posant sa sacoche sur la table avant de s'asseoir sur un tabouret qui avait certainement deux fois son âge, au moins.
- Tu veux de la bière ?
- Non, mais si tu as du pain ou du fromage et de l'eau fraîche, je préfère.
- Tu as l'air préoccupé, déclara le maître des lieux en servant son visiteur.
- Saga est venu me voir ce matin pour une migraine… Il refait ce cauchemar…
- Ah. Tu te fais du souci pour lui ?
- Difficile de faire autrement. Je lui ai suggéré d'aller à Port Sounion sur la tombe de sa famille, mais il n'est pas encore prêt.
- Il lui faudra toucher le fond pour accepter qu'on l'aide.
- J'en ai bien peur… Je vais monter à Star Hill ce soir. Tu veux m'accompagner ?
- On passe la nuit là-bas ?
- Certainement. Prépare tes affaires, je viendrai te chercher.
- C'est rare que tu me demandes de venir avec toi. Qu'est-ce qu'il y a ? voulut savoir Dohko en vrillant son regard à celui de son ami qui se sentit fouillé jusqu'à l'âme.
- Il y a longtemps que je n'ai pas observé les étoiles faute de temps, et j'ai un mauvais pressentiment. Je n'ai pas envie d'être seul.
- Je ne t'ai jamais vu craindre les étoiles, s'étonna Dohko d'une voix douce.
- C'est une étrange sensation qui ne me quitte pas depuis quelques jours.
- Tu peux compter sur moi, je serai là.
- Je sais…

Dohko se pencha et posa ses lèvres sur celles de Shion qui frissonna délicieusement. Ils échangèrent quelques baisers tendres, prometteurs d'instants plus intenses.

- On se retrouve à l'endroit habituel ? demanda le Maître d'Armes.
- Oui, quand la nuit sera totale. Tu prendras mon cheval ?
- Je m'en occupe…
- A plus tard, murmura le médecin en embrassant rapidement son amant.

Dohko sourit et lui fit un signe de la tête. L'idée de passer la nuit dehors ne l'enchantait guère, mais qu'il le fasse en compagnie de Shion était le meilleur des encouragements. Et puis dans la petite grotte, au sommet, ils feraient un bon feu et se réchaufferaient aux flammes de leur amour.

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Island River - Musicbank
Nuit sur Star Hill

La colline de Star Hill, située à l'ouest de la ville, offrait un point vue imprenable sur toute la région. Loin au sud, seule la Cordillère du Zodiaque bouchait l'horizon. Pour accéder à l'endroit, il fallait gravir un étroit sentier sinueux et dangereux, mais les chevaux avaient le pied sûr. Le lieu était chargé de mystère pour les habitants et personne ne se risquait à monter. De tout temps, cette colline fut un lieu mystérieux et chargé de Magie pour le commun des mortels. Pour les sorciers et les magiciens, ils semblaient y puiser une formidable énergie qui permettait à leur esprit de s'élancer vers les étoiles afin d'y lire le destin des hommes.

Après avoir passé un virage et certain que personne ne verrait la lueur, Shion alluma deux torches avec la braise qu'il transportait dans une corne de taureau creuse, accrochée à sa ceinture et alimentée par de l'étoupe(2). Ils arrivèrent sur la petite esplanade, devant l'entrée de la petite grotte, où les deux hommes posèrent leurs affaires et attachèrent leurs montures. Pendant que Dohko dressait leur campement, Shion monta sur ce que l'on pouvait qualifier de toit. Il s'assit à même le sol, directement en contact avec la pierre glacée et ferma les yeux. Lentement, il se laissa envahir par l'immensité du monde et l'infinité du ciel. Comme à chaque fois, il lui semblait ressentir l'univers dans son corps, dans son esprit. Il ne faisait plus qu'un avec la nature qu'il l'entourait et le pénétrait. Alors il ouvrit ses beaux yeux roses et les leva vers les étoiles.

D'abord, il fut émerveillé du spectacle qui s'offrait à lui. Tous ces points scintillants avec plus ou moins d'intensité le fascinaient toujours autant. Qu'étaient-ils ? Pourquoi étaient-ils là ? Etait-ce là, la manière des Dieux de s'adresser aux hommes ? Et les hommes, étaient-ils bien sûrs de comprendre ce langage ou bien étaient-ils trop présomptueux à essayer d'interpréter la parole divine ? Et est-ce que cette trop grande fatuité n'aurait pas provoqué la colère des déités au point qu'ils les avaient plongés dans cette guerre depuis plus de deux siècles ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête qu'il en oublia presque les raisons de sa présence en ce lieu. Ce n'est que lorsqu'il aperçut une configuration évidente qu'il sursauta et ouvrit de grands yeux. C'était là, crevant le ciel. N'importe quel apprenti serait capable de voir et de comprendre le message. Mais ce que lui disaient les autres étoiles environnantes était encore plus inquiétant.

- Non… murmura-t-il. Que vient faire Hadès dans tout ça ? Pourquoi les étoiles me parlent-elles de lui ?

Il intensifia sa concentration, espérant par là en apprendre d'avantage, mieux voir des détails cachés de cet étrange alignement.

- Ça concerne son Royaume… Il sera vaincu, mais pas perdant… vaincu mais pas perdant, répéta-t-il comme si cela pouvait lui permettre de trouver la signification cachée de ce message.
- Mais il y a pire… un danger plus grand approche… Quelle est sa nature ? Dites-le-moi ! cria-t-il aux étoiles avant de s'écrouler au creux de deux bras puissants qui amortirent sa chute alors qu'il sombrait dans l'inconscience.

Sa concentration l'avait épuisé. En ouvrant les yeux, il reconnut la grotte. Il était allongé sur un lit de fourrures, bien au chaud. Il comprit comment il s'était retrouvé là et sourit doucement en croisant deux prunelles vertes remplies de tendresse et d'amour.

- Tiens, fit Dohko en lui tendant un bol plein d'une infusion chaude et calmante.
- Eh, c'est moi le médecin, protesta-t-il en buvant une gorgée.
- Hmm… Mais pour l'instant, il n'est pas en état de se soigner.
- Je t'ai fait peur ?
- Un peu… Heureusement que je sais que tu peux perdre connaissance lorsque tu te concentres trop. Il semble que tu aies bien fait de venir, non ?
- Effectivement…

Shion raconta à son ami ce qu'il avait vu. Dohko l'écouta sans rien dire et attendit qu'il ait terminé pour parler.

- Les Ténèbres sont tranquilles depuis que ce jeune Roi a repris son trône. C'est étrange que les étoiles parlent de lui, finit-il par dire.
- Il doit être lié d'une quelconque manière à ce qui se prépare et ça ne me dit rien qui vaille…
- Les Ténèbres sont encore faibles. Nous ne risquons rien de ce côté-là… Ils sortent à peine d'une guerre civile, je ne crois pas que ce soit pour replonger dans un nouveau conflit.
- Un danger peut prendre bien des formes, tu le sais. Il faudra que je suive ça de plus près…
- Tu te sens mieux ?
- Parfaitement bien… La Reine Hilda pourrait peut-être m'aider, reprit-il après avoir bu quelques gorgées du breuvage. Elle n'a pas son pareil pour lire dans les étoiles.
- Envoie-lui un message, suggéra Dohko en rajustant son manteau autour de lui.
- Je le ferai dès notre retour, demain…
- Il faut nous reposer.
- Viens… A deux sous ces fourrures nous aurons plus chaud…

Le Maître d'Armes sourit au regard espiègle qui le provoquait. De toute évidence, Shion avait autre chose en tête que le repos, bien que la nuit fût avancée. Dohko avait tout autant envie que lui de faire l'amour, mais il était aussi le plus raisonnable des deux. Il parvint à convaincre son amant de patienter jusqu'au lendemain lui promettant, qu'une fois chez lui, il pourrait faire tout ce qu'il voudrait. Le Médecin lui adressa un regard énigmatique avant de se blottir contre la large épaule et de s'endormir rapidement d'un sommeil sans rêve. Dohko l'observa aussi longtemps qu'il put rester éveillé. Le visage de Shion avait une beauté surnaturelle à la lumière du feu et elle le fascinait. Ses paupières devinrent lourdes et il sombra à son tour dans un profond sommeil…

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Le lendemain, à peine les deux hommes franchirent-ils les portes de la ville qu'un garde les arrêta. Le Roi Mitsumasa avait requis la présence de Shion dans les plus brefs délais. Celui-ci fit un signe de la tête à son compagnon qui lui sourit avant de partir vers sa boutique. Le Médecin monta jusqu'au Palais de Marbre où il confia son cheval à un écuyer, devant l'entrée. Il traversa les salles et les couloirs, monta au premier étage et entra dans le bureau Royal sans même s'être fait annoncer. Le Roi avait bien dit dans les plus brefs délais et le respect du protocole lui aurait fait perdre du temps.

- Ah Shion ! Mon ami ! Je m'inquiétais ! lui dit le Souverain en lui désignant un siège aux côtés de deux autres hommes.
- Ministre Dégel, Seigneur Gabriel…
- Seigneur Shion…, firent-ils de concert.
- Les gardes t'ont cherché partout, poursuivit le Roi avec un léger reproche dans la voix.
- J'étais sur Star Hill…

Mitsumasa ravala les paroles qu'il allait prononcer, se figea un instant et lissa sa barbe blanche d'un geste gêné. Il savait parfaitement ce que cela signifiait. Si son conseiller était allé là-bas, ce n'était pas pour rien. Tout son mécontentement s'envola subitement et il se reprit.

- Nous en reparlerons… Pour l'instant, nous avons besoin de ton avis. Le Ministre Dégel a quelque chose d'important à nous apprendre. Voulez-vous répéter ce que vous venez de nous dire ?

L'homme avait passé la quarantaine et la portait bien. Ses longs cheveux d'un bleu canard tombaient sur ses larges épaules. Il avait de la prestance, une présence indéniable mais il paraissait se sentir un cran au-dessus des autres de part le regard bleu clair glacial qu'il posait sur son entourage. Un peu comme s'il regardait de vils insectes. La maîtrise qu'il avait de lui-même l'avait désigné tout naturellement pour le poste de Ministre des Renseignements. Et il avait retrouvé dans le Seigneur Gabriel les qualités nécessaires à un espion. A savoir, le sang-froid, l'intelligence, la rapidité d'analyse, la discrétion, la ruse. Lui-même avait été un espion efficace. Mais le jeune homme était bien plus doué que lui, il l'admettait volontiers.

- Bien sûr… Une de nos patrouilles nous a rapporté que certaines de nos terres, au sud-ouest, à la frontière avec le Royaume des Ténèbres, derrière la Cordillère du Zodiaque semblent être exploitées à nouveau. Le problème c'est que le Roi n'a rien ordonné dans ce sens et…
- … et je ne le ferai pas tant que nous serons en guerre. Il est hors de question que j'expose des populations aux dangers que peuvent représenter les incursions des soldats de l'Armée des Océans ! s'emporta le Souverain.
- Se peut-il que certains de vos sujets, jugeant la région calme, aient décidé de s'installer là-bas ? s'enquit Shion. S'ils exploitent les terres, la famine se fera moins sentir. Ils devront donner une partie de leurs récoltes aux plus démunis, déclara le Conseiller, sans vraiment comprendre l'inquiétude des trois hommes. Depuis quand cela dure-t-il ?
- Depuis le début de l'année. Il se peut que ce ne soit pas des gens de chez nous… assena le Seigneur Gabriel d'un ton calme et froid.
- Pas de chez nous ? Mais qui alors ? s'enquit encore le Médecin, qui avait du mal à comprendre la situation.
- Il est possible qu'il s'agisse de fermiers du Royaume des Ténèbres…, reprit le jeune homme.
- Quoi ?

Shion regarda les trois hommes tour à tour. Il était évident qu'ils en avaient déjà discuté. Il fut pris d'un vertige et glissa sa main devant ses yeux pour tenter de calmer la nausée qui lui soulevait l'estomac. Etait-ce cela que les étoiles voulaient lui montrer ? Des fermiers du Royaume des Ténèbres… Hadès…

- Seigneur Shion ? Vous vous sentez bien ?

Le Médecin releva la tête et planta ses yeux roses et durs dans le bleu glacial de ceux de Gabriel qui prirent une étrange expression. Shion caressa le médaillon qu'il portait au cou d'un geste machinal qui n'échappa pas au descendant de la Maison d'Aquarius.

- Ça va, merci. J'ai dormi à la belle étoile et je n'ai pas encore mangé.

Aussitôt, le Roi appela son Chambellan à qui il ordonna d'amener un repas à son Médecin. Tatsumi s'inclina et disparut comme il était venu, pour réapparaître un instant plus tard avec un plateau chargé de nourriture et un air offusqué sur le visage. Il n'était chargé que des repas du Roi, jusqu'à preuve du contraire. Pas de ceux de ses ministres ou de ses conseillers.

- Avez-vous l'intention de leur demander qui ils sont ? questionna-t-il à nouveau, en mangeant un morceau de pâté de chevreuil.
- Je suis partisan en effet de leur rendre une petite visite pour les sommer de quitter nos terres s'ils ne sont pas mes sujets, mais le Ministre n'est pas cet avis.
- S'il s'agit d'hommes et de femmes du Royaume des Ténèbres et que nous les chassons de chez nous, nous pourrions nous retrouver avec un second front, même si nous sommes dans notre droit, tenta d'expliquer le Duc de Verseau. Nous n'avons pas les hommes nécessaires pour affronter un second ennemi.
- Mais ils sont chez nous ! s'insurgea le Roi. De quel droit viendraient-ils se nourrir sur nos terres alors que mon peuple meurt de faim ?
- Majesté, puisque vous avez requis mon avis, je serais plutôt d'accord avec le Seigneur Dégel, intervint Shion d'un ton prudent. Peut-être devrions-nous attendre d'avoir plus d'informations.

Le Conseiller du Roi avait l'art et la manière de calmer l'emportement de son Roi. Mitsumasa avait un défaut, il se hâtait trop pour prendre des décisions et parfois, il mesurait mal l'ampleur de leurs conséquences. Mais aucun homme n'est parfait. Même un Roi.

- Quelle est votre idée ? soupira le Souverain en se tournant vers son Ministre des Renseignements.
- Déterminer d'abord qui ils sont de manière formelle et ensuite nous aviserons…
- Et si ce sont des sujets du Sanctuaire ? suggéra Shion.
- Alors nous les aiderons au mieux pour qu'ils produisent des récoltes abondantes, trancha le Roi. Mais je veux en être absolument certain. Aucun doute ne doit subsister quant à leur identité. Seigneur Dégel, je vous confie cette affaire. Menez-la rondement.

- Bien Majesté, répondit ce dernier en se levant, comprenant que la réunion était terminée, suivit de son agent.
- Encore une question… fit Shion sans regarder ses interlocuteurs, une expression pensive sur le visage. Qui que soient ses personnes, si elles se sont installées là, c'est qu'elles estiment être en sécurité. Alors Majesté, pourquoi ne pas encourager vos sujets à reprendre possession de leurs terres ?
- Il va de soi que je le ferai lorsque je serai certain que la région est tranquille. Shion, mon ami, tu as un moment ?
- Bien sûr…

Alors que le Ministre Dégel et le Seigneur Gabriel refermaient la porte du bureau Royal, Mitsumasa, s'assit dans son fauteuil et fit face à Shion qui terminait une coupe de vin.

- Tu te sens mieux ?
- Oui, merci Majesté.
- Alors… les étoiles ont-elles bavardes cette nuit ?
- Eh bien… c'est assez flou, commença Shion qui cherchait désespérément un moyen de ne pas lier ce qu'il venait d'apprendre avec le message des étoiles.

Il était persuadé que la découverte du patrouilleur Argol, n'était pas une coïncidence. Mais le Roi était quelqu'un qui se fiait aux messages du ciel et nul doute qu'il allait faire le rapprochement s'il lui parlait du Roi Hadès.

- Il semble qu'un danger nous menace mais c'est très… ce n'est pas net…commença-t-il, hésitant. Les étoiles m'ont montré le Souverain des Ténèbres… c'est lui qui semblait plus inquiété par ce danger…
- Rien de plus ? gronda le Roi, frustré par si peu de détails.
- Malheureusement non, Majesté. Mais j'ai l'intention d'envoyer un message à la Reine Hilda avec votre accord. Elle est experte dans la lecture des astres. Elle pourra peut-être m'aider…
- C'est une bonne idée… Fais-le sans tarder et tiens-moi informé. J'ai… j'ai moi aussi un message de la plus haute importance à envoyer, ajouta-t-il d'une voix sourde.
- Je vous préviendrai à la minute où j'aurai sa réponse, fit-il sans relever la dernière phrase du Roi. Puis-je me retirer ? Des malades ont besoin de mes soins.
- Oui. Merci, mon ami…

Il ne fit pas dix pas en sortant du bureau du Roi, qu'une voix, provenant d'un recoin du couloir, l'interpella.

- Dis-moi ce que tu ne lui as pas dit…
- Viens chez moi, ce soir après dîner, nous en parlerons.

Soudain, d'un geste vif, chacun arracha le pendentif qu'il avait au cou.

- C'est brulant ! s'écria Gabriel.
- C'est inquiétant, rétorqua le Magicien.

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The last crossing - Celtic Spirit
Au dispensaire, l'amputation de Kieran

Le Médecin gagna ses appartements et après s'être rafraîchi, il prit sa sacoche et descendit voir les malades. Ses assistants avaient déjà accompli une grande partie des soins de bases, il ne lui restait plus qu'à s'occuper des cas les plus difficiles. Et ce matin, après l'avoir rapidement examiné, il allait probablement devoir pratiquer une amputation sur un jeune garçon de treize ans. Le malheureux était tombé dans un petit ravin pendant le voyage qui l'amenait à Egide avec sa famille. Il avait une fracture ouverte de la jambe, juste au-dessus de la cheville, et fautes de soins immédiats et appropriés, la gangrène s'en était mêlée.

Il redéfit le pansement. La puanteur de la putréfaction qui se dégagea alors, lui donna une violente nausée, ainsi qu'à toutes les personnes présentes. Il jeta des plantes odoriférantes dans les braises et l'odeur fut plus supportable. Il réexamina plus attentivement la blessure et il prit la pleine mesure de sa gravité.

- Je ne peux pas soigner une telle blessure. Si je ne lui coupe pas la jambe, il mourra, dit-il d'une voix calme, pleine de compassion, à l'égard des parents.

A ces mots le garçon se débattit et se mit à crier. Non ! Il ne voulait pas qu'on lui coupe le pied. Ses parents le maintinrent de force malgré l'envie qu'ils avaient de s'enfuir avec lui. Ses hurlements s'entendirent jusqu'à l'extérieur. Quelques hommes entrèrent, inquiets et curieux, mais les gardes les empêchèrent d'aller plus loin.

L'homme et la femme se regardèrent et hochèrent la tête. C'était la seule façon pour que leur fils ait une chance de survivre. Mais la mère ne put en supporter d'avantage. Les cris de son fils eurent raison de son apparente confiance en son mari et en Shion. Elle voulut se lever pour protéger son enfant de son corps mais celui-ci la trahit et elle s'effondra sans connaissance. Aussitôt, des servantes s'occupèrent d'elle.

- Je ne veux pas le faire souffrir plus que nécessaire. J'utiliserai une hache pour que ce soit rapide et que la section soit nette et franche, chuchota-t-il au père pour ne pas être entendu du garçon. Le père se recroquevilla encore sur lui-même et prit son fils dans les bras qui s'accrocha désespérément à lui, ses grands yeux gris agrandis par la terreur. Bien sûr, son père était fort, il allait le protéger.

L'enfant fut installé sur la table d'auscultation. Il tremblait de peur et de douleur. La fièvre le menait parfois au bord du délire et de la perte de connaissance. Shion avisa Nya qui s'était jointe à l'équipe de soigneurs et lui fit signe de le rejoindre. Il lui expliqua ce qu'il allait faire. La mère s'écroula en pleurs et le père baissa la tête, les yeux remplis de désespoir.

Shion commença par faire boire une potion calmante à son patient qui se détendit quelques instants plus tard. Il en avait profité pour mettre une petite hache et un glaive à lame large dans les braises du foyer, tout proche..

- Vous n'êtes pas obligé de rester, poursuivit Shion en regardant l'homme. Il n'y a rien de plus insupportable que de voir son enfant souffrir et d'être impuissant à le soulager.
- Non, murmura celui-ci après un moment de silence, je dois rester près de lui. C'est mon fils…
- Très bien. Nya va chercher trois gardes, explique-leur pourquoi j'ai besoin d'eux, ils te suivront. Comment t'appelles-tu ? demanda Shion avec beaucoup de douceur au jeune garçon en se tournant vers lui.
- K… Kieran(1)…répondit-il, plus calme sous l'effet de l'infusion.
- Je sais que tu as très peur Kieran, poursuivit-il d'une voix douce et rassurante. Mais il faut bien que tu comprennes que si je ne le fais pas, tu mourras. Si je pouvais faire autrement, je t'en prie, crois-moi, je le ferai. Tu es prêt ?

Le garçon hocha la tête mais rien n'était plus faux. Bien évidemment qu'il n'était pas prêt. Comment se prépare-t-on à perdre un pied ? Mais quelque chose dans la voix et le regard du Médecin le mit en confiance et il but d'une traite la nouvelle potion que Shion lui donna. Quelques instants plus tard, il sombrait dans un profond sommeil.

La jeune femme s'éclipsa rapidement alors que le Médecin du Roi nettoyait au mieux la plaie pour en délimiter la hauteur sur la jambe. Dans son malheur, l'enfant avait eu de la chance. Shion décida qu'il couperait sous le genou, conservant ainsi l'articulation qui permettrait au garçon de se déplacer plus aisément, malgré tout. Le petit pourrait se faire poser une jambe de bois, et il devrait avoir une vie presque normale. Il en parlerait à Aliandro. C'était le meilleur ébéniste du Royaume et ce gamin méritait bien ce qu'il y avait de mieux. Nya revint avec trois hommes.

- Il va falloir lui tenir les bras, dit-il à l'un des soldats et au père. Nya tu tiendras sa tête. Toi, tiens sa jambe droite de toutes tes forces et toi, bloque sa cuisse. Ne vous appuyez pas sur sa poitrine, il doit pouvoir respirer sans gêne. Bien qu'il soit endormi, quand je couperai, il va se réveiller en hurlant. Il ne faut en aucun cas que sa jambe gauche bouge. Tout le monde a compris ?

Nya, le père et les trois gardes acquiescèrent. Le charisme naturel du Médecin en imposait à tout le monde. Dès qu'il ouvrait la bouche, on l'écoutait religieusement et il n'avait pas besoin de répéter ses paroles. Après avoir coincé un morceau de bois recouvert de cuir entre les dents de Kieran, Shion attrapa la petite hache et pria Asclépios.

- Je t'en supplie, aide-moi à sauver cet enfant innocent. Guide ma main !

Et il abattit la hache. Le garçon hurla et se débattit avec une force surprenante pour un gamin de son âge. Le sang gicla des artères sectionnées, aspergeant tous ceux qui l'entouraient. Shion prit le glaive dont la lame était rougie et l'appliqua à plat sur la plaie. Une odeur de chair brulée s'éleva, le grésillement les fit frémir d'horreur, l'enfant sombra dans l'inconscience. Nya plaça sa main sur la poitrine du gamin.

- Son cœur bat très vite… il ralentit…
- Bien, je vais faire le pansement. Allez tous vous laver soigneusement et vous changer, poursuivit-il à l'adresse des trois gardes et de Nya.
- Il… il va rester… longtemps… endormi ? demanda le père entre deux sanglots.
- Assez, oui. Tant qu'il dort, il ne souffre pas. A son réveil, il aura terriblement mal, mais pas comme s'il s'éveillait maintenant. Je vous donnerai de quoi le calmer.
- Il va vivre alors…
- Il devrait. Nous le saurons demain matin. Si la gangrène n'a pas trop infecté son sang, la fièvre tombera rapidement.
- Sinon ?
- Sinon, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le guérir, mais je ne peux rien vous garantir.

L'enfant fut couché sur une paillasse propre avec beaucoup de précaution et ses parents s'installèrent à son chevet, attendant qu'il se réveille, attendant que le miracle se produise.

- Votre fils… commença Shion en regardant le couple, son nom, est-ce un hasard ?
- Non, la guérisseuse qui a aidé ma femme à accoucher a été surprise en le voyant avec autant de cheveux noirs. Elle s'est écriée : " Kieran" et elle a souri. C'est une femme de grands pouvoirs, nous y avons vu un signe alors nous l'avons nommé ainsi, à cause de ses cheveux.

Le Médecin leur sourit et se retira, les laissant veiller leur enfant.

Shion se lava et changea de chemise et de tablier. Il resta un long moment les mains appuyées de chaque côté du bassin, le menton contre sa poitrine, le corps parcourut de tremblements. Il enrageait. Cette guerre… Ce jeune garçon était une victime indirecte de cette guerre. Pour fuir les terres menacées, sa famille était venue jusqu'à Egide pour s'y réfugier. Et lui, il perdait un pied, bêtement. Oh, rien ne dit que ça ne lui serait pas arrivé s'il était resté chez lui, mais il y aurait eu sur place un guérisseur qui aurait immédiatement su quoi faire. Alors que là, le pauvre avait voyagé cinq jours avec cette blessure qui avait fini par s'infecter et par mettre sa vie en danger. Sans parler de la souffrance. Cette guerre ne cesserait-elle donc jamais ?

- Nya ? appela-t-il en voyant passer la jeune femme.
- Oui, Seigneur Shion ?
- Tu as été remarquable, tu sais t'y prendre avec les patients. As-tu réfléchi à ma proposition ?
- Je crois… Oui, je crois que je vais l'accepter. Depuis hier, j'aide les servantes à soigner les malades. Elles sont très gentilles et m'expliquent bien ce que je dois faire et ça m'empêche de… Je pense moins à Roan et ma douleur est plus supportable. Mais dès que je m'arrête…
- Laisse faire le temps, fais-lui confiance, il atténuera ta peine. Tu veux bien m'aider alors ?
- Oui.
- Très bien. Je vais passez voir Brendan pour savoir si sa gencive cicatrise, ensuite nous irons nous occuper de ceux qui sont dehors. Mais avant, peux-tu porter ceci à Dohko, le Maître d'Armes ? Sois discrète, s'il te plait. Et remets-le-lui en main propre.

Il lui tendit un petit parchemin scellé qu'elle fit disparaître dans un repli de sa jupe et s'évanouit dans la foule qui se pressait sur la place-dortoir.

- Il ne m'a donné aucune réponse, Seigneur Shion, fit la jeune femme en le rejoignant plus tard, son message remis, sous la tente qui servait de lieu d'auscultation. Et il a brulé le parchemin.
- Je n'en attendais pas et il a fait ce qu'il devait. Viens, j'aimerais que tu défasses ce pansement et que tu désinfectes la plaie…

Tandis qu'elle s'exécutait avec beaucoup de délicatesse, le Médecin du Roi l'observa attentivement. Elle n'était pas encore très rapide, mais ses gestes étaient précis, un peu hésitants, et il mit cela sur le compte de sa crainte de faire mal. Que ce soit au blessé, ou bien en n'accomplissant pas correctement la manœuvre.

Elle désinfecta la plaie précautionneusement comme le lui avaient montré les servantes et regarda le patient. Il souriait. Elle lui rendit son sourire qui s'agrandit encore lorsqu'elle vit celui de Shion.

- C'est parfait, Nya. Je vais le soigner et faire un pansement propre.

Il savait que cet encouragement inciterait la jeune femme à poursuivre avec lui et à confiner sa peine et sa douleur dans un coin de son esprit et de son cœur. Pendant qu'elle s'occupait des autres, elle pensait moins à sa petite Roan. Il savait que la petite fille faisait partie des défunts qui seraient incinérés le lendemain soir et il se promit d'être aux côtés de Nya pour la soutenir.

- Comment va la dent de Brendan ? lui demanda-t-elle alors, qu'il était penché sur la blessure.
- Bien. Sa joue a déjà désenflée, répondit-il avec un sourire qu'elle ne put voir. Tu pourras lui rendre visite, si tu veux, lorsque nous aurons terminé.

Il ne la vit pas rougir, mais l'imagina aisément en voyant son patient sourire. Lui la regardait et la réaction de la jeune femme l'amusa.

- Voilà, c'est terminé. Je te verrai dans deux jours.
- Merci Seigneur Shion, fit l'homme en se levant et en quittant les lieux vers sa tente.
- Maintenant, nous allons nous occuper de ceux qui sont atteints de la gale. Tu vas m'aider à administrer les onguents…

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Shion avait regagné ses appartements bien après le coucher du soleil. Il avait mangé du bout des dents, incapable de penser à autre chose qu'au message des étoiles et aux révélations faites par le Ministre des Renseignements. Il s'était concentré sur les soins, pensant également à Kieran et maintenant, il ressentait toute la tension qui l'avait assaillie tout au long de la journée et qu'il avait tenté d'ignorer avec plus ou moins de succès. Sans parler de la chaleur assez vive que dégageait son médaillon. Et ça, ça l'inquiétait beaucoup. Assis dans un fauteuil devant la cheminée, son esprit travaillait à plein régime. Un coup à sa porte le sortit de ses pensées.

- Entre, fit-il à Gabriel en s'effaçant.

Il allait refermer lorsque que Dohko arriva. Il leur servit une infusion à base de menthe et de verveine et vint s'asseoir auprès d'eux, silencieux, ne sachant pas par où commencer.

- Ton message de venir chez toi était un ordre déguisé ou je ne m'y connais pas, déclara le Maître d'Armes, avec un petit sourire. Que se passe-t-il ?
- Gabriel ?

Le jeune homme raconta dans les moindres détails l'entretien qu'ils avaient eu avec le Roi et le Ministre Dégel. Dohko écouta attentivement, sans dire un mot.

- Tu crois que ces faits et ton interprétation sur Star Hill sont liés ? finit-il par demander.
- J'en suis persuadé. Mais je n'arrive pas à les rattacher logiquement. D'un côté, s'il s'agit bien de gens des Ténèbres qui occupent nos terres, que vient faire le "vaincu mais pas perdant" pour Hadès ?
- Peut-être que nous allons récupérer nos terres, Hadès est vaincu, mais il aura eu le temps de largement les exploiter pour son compte, il n'est pas perdant, tenta d'échafauder Gabriel.
- Dans l'hypothèse où il s'agit bien des Ténèbres… murmura Dohko, pensif.
- Qu'est-ce qui te fait penser que ce sont des gens de là-bas ? demanda enfin Shion, ce qu'il n'avait pas voulu faire devant le Roi et le Ministre.
- Aucune idée, ce n'est qu'une intuition…
- Et elles sont souvent justes…, soupira Dohko.
- Et si ce sont des sujets du Sanctuaire, les deux faits n'ont aucun lien entre eux, reprit Shion.
- Je crois qu'il est inutile de se torturer l'esprit plus avant, reprit le Maître d'Armes. Envoie un message à la Reine Hilda et attend de voir ce qu'elle te répondra. Elle sera peut-être plus précise que toi dans sa lecture.
- Gabriel, quand comptes-tu y aller ?
- Le plus tôt possible. Le Ministre m'a donné carte blanche. Je pense partir demain, à la tombée de la nuit.
- Sois prudent surtout, tu sais que le Roi peut avoir besoin de toi, lui recommanda Shion.
- J'espère que ça ne sera pas nécessaire…
- Lorsque tu reviendras, contacte-moi avant de voir Dégel et le Roi. Je viendrai à ta rencontre. Tu sais comment faire ?
- Bien sûr, ne t'inquiète pas. Je vous laisse, j'ai des préparatifs à faire. Je dois aussi assurer la classe pour que personne ne se doute de rien, à commencer par mes élèves.
- Ils sont toujours aussi difficiles ? lui demanda Dohko en souriant.
- Pas tous… Certains ont même un réel potentiel pour être plus tard des personnages importants du Royaume. Shaka s'occupera d'eux pendant mon absence. Veux-tu que je lui parle de tout ça ?
- Oui, bien sûr. Pas facile d'être précepteur et premier espion du Roi, hein ? sourit amicalement Shion.
- Non, effectivement…
- Shion, tu ne nous as pas dit pourquoi nos médaillons sont brulants, fit Dohko avec un regard perçant.
- Vous ressentez la Magie, mais pas autant que moi. Les Forces Magiques sont très agitées. Comme si quelque chose venait de s'éveiller et les déstabilisaient. Quelque chose qui était endormie depuis très, très longtemps. C'est la sensation que j'ai mais je n'en sais pas plus.
- Ne peux-tu savoir ?
- Non. Je ressens et j'utilise la Magie, c'est tout. Dites-le aux autres s'ils vous posent la question.
- Très bien. Bonne nuit, les salua le jeune homme d'un air résigné.
- Bonne nuit, Gabriel. Sois prudent, répéta encore le Médecin.

Lorsqu'ils furent seuls, Dohko et Shion restèrent un long moment silencieux. Chacun tentait, tant bien que mal, d'ajuster les pièces encore peu nombreuses de cette énigme. Mais quel que soit le sens dans lequel ils les plaçaient, le schéma ne voulait rien dire. Pour l'instant, il n'y avait que trois choses à faire : envoyer un message à la Reine Hilda d'Asgard, attendre sa réponse, patienter jusqu'au retour de Gabriel. Après, il serait temps d'aviser et d'agir si cela s'avérait judicieux.

Arthur's farewell - David et Diane Arkenstone
Scène entre Shion et Dohko

Dohko reprit pied dans la réalité en sentant deux mains se poser sur ses genoux. Il leva les yeux et croisa le regard rose rendu fuchsia à la lueur du feu.

- Fais-moi oublier tout ça, murmura Shion.

Dohko s'avança et prit le visage qu'il aimait tant entre ses mains et embrassa les lèvres entrouvertes. Shion soupira et répondit passionnément à ce contact. Ils se séparèrent et se regardèrent intensément. Puis le Maître d' Armes se leva et, prenant la main de son amant, il l'entraîna vers la chambre de celui-ci. Il se retourna et passa tendrement ses doigts sur la joue où une barbe de deux jours commençait à se voir, puis il le prit dans ses bras. Shion se serra d'avantage contre lui, savourant cette douce étreinte, le visage dans le cou chaud. Ils restèrent un très long moment ainsi, sans bouger ou presque, juste l'un contre l'autre. Le Médecin fut le premier à réagir en faisant remonter ses mains le long du dos de Dohko qui commença à le dévêtir. Shion voulu l'aider.

- Laisse-moi faire, murmura son amant. Je m'occupe de tout…

Alors Shion obéit. Il n'avait plus la force d'opposer une quelconque résistance. Son esprit capitulait face aux agréables sensations qui entamaient l'invasion de son corps et de ses sens. C'est à peine s'il réalisa qu'ils étaient nus. Il noua ses bras autour du cou de Dohko et le laissa faire. La veille pourtant, c'est lui qui lui avait promis qu'il pourrait faire tout ce qu'il voulait, mais là, il en était incapable. Il préféra remettre à plus tard les idées qui lui avaient traversées l'esprit à ce moment-là.

Allongé sur son lit, il sentit le poids de Dohko sur lui. La caresse de leur peau lui arracha un adorable gémissement immédiatement recueilli par des lèvres chaudes et aimantes. Le Maître d'Armes se pressait contre ce corps qu'il aimait plus que tout. Enfin, contre sa cuisse, il sentit une réaction à ses caresses. Ne se lassant pas des soupirs qu'il entendait, il s'évertua à les rendre plus forts, plus fréquents. Après avoir embrassé chaque recoin du cou, des épaules, du torse, il prit un téton entre ses lèvres pour le torturer de la plus exquise des façons alors que d'une main, il caressait l'entrejambe, s'aventurant de temps à autre sur l'intimité. Shion devenait fou. Le plaisir qui parcourait son corps lui faisait oublier tout ce qui n'était pas Dohko. Les perles de son torse étaient devenues d'une sensibilité douloureuse mais il aimait ça. Son excitation s'accentua quand, en soulevant la tête, il vit son amant lécher son ventre tout en le caressant. De lui-même, il écarta ses cuisses musculeuses, invitant le Maître d'Armes à plus d'audace. Un cri franchit ses lèvres lorsqu'il se vit disparaître dans la bouche humide. Il agrippa les cheveux de Dohko, s'enfonça brutalement jusqu'au fond de sa gorge et ne bougea plus. Puis il le laissa faire tout en le regardant. Son sexe entrait et sortait du chaud fourreau tandis qu'une main effleurait les testicules avec beaucoup de savoir-faire.

- Plus vite… souffla-t-il en reversant la tête en arrière, laissant échapper un long râle de plaisir.

Dohko le vit caresser sa poitrine et ses tétons. Il les pinçait douloureusement et le Maître d'Armes compris alors que son amant voulait que leur corps à corps soit brutal. Il n'aspirait qu'à l'oubli total dans la sauvagerie dont il savait Dohko capable. Qu'à cela ne tienne, il allait exaucer son souhait. Il pensait que leur étreinte serait au contraire beaucoup plus tendre et sensuelle, mais à l'évidence, il se trompait. Il se releva et se plaça à califourchon sur le torse de Shion, lui présentant sa virilité arrogante et impatiente. Le Médecin ne se pas fit prier. Il plaqua ses mains sur les fesses dures et engloutit le membre jusqu'à la garde. Son amant gémit de plaisir et donna quelques coups de hanches afin de bien établir les rôles. Dohko menait le jeu, Shion se soumettait. Le Maître d'Armes passa un bras derrière lui, à la recherche du sexe palpitant qui pulsait impatiemment, attendant qu'on s'occupe de lui. Il attrapa à pleine main le phallus et les testicules qu'il serra jusqu'à ce qu'un gémissement étouffé, plus fort que les autres lui indique d'arrêter. Il entama une folle torture, non dénuée de délicatesse, mais assez rude et les ahanements qui lui parvenaient l'encourageaient à poursuivre ainsi.

- Dohko… ouiii…
- Tu veux que… aah… que je continue… hmm… comme… comme ça…
- Encore… plus…

Le Maître d'Armes délaissa la bouche pour préparer Shion à sa venue. Ce qu'il fit de façon brusque, mais tout en prenant soin de ne pas blesser son amant. Il savait jusqu'où il pouvait aller, ce que le Médecin était capable d'accepter. Il écarta les chairs avec ses doigts écoutant les cris de plaisir, presque d'agonie. N'y tenant plus, il se plaça entre les cuisses, présenta son sexe raide et gonflé de désir devant cet antre affamé et le pénétra d'un seul coup de hanches.

Shion se figea, ouvrit grands les yeux et dans un réflexe, se redressa et s'accrocha aux épaules puissantes. Mais son amant le repoussa et commença à se mouvoir avec l'attitude d'un homme qui ne pense qu'à son plaisir. Ses mouvements étaient lents mais puissants. Il délaissait ce corps avec indolence pour y replonger avec une ardeur qui frisait l'agressivité.

- Oh ouiiiii… Oui… comme ça… c'est booon… criait Shion en s'agrippant à lui.

Il allait à la rencontre de son amant, espérant par ce geste augmenter les sensations inouïes qui le comblaient au-delà des mots. Dohko poursuivit ainsi aussi longtemps qu'il le put avant de commencer à accuser la fatigue. Comme s'il l'avait senti, le Médecin le stoppa puis le fit allonger sur le dos pour le chevaucher. La violence de leur étreinte ne remettait pas en doute leurs sentiments. Chacun offrait à l'autre ce dont il avait besoin à ce moment précis. Et pour l'instant, Shion ne voulait penser à rien, quant au Maître d'Armes, seul comptait pour lui, les désirs de son amant. Le Médecin avait besoin de quelque chose de plus fort que ses pensées pour que son esprit se détourne de son centre d'inquiétude. Et Dohko était en train de lui offrir cela, l'apaisement de l'esprit par l'exaltation du corps.

Il ondula sur les hanches de son amant, le projetant plus loin encore en lui, toujours plus loin. Dohko le sentant arriver au point de rupture, prit son sexe en main et le masturba énergiquement. Lui-même avait du mal à se contenir encore. Leurs cris de jouissance se mêlèrent, s'élevant à l'unisson, dans la chambre. Shion se répandit sur le ventre et le torse de Dohko qui se libéra au plus profond de son corps. Le Médecin s'écroula sur lui, au bord de l'évanouissement. Leurs corps luisaient d'une sueur musquée, faisant ressortir leurs musculatures à la lumière des flammes de l'âtre. Les yeux dans les yeux, ils reprenaient doucement pied dans la réalité. Leurs respirations s'apaisèrent, un sourire se dessina sur leurs lèvres qui se joignirent pour un baiser profond. Toute cette violence érotique mourut aussi vite qu'elle était née, laissant la place à des sentiments purs, profonds et réciproques, empreints de douceur, de respect et de tendresse.

- Je t'aime…
- Moi aussi, je t'aime Shion…, affirma encore le Maître d'Armes en serrant son amant contre lui.
- J'adore quand tu me fais l'amour comme ça…
- Je sais… Mais c'est bien aussi quand c'est plus doux…
- Oui, c'est bien aussi… Comment savais-tu que c'était ce que je voulais ?
- Je te connais…, répondit Dohko, d'un air taquin.
- Reste avec moi, cette nuit.
- Cette nuit et toutes les autres si tu veux…

Ils s'endormirent enfin, heureux d'accéder à un repos bien mérité.

Ooooo00000ooooO

A son réveil, Shion trouva un petit bout de parchemin posé sur les fourrures, couvert d'une écriture qu'il aurait reconnu entre des centaines. " Passe une bonne journée. Je t'aime. D "

Une bonne journée… Oui, Shion espérait de tout son cœur qu'elle le serait. La nuit qu'il avait passé avec Dohko avait eu l'effet escompté et il avait l'esprit plus serein. Après avoir fait un brin de toilette, il mangea un peu, bu une infusion tonifiante, s'habilla et descendit au dispensaire, sa sacoche à médecines sur l'épaule. Pour l'instant, ce qui le préoccupait le plus était l'état du jeune garçon qu'il avait amputé la veille.

Le Médecin se rendit immédiatement au chevet du jeune Kieran qui dormait toujours. Il posa sa main sur le front et sourit aux parents qui le regardaient faire, anxieux.

- La fièvre est tombée, murmura-t-il. C'était elle la plus dangereuse. Comment a-t-il dormi ?
- Il s'est agité, mais vos assistants de nuit nous ont dit que c'était normal.
- Bien. Je vais vous donner une préparation contre la douleur. Lorsqu'il s'éveillera, il aura mal et il devra la boire sans perdre de temps. C'est un remède puissant qui le fera somnoler. Il ne faudra pas vous inquiéter.

Il les laissa et s'installa dans son coin où les premiers malades attendaient déjà. De loin, il vit Nya qui le rejoint.

- Bonjour Seigneur Shion.
- Bonjour Nya. Tu es prête pour m'assister ?
- Oui.
- Bien.

Pendant toute la matinée, il l'observa du coin de l'œil. Elle était silencieuse, ne parlait que si c'était nécessaire. Elle semblait avoir pris le temps de se laver et de changer de vêtements. Elle portait une robe simple en toile de bure, de couleur marron comme l'écorce des pins, avec un tablier en coton écru. Elle avait noué ses longs cheveux noirs en une lourde tresse qui lui tombait jusqu'au creux des reins. Puis soudain, il se rappela que le soir même, elle devait assister aux funérailles de sa petite fille. Il comprit mieux ses efforts. Elle voulait faire honneur à son enfant, être une jolie maman. Brusquement un cri attira l'attention de tout le monde. Kieran venait de se réveiller.

Shion courut jusqu'à lui, et tandis que sa mère tentait de le calmer, le Médecin du Roi, réussit à lui faire boire la potion contre la douleur. Peu de temps après, le garçon se rendormait permettant ainsi à Shion de refaire le pansement et de s'assurer qu'aucune infection ne menaçait la cicatrisation.

L'esprit tranquille concernant ce malade, il poursuivit sa tâche. Kieran se réveilla à plusieurs reprises dans la journée et il semblait plus lucide à chaque fois.

- Il faut qu'il se nourrisse, dit le Médecin en faisant signe à une servante de le rejoindre. Apporte du bouillon chaud avec du pain.
- Bien, Seigneur Shion.
- La guérison passe aussi par le ventre, sourit-il à l'adresse des parents. Son corps a besoin d'énergie. Donnez-lui tout ce qu'il pourra avaler et faites-le boire souvent de cette préparation. Elle aide le corps à lutter contre l'infection, de l'intérieur.

La journée passa sans que de nouveaux cas graves ne se présentent. Alors oui, tout en regagnant son appartement, Shion considéra que la journée avait été bonne. Pendant qu'il se changeait, il regarda par la fenêtre. Le soleil allait bientôt se coucher, le moment des bûchers funéraires approchait. Il avait décidé lui aussi d'honorer la petite Roan et s'habilla avec plus d'élégance que d'ordinaire. Il choisit un pantalon de laine noire, une épaisse chemise blanche, un pourpoint en cuir. Il fixa son baudrier avec son épée et sa dague autour de sa taille et termina sa mise en s'enveloppant dans un grand manteau d'épais velours à la capuche et aux épaules doublés de fourrure d'hermine. Ses longs cheveux vert pâles flottant derrière lui, il se rendit à l'endroit où les buchers avaient été montés, un peu à l'écart de la ville, à l'extérieur des remparts. Il n'y avait que quatre corps ce soir. Parfois, il y en avait plus. Un homme, une femme âgée et deux enfants en bas âge.

Ou Sube a Terra Ou Baixa O Ceo - Fia Na Roca
Buchers funéraires

Shion repéra immédiatement Nya et l'autre mère dans la foule silencieuse. La jeune femme portait la même robe et s'était couverte d'un long manteau noir. Il ne voyait pas bien son visage, en partie caché par la capuche qu'elle avait rabattu sur sa tête, mais il devinait sans peine, la douleur qui devait déformer ses traits. Il louvoya entre les gens et se retrouva près d'elle. Nya sursauta en sentant une main sur son épaule et leva ses grands yeux ambre remplis de larmes vers le Médecin qui lui sourit doucement.

Face à eux, le bûcher fait de rondin de bois avait été enduit de poix pour permettre une inflammation quasi immédiate. Au sommet, sur la table, les quatre corps étaient allongés, enroulés dans des linceuls d'un blanc éclatant. Des gardes parfaitement alignés, tenaient des flambeaux. Un homme à cheval arriva. Il brandit un arc, enflamma sa flèche à l'une des torches, l'encocha et la tira vers le bucher. Aussitôt, ce fut l'embrasement. Une rumeur de surprise parcourut le peuple.

- C'est un honneur qui vient d'être fait à ta fille et ceux qui l'accompagnent, murmura Shion à l'oreille de Nya.
- Comment ça ?
- La flèche a été tirée par le Maître Archer du Roi, Aïoros. C'est sa façon d'honorer ceux qui nous ont quittés. Malheureusement, il n'est pas toujours disponible…
- Alors je dois le remercier…
- Ne t'inquiète pas de ça. Pour l'instant, le mieux que tu aies à faire c'est de laisser tes larmes couler et de pleurer ta fille.

C'est alors qu'elle remarqua, tout près d'elle, des personnes qui sanglotaient. Des proches des défunts certainement. Elle aperçut l'autre maman appuyée sur une femme plus âgée. Nya tourna son beau regard vers le Médecin et éclata en pleurs. Shion la prit dans ses bras et la berça comme un enfant, attendant patiemment qu'elle finisse par se calmer.

- Shion ?

Il tourna la tête et vit Dohko. Du menton, il lui désigna le bucher. Le Maître d'Armes acquiesça de la tête et resta près de son amant. Aïoros leur adressa un signe de la main avant de repartir vers la ville.

Nya regarda les flammes du bûcher qui emportaient avec elles le corps de sa petite Roan. Elle sentait encore son odeur de bébé, elle entendait toujours ses gazouillis joyeux ou ses pleurs. Elle sentait contre son sein, la chaleur de son petit corps potelé quand elle la nourrissait, elle voyait son joli visage paisible lorsqu'elle dormait. Et devant elle, les flammes ardentes lui disaient clairement que tout ceci ne serait plus désormais que des souvenirs. Ses sanglots redoublèrent.

Finalement elle se laissa emmener par les deux hommes qui la soutenaient. Lentement, ils regagnèrent la ville. Ils n'étaient qu'à peu de distance de la porte lorsqu'un galop les fit ralentir. Un cavalier et sa monture passèrent devant eux à vive allure. Ils ne purent voir son visage, mais Shion et Dohko reconnurent Aurora, la jument Orlov blanche de Gabriel, en partie couverte par le manteau de son maître. Celui-ci venait de partir pour sa mission, sur la route du sud…

Ooooo00000ooooO

Dohko les laissa devant chez lui et le Médecin raccompagna Nya jusqu'à la chambre qui lui avait été attribuée, pas très loin du dispensaire. En fait de chambre, il s'agissait d'un dortoir occupée par les servantes qui aidaient aux soins des malades. Il la confia à une aide-soignante de nuit, insistant bien pour qu'elle veille sur la jeune femme, puis il rentra chez lui.

A la lueur d'une unique chandelle et des flammes de la cheminée, il s'assit à la table où il posa un parchemin, une plume et un encrier. Il n'avait que trop remis l'écriture de cette lettre. 

" A l'attention de la Souveraine du Royaume d'Asgard, Hilda de Polaris, 

Majesté, 

J'espère de tout cœur, que cette lettre vous trouvera en excellente santé.

Je viens à vous non pas en tant que Médecin du Roi, mais en tant que Magicien s'adressant à son pair.

J'ai lu un message dans les étoiles qui m'inquiète. Je n'ai malheureusement pas pu interpréter beaucoup plus de détails supplémentaires en dehors de la trame visible et évidente. C'est pourquoi j'ai besoin de votre aide. Votre science dans la lecture des astres étant très supérieure à la mienne, il est fort probable que vous ayez vu des alignements qui m'auront échappés.

C'est avec humilité et la plus grande déférence que je vous supplie d'apporter la lumière dans la nuit dont mon esprit est envahi depuis ce que j'ai découvert. J'ai aussi perçu des fluctuations dans les Forces Magiques et ça ne fait qu'intensifier mon angoisse.

Je crains que certains faits que votre Ambassadeur vous rapportera et ce message ne soient liés. Il est également très possible que mes craintes altèrent mon interprétation.

Je reste dans l'attente fébrile de votre réponse et vous adresse tous mes respects. 

Shion, Chevalier de Jamir, Médecin et Conseiller Privé de Sa Majesté Mitsumasa, Souverain du Royaume du Sanctuaire." 

Quand l'encre fut sèche, il fit couler une goutte de cire rouge au bas du message sur laquelle il apposa son sceau. Il le roula et le scella à nouveau de la même façon. Ensuite, il le plaça dans un endroit sûr et put enfin se coucher. La fatigue eut raison de lui en quelques instants.

Ooooo00000ooooO

Aux aurores, il s'éveilla avec un sentiment d'urgence à l'esprit. Il se prépara comme à son habitude et, au lieu de se rendre au dispensaire, il se dirigea vers l'office des hérauts. Il y régnait un désordre indescriptible. Avisant un homme encore endormi, il s'en approcha.

- Okko… fit-il doucement en remuant l'homme par l'épaule, le faisant sursauter.
- Seigneur Shion ? marmonna celui-ci encore dans les brumes du sommeil.
- J'ai besoin de toi…
- Hmm… pitié… je viens à peine d'arriver du front…
- Je suis désolé, mais tu es le seul en qui j'ai confiance pour cette mission.

Pour le coup tout à fait réveillé, le héraut s'assit sur sa paillasse et fixa le Médecin.

- Vous n'êtes pas du genre à déranger les gens pour rien. Que puis-je faire pour vous servir ?
- Habille-toi et viens me rejoindre dans la salle à manger.

Le jeune homme frotta vigoureusement ses cheveux bruns hirsutes et se leva. Il se vêtit et rejoignit Shion. Celui-ci l'attendait devant un plat rempli d'une soupe de haricots rouges. Le genre de nourriture qui vous plombe le corps pour la journée. Il s'assit devant son visiteur et commença à manger.

- Je veux que tu délivres une lettre à la Reine Hilda… en personne !
- Hilda ? A Asgard ? s'écria le jeune homme, manquant de s'étouffer avec un haricot.
- Moins fort, idiot ! Oui, à Asgard.
- Seigneur Shion, pourquoi moi ? Il fait terriblement froid là-bas ! se lamenta Okko avec une mine dépitée sur laquelle il comptait pour attendrir son interlocuteur. Peine perdue.
- Je te l'ai dit, tu es le seul en qui j'ai totalement confiance. Et dis-toi que c'est une mission ordonnée par ton Roi. C'est lui qui m'a demandé d'écrire ce courrier.
- Fort bien, répondit le messager après avoir pris le temps de terminer sa soupe et de descendre d'une traite un pichet de vin. Si le Roi l'ordonne, je n'ai qu'à obéir avec fierté et reconnaissance.

Shion sourit, sortit le parchemin de sa manche et le lui tendit.

- N'oublie pas ! En main propre à la Reine. Ton statut de héraut te permettra d'être introduit auprès d'elle.
- Dois-je attendre une réponse de sa part ?
- C'est possible, elle te le confirmera. Maintenant, va ! Fais au plus vite ! De ta rapidité dépend peut-être l'avenir du Royaume…

Okko regarda le Médecin sortir de la salle. Il ne manquait plus que ça ! Il ressentit brusquement le poids des paroles de Shion et se sentit très las. Pourtant, il se prépara sans tarder.

Les premiers rayons du soleil caressaient à peine les plus hautes tours du Palais de Marbre lorsqu'il franchit les remparts. Il éperonna son cheval qui s'élança au triple galop, sur la route du nord…

A suivre…

17 18 19 21

 

>> Chapitre 5 >>

 

(1) Prénoms Celtes d'origine irlandaise.

 

(2) Etoupe issue du travail du lin. Source Wikipédia

Maoken, cheval de Saga à la robe rouan bleue. C'est un cheval de race ONC (origines non constatées) Moi je dirai dans l'histoire qu'il est un mélange d'Andalou et de pur-sang Arabe pour lui donner quand même un certain statut. ^^

Le Glouton ( Gulo gulo ), aussi appelé Carcajou en Amérique du Nord, est une espèce de mammifère omnivore, mais dans une plus grande mesure carnivore, de la famille des mustélidés. Il ressemble à un petit ours (10 à 15 kg) ayant une queue velue. Sa fourrure est dense et ne retient pas l'eau, ce qui lui permet de résister aux grands froids de son habitat . Il mesure de 75 à 110 cm. Il a une tête ronde et large, de petits yeux et des oreilles courtes et arrondies. Ses pattes sont courtes et robustes et chaque pied compte cinq orteils. Ses longues griffes sont courbées et semi-rétractiles, il peut donc les rentrer partiellement. Elles servent à grimper et à creuser. Ses dents sont solides. Les mâles adultes pèsent de 12 à 18 kg. Les femelles pèsent 8 à 12 kg. Les gloutons du nord sont généralement plus gros que ceux du sud. On reconnaît le glouton grâce à son masque facial et sa queue touffue. Au Canada, il est qualifié d' "animal le plus féroce du Grand Nord". Il peut être très dangereux.


Aurora, la jument blanche de Camus de race Orlov originaire de Russie.

 

Le Palais de Marbre

dans la Cité d'Egide.
Une aiguière et son bassin. Certaines étaient en bronze ou en fer, d'autres en argent ou même en or. On versait l'eau dans le bassin et on s'aspergeait le visage et les mains.

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