![]() |
|
|
|
LA LEGENDE DES QUATRE ROYAUMES... |
|
Disclaimer : Tout l'univers de Saint Seiya que vous reconnaîtrez aisément appartient à Masami Kurumada. L'auteur n'en retire aucun profit si ce n'est le plaisir d'écrire et d'être lue. Les personnages de la mythologie appartiennent à tout le monde et les autres, ceux que vous ne connaissez pas, appartiennent à l'auteur. Betalecteur : Gajin, Frasyl et Hyma. J'espère que vous aimerez... |
Carte de ce monde |
Avant de commencer la lecture du chapitre, cherche les lecteurs de la page en la faisant défiler. Clique ici pour écouter toutes les musiques
Chapitre 15
Année 10219 de la Licorne, mois de mars, Royaume d'Amazia… Le Royaume d'Amazia était une terre bénie des Dieux. Des siècles d'exploitation contrôlée avaient permis au peuple des Amazones de vivre en quasi autarcie. Elles produisaient leur nourriture, tissaient leurs tissus pour confectionner leurs vêtements et décorer leurs maisons. D'immenses troupeaux de chevaux sauvages parcouraient les vastes plaines, couvertes d'une herbe grasse, attendant d'être capturés et dressés pour le combat ou l'agriculture. Elles vendaient beaucoup de leur production et achetaient peu. Amazia était riche. Le caractère belliqueux des Amazones leur avait interdit pendant longtemps d'être un peuple uni. De nombreux clans s'affrontaient pour un bout de terre, un troupeau de chevaux ou des esclaves. Il avait fallu l'arrivée d'une femme hors du commun pour que ces guerres intestines prennent fin. Prénommée Antiope, comme la Reine actuelle, elle avait fédéré les toutes les tribus. Le Royaume des Amazones était né. Les différentes Souveraines qui se succédèrent sur le trône ne moururent pas toutes de leur belle mort. Il arriva souvent qu'une princesse héritière impatiente, ou n'appréciant pas la façon de gouverner de sa mère, se débarrasse d'elle tout simplement pour prendre sa place. Le régicide était presque une institution pour ses femmes. Et il n'était pas puni par leurs lois. Bien évidemment, les actes de vengeance étaient tout aussi nombreux que ces assassinats. Chaque Reine, en montant sur le trône, savait qu'elle aurait à s'entourer de personnes de confiance. Faute de quoi, il y avait de grandes chances qu'elle soit rapidement remplacée. Mais les règnes ne se déroulaient pas toujours ainsi. Il y eut de grandes Reines qui dirigèrent leur pays plus de quarante ans. D'autres, quelques mois. Mais le Royaume continuait à prospérer et c'était ce qui importait. Plus ou moins vite, selon les capacités de gestionnaire de son dirigeant, plus ou moins bien, mais toujours, les coffres de l'état étaient remplis. Et aujourd'hui, la Reine Antiope sentait peser une menace sur elle. Elle avait des ennemis, elle le savait. Et elle faisait presque des paris pour savoir lequel frapperait le premier. Ce jour-là, après le Conseil Royal, elle décida de s'aérer l'esprit. Il y avait beaucoup de choses auxquelles elle devait penser et une promenade à cheval lui ferait le plus grand bien. Revêtue de sa brigandine et sa cape sur les épaules, elle partit en direction des plaines, au sud-ouest de son Palais. Après être sortie des derniers faubourgs d'Antianeira, la capitale, des prairies à perte de vue lui tendaient les bras. Elle mit son cheval au petit galop et s'éloigna dans la campagne. Dans les champs, elle voyait des hommes qui labouraient la terre, taillaient les arbres fruitiers ou conduisaient les troupeaux dans les pâturages. Plus loin, un groupe d'Amazones poursuivaient des chevaux sauvages pour les capturer et les dresser. L'idéal était d'attraper une jument et le poulain suivait naturellement sa mère. Par contre il fallait isoler l'étalon dominant pour ne pas qu'il vienne au secours des femelles. Antiope s'arrêta et les regarda. C'était un spectacle dont elle ne se lassait pas. Elle croisa un groupe d'hommes qui menaient une cinquantaine d'oie vers un enclos où les attendaient plusieurs jars pour l'accouplement. Immédiatement, ils s'arrêtèrent et s'inclinèrent comme le voulait la loi des Amazones à chaque fois qu'ils croisaient une femme qu'ils ne connaissaient pas. Elle poursuivit jusqu'à une vaste et dense forêt. A son arrivée, les oiseaux se turent. Elle n'entendait plus que le vent qui glissait doucement dans les frondaisons des chênes, des peupliers et des bouleaux. Près d'un cours d'eau, des branches de saules pleureurs encore nues, pendaient souplement dessus de l'eau claire. Mais en y regardant de plus près, on voyait que les bourgeons avaient commencé à gonfler. Le printemps arrivait, discrètement mais sûrement. Bientôt, les vergers se pareraient de blancs et de roses. Chaque fleur serait la promesse d'un fruit parfumé et juteux qui renouvellerait la nourriture de cette fin d'hiver. Des fruits et des légumes frais changeraient le quotidien et feraient du bien au moral. En tendant l'oreille, elle entendit les chants d'oiseaux qui, ayant décrété qu'elle ne représentait aucun danger pour eux, s'étaient remis à piailler joyeusement. En longeant la petite rivière vers l'aval, elle arriva devant une barre rocheuse qui plongeait à pic sur plusieurs dizaines de mètres. Elle descendit de cheval et s'assit sur la rive. En bas, la forêt s'étendait encore et l'eau continuait à courir dans le sous-bois. Le bruit de l'étroite cascade et les trilles des oiseaux étaient un ravissement. Le Conseil Royal qui venait de se terminer était semblable au précédent. Ainsi qu'à celui d'avant. Quand la paix régnait, il n'y avait pas beaucoup de sujets à discuter. Les partenaires commerciaux étaient satisfaits, il n'y avait aucun désordre, le peuple était heureux. Enfin, une partie du peuple. La partie féminine. La partie masculine devait l'être beaucoup moins mais aucun serviteur ou esclave n'osait se plaindre. C'était la mort assurée. Les Amazones ne toléraient aucune velléité revendicative quant au bien être des hommes. Ils travaillaient, ils obéissaient, c'était tout. Ils n'avaient aucun droit de posséder quoi que ce soit. Mais il y avait quand même une chose qu'ils pouvaient faire et même, qu'ils se devaient de faire : donner des enfants aux femmes qui venaient les voir pour ça. Et mieux valait pour eux se montrer à la hauteur même si l'Amazone ne leur plaisait pas. La procréation était le seul "divertissement" qui leur était accordé, ou plutôt… ordonné. Malgré cette apparence de calme, Antiope ne pouvait se départir d'un sentiment de malaise. Sa Magicienne, Hyppolitée, avait elle aussi lu dans les étoiles le message concernant le Roi Hadès. La Reine lui en avait parlé lorsqu'elle était allée le voir au Palais d'Ebène, quelques semaines plus tôt. Bien sûr, le refus du Roi d'épouser sa fille l'avait vexée. Même si les arguments qu'il avait avancés étaient tout à fait valables, sa fierté en avait pris un coup. Un sourire carnassier étira les lèvres de la Reine. Son ambition n'avait aucune limite. Etait-ce dû à sa trop grande confiance en elle ? A son prénom peut-être ? Son homonyme, bien des siècles plus tôt, avait fédéré les tribus guerrières. C'était un véritable tour de force. Elle portait le même nom. Elle se devait de faire aussi bien. Antiope savait que son plan était audacieux, mais il n'était pas irréalisable. Pour peu qu'elle pousse les bons leviers, qu'elle manipule les bonnes personnes et qu'elle en corrompe d'autres, l'idée d'une grande Amazia n'était pas si utopique. Mais il ne fallait pas être pressée et faire les choses dans le calme. Ne pas se précipiter et réfléchir. Et alors qu'elle regardait un vol d'étourneaux noircir le ciel, une idée machiavélique commença à germer dans son esprit. Elle réalisa que beaucoup de temps s'était écoulé et son estomac le lui confirma. Elle remonta à cheval et rentra... Ooooo00000ooooO
Le Palais d'Antianeira(1) semblait en flamme sous les derniers rayons du soleil. Le granit dont il était fait se parait de toutes les nuances du couchant. Antiope pénétra dans l'enceinte de la forteresse par une large porte de service. Les portes principales, elles, n'étaient ouvertes que pour accueillir une délégation étrangère ou pour les processions lors de certaines fêtes. Elle gagna les écuries royales pour y laisser sa monture et entra chez elle. Parce que c'était chez elle. C'était son Palais, ses serviteurs, ses esclaves, son bureau, sa chambre, ses cuisines. Tout était à elle. Et elle n'aimait pas partager. Elle ne le faisait que parce qu'il le fallait bien pour la bonne marche des choses. Elle traversa des galeries dont les ouvertures étaient tendues de voiles légers qui se soulevaient au moindre souffle d'air. De petits jardins, des patios, étaient aménagés, donnant une touche de nature et incitaient à la détente et aux conversations. Elle traversa un des halls et prit un large escalier qui s'enroulait autour d'une haute fontaine d'intérieur. Elle entra dans sa chambre et ordonna qu'on lui apporte son repas tout en jetant sa cape et ses armes sur l'un de ses fauteuils. Oui, c'était une femme possessive. - Va chercher Hyppolitée, dit-elle encore à un serviteur qui était là, tandis qu'elle ôtait sa brigandine. Elle délassa ses jambières en peau et son pantalon de laine brune se retrouva négligemment sur le sol. Puis elle passa derrière un paravent en bambou et se dévêtit complètement. Se tournant vers un grand miroir en étain poli, elle regarda sa silhouette. Quatre grossesses n'avaient pas laissé de traces sur son corps magnifique. Enfin presque. Sa poitrine n'avait plus la même fermeté, son ventre s'ornait d'un tout petit bourrelet mais c'était plus la peau qui s'était distendue avec l'âge qu'un réel début d'embonpoint. Les muscles étaient bien visibles. Elle avait encore les hanches et la taille fines et si ce n'était les quelques rides qui marquaient le coin de ses yeux, elle ne faisait pas ses cinquante-quatre ans. C'était encore une femme absolument splendide. Elle passa une robe d'intérieur et s'attabla devant le repas qui lui avait été porté. Elle savoura tout jusqu'à la dernière miette. - Entrez ! dit-elle alors qu'on venait de frapper à sa porte. La Magicienne quitta Antiope qui s'était perdue dans la contemplation de la flamme d'une torche murale. Ce n'était pas tant ce que les étoiles révélaient qui tracassait Antiope que ce qu'elles cachaient. Et cela, associé au malaise qu'elle ressentait de manière instinctive face aux révélations de sa Magicienne, n'était pas fait pour la rassurer. Elle savait qu'elle devait prendre une décision. Cela devenait urgent, mais il fallait d'abord qu'elle parle à Penthésilée. Elle allait devoir la mettre dans la confidence de son plan. Antiope était une femme méfiante, une Souveraine rusée, une mère sévère mais aimante. Si elle adorait sa fille, elle n'en gardait pas moins à l'esprit l'idée que celle-ci puisse un jour se débarrasser d'elle pour régner à sa place. Aussi, devait-elle la ménager, la surveiller et si besoin, la manipuler. Il fallait qu'elle soit toujours informée de ce que sa fille savait de façon à pouvoir anticiper. Pas nécessairement pour la contrer, mais surtout pour éviter les dégâts que pourrait causer la Princesse par manque d'expérience. Jusqu'à présent, Antiope n'avait pas de raison de soupçonner Penthésilée de sédition et elle devait tout faire pour la tenir éloignée de ce genre d'idée. Ce qui tenait de l'acrobatie permanente car la jeune femme était pourvue d'une intelligence aiguisée. Alors elle opta pour l'alliance. Penthésilée était efficace et serait sa meilleure alliée tant qu'elle ne lui donnerait pas de raison de lui tourner le dos. Elle appela un serviteur et lui ordonna d'aller chercher la Princesse. L'homme revint la prévenir que sa fille n'était pas là, mais qu'il avait transmis l'ordre. Antiope le congédia. Ce n'est qu'en début de soirée que la Princesse entra chez sa mère. - Tu voulais me voir ? Penthésilée se redressa sur le fauteuil dans lequel elle était avachie. La dernière phrase de sa mère venait de piquer sa curiosité au vif et son œil brillant d'intérêt fixait la Reine, un rien amusée. Antiope sourit et prit le temps de boire une gorgée de vin. - Dis-m'en plus, reprit-elle avant que sa fille ne l'accable de questions Les deux femmes se regardèrent par-dessus le rebord de la coupe qu'elles buvaient. Une lueur carnassière traversa leurs prunelles. - Quand veux-tu que je mette en place tout cela ? Le dénommé Artal n'était jamais bien loin des appartements de sa Souveraine. Pour l'instant, il était, pour ainsi dire, son favori. Bien qu'il soit boiteux, il n'en était pas moins très bel homme. Alors qu'il avait environ une dizaine d'années, les femmes chargées de l'éducation de leurs futurs serviteurs et esclaves lui avaient brisé le genou. C'est ainsi qu'elles procédaient pour ôter aux mâles toutes envies de se rebeller. De plus, elles étaient persuadées que l'estropié faisait un meilleur amant. Il était occupé à faire chauffer de grands seaux d'eau pour le bain que la Reine ne tarderait pas à lui demander. Il entra dans l'appartement chargé de deux seaux qu'il vida dans le grand baquet. De son bureau, Antiope le dévisagea sans vergogne, les yeux déjà brillants d'excitation. Habitué, l'homme ne réagit pas. Il revint encore avec de l'eau chaude et recommença ainsi jusqu'à ce que la baignoire soit pleine. A son dernier retour, il amenait de l'eau froide. La Souveraine s'était approchée pour tester la chaleur de son bain de la main. - Lave-moi, lui ordonna-t-elle, mais le ton était relativement doux. Dressé depuis sa plus tendre enfance, Artal obéit. Il trempa un linge de coton dans une préparation à base de saponaires qui moussa immédiatement. Avec des gestes lents et délicats, il mouilla le dos et les épaules. Antiope s'allongea dans le baquet et leva les jambes l'une après l'autre. Enfin, elle se mit debout et le serviteur fit glisser le linge sur sa poitrine et entre ses jambes. Il était habitué et ça ne le gênait pas. Il n'avait pas prononcé un mot et bien maligne serait l'Amazone qui parviendrait à deviner ses pensées. Il était passé maître dans l'art de les camoufler, tout comme ses émotions. Son visage était inexpressif. Il aida la Reine à se sécher et alors qu'il allait partir pensant avoir accompli son devoir avec zèle… - Au lit… Sans montrer le moindre signe de satisfaction ou d'agacement, il se dirigea vers la couche recouverte de fourrures d'ours et de lynx. Il se déshabilla entièrement et s'allongea. - Tu pourrais montrer un peu plus d'enthousiasme, fit Antiope en s'approchant seulement vêtue de sa splendide nudité. Tout en parlant, Antiope avait laissé son regard gourmand parcourir le corps sculptural de son étalon attitré. Il avait des épaules larges auxquelles elle aimait s'accrocher, des cheveux noirs comme les ailes d'un corbeau dans lesquels elle enfouissait ses mains avec délectation. Elle adorait voir ses muscles rouler sous sa peau à chacun des mouvements qu'il faisait lorsqu'il la prenait. Des yeux, verts comme les forêts profondes d'Amazia qui se voilaient quand le plaisir le submergeait. Et ce sexe, long et épais qui la fouillait avec force et délicatesse, doux au touché, savoureux sur la langue et qui semblait réagir à son examen. - Alors Artal ? Vas-tu être entreprenant et me faire plaisir ? La Reine se troubla à la question. Qu'entendait-il par là ? - J'ai bien envie de te dire oui… Mais attention, tu sais jusqu'où ne pas aller… Ooooo00000ooooO A son réveil, Antiope grimaça. Ses muscles étaient douloureux. Le souvenir de sa nuit de débauche lui revint en mémoire et elle sourit. Jamais elle n'avait laissé un homme la dominer, mais hier soir, elle avait ordonné à Artal d'être entreprenant. Et c'est ce qu'il avait fait. Avait-il vu là une occasion de prendre l'ascendant sur cette femme qui l'utilisait comme un jouet ? Peut-être… Toujours est-il qu'Antiope avait rarement éprouvé un tel plaisir. Etre à son tour un simple objet dans les bras puissants d'un homme était bien plus agréable qu'elle ne l'avait imaginé. Il l'avait soumise et elle avait aimé ça. A trop dominer, on finit par se lasser. Et ait-ce donc cela ? Le temps avait-il usé sa propension naturelle à tout gouverner ? A tout maîtriser ? Etait-ce cela dont elle avait besoin désormais ? C'est vrai que ces derniers temps, elle s'ennuyait au lit, bien qu'Artal soit parfaitement à la hauteur de ses désirs. Alors ? Voulait-elle connaitre l'envers de la médaille ? Pourquoi pas, puisque ça lui avait grandement plu ? Elle s'habilla rapidement et demanda qu'on lui porte un en-cas. Elle descendit ensuite aux écuries et fit seller son cheval. Elle avait une visite particulière à faire aujourd'hui. Elle prit la direction du sud-ouest. Le soleil dardait ses rayons neufs sur la campagne qui s'étendait devant elle. Des nappes de brume résistaient çà et là dans les vallons. Ce n'était que le milieu de la matinée mais déjà depuis l'aube, les champs étaient envahis d'hommes qui travaillaient. Et toujours au loin sur les vastes plaines, d'immenses troupeaux de chevaux galopaient, libres. A l'heure du déjeuner, elle arriva dans une immense ferme. De nombreuses personnes y travaillaient, principalement des hommes de tout âge. Une femme s'approcha d'Antiope et s'agenouilla. - Votre visite est un honneur, Majesté, dit-elle la tête baissée. Pendant un instant, elle crut voir Hadès à son âge. La même démarche chaloupée, les longs cheveux noirs, un corps sec aux muscles déjà développés par les travaux, alors que celui de son père l'était par le maniement des armes. Il était son portrait craché. Phobos avait les cheveux plus clairs, il devait tirer ça de sa mère, mais la ressemblance de Deimos était stupéfiante. Aurait-il le même caractère ? Non. Impossible. Son éducation le lui interdisait. Il n'était pas inculqué qu'on est l'égal d'une femme dans ce Royaume. Mais tout le contraire. Ooooo00000ooooO
Année 10219 de la Licorne, mois de mars, Royaume des Ténèbres… Penthésilée partit en début d'après-midi à la tête d'un groupe d'une dizaine d'Amazones et d'hommes valides. En forçant l'allure, elle atteindrait Giudecca d'ici à trois semaines, vers le huitième ou le dixième jour d'avril. Avant son départ, elle avait fait partir un pigeon pour prévenir Phorcys de son arrivée sans lui donner plus de détails. Ainsi, elle était certaine d'avoir toute son attention lorsqu'elle arriverait dans la capitale des Ténèbres. Une fois sur place, tout serait à organiser. Tout serait à faire et il allait falloir ménager la susceptibilité du jeune homme si elle voulait parvenir à ses fins. Et surtout faire d'Eurybie une alliée. Il faudrait la manipuler, voir même l'asservir. En quelques jours, le petit groupe parvint à la frontière des Océans, à la pointe est de la Chaine des Piliers. Il allait leur falloir remonter vers le nord pour longer la montagne jusqu'à son extrémité ouest. C'était une région désertée par les populations et ils ne risquaient pas croiser quiconque en chemin. Au pied des falaises de granit blanc, il n'y avait pas un brin d'air. Bien qu'il fasse encore froid pour la saison, le soleil commençait à chauffer, annonçant un printemps qui serait fort agréable. Les contreforts offraient de nombreux endroits pour le bivouac. Les femmes chassaient et les hommes préparaient le gibier. Les nombreux cours d'eau qu'ils traversaient leur garantissaient d'avoir toujours leurs gourdes pleines. Les chevaux étaient frais, reposés. Tout se déroulait pour le mieux. Enfin, le groupe commença sa descente vers le sud et bientôt, il entrerait sur le territoire des Ténèbres. Là aussi, ils allaient devoir suivre le Massif des Lamentations, descendant toujours vers la mer. Un jour en début d'après-midi, une large route pavée apparut. Le groupe se dissimula dans le sous-bois et attendit de voir qui empruntait cette voie. - Ca semble assez fréquenté, murmura l'une des femmes. Le plan était simple. Et il fut mis à exécution avec une redoutable efficacité. Les cadavres des malheureux marchands, qui s'étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, furent enterrés dans les trous que les hommes avaient préparés et la petite troupe pris leur place. Ils étaient désormais des fermiers qui venaient vendre leurs volailles et leurs lapins sur le marché de Giudecca. Le soleil se levait à peine et dardait ses premiers rayons sur l'énorme silhouette du Mont Elysion. Penthésilée ne put retenir un frisson désagréable à la vue de cette sentinelle noire et lugubre. A ses pieds, Giudecca, surplombée du Palais d'Ebène, s'éveillait doucement. Ils passeraient les portes de la ville dans la matinée. Ils traversèrent le large et unique pont qui reliait les deux rives des douves, où coulait une lave fluide d'un orange vif. Une odeur de soufre flottait dans l'air mais elle ne semblait pas incommoder les gens. Ils franchirent les immenses portes et suivirent le flot de commerçants jusqu'au marché. Ils déployèrent leur étal et pendant que trois des hommes en compagnie de deux Amazones se transformaient en vendeurs de volailles, les autres partirent dans la foule, à la recherche d'informations. La Princesse, accompagnée d'un de ses lieutenants et de deux servants, se dirigea vers un quartier assez chic de la ville. Elle savait que Phorcys avait reçu son message. Le nez en l'air, elle scrutait les fenêtres où devrait se trouver accrocher un tissu rouge et noir. Ce fut Blodwyn(2), son lieutenant qui l'aperçut. Penthésilée poussa la porte cochère et entra dans la cour. Aussitôt, un serviteur vint les accueillir. - Conduis-nous auprès de Phorcys, cingla la Princesse, outrée que l'homme ne se soit pas agenouillé devant elle. Mais elle ne devait pas oublier qu'elle n'était plus sur les terres d'Amazia. Les coutumes n'étaient pas les mêmes. Quel pays de barbares ! - Qui dois-je annoncer ? Le petit groupe fut introduit dans un salon sobrement meublé après avoir traversé plusieurs corridors vides et lugubres. Dans la pièce, assit dans un fauteuil devant une énorme cheminée, un jeune homme les observait. Derrière lui, une jeune femme à la beauté sculpturale se tenait debout. Dans ses yeux gris comme le ciel de ce pays, luisait une lueur de satisfaction.
- Phorcys ! s'exclama la Princesse. Quel plaisir de te rencontrer. Le fait qu'elle le tutoie démontrait bien à quel point elle le méprisait. Elle avait un peu plus de considération pour sa sœur. - Altesse, intervint Eurybie, puis-je vous rappeler qu'ici vous n'êtes pas supérieure aux hommes et que nous sommes vos hôtes ? De ce fait, nous attendons de votre part un minimum de respect. Penthésilée sourit. C'est effectivement avec la sœur qu'il allait falloir traiter. Phorcys n'était qu'un sot. Il n'avait rien d'un roi. Aucune prestance, un embonpoint naissant tout comme la calvitie qui commençait à lui dégarnir le crâne. Qui voudrait d'un souverain aussi… commun ? Banal ? Invisible ? Rien à voir avec Hadès. Lui, c'était un guerrier. - C'est quand même surprenant que vous acceptiez de vous allier avec celles qui ont fait d'Hadès ce qu'il est aujourd'hui. Et dire que si le plan d'Antiope fonctionnait, elle allait devoir épouser… ça ! Par tous les Dieux ! - Ce n'est pas de notre faute si votre mère a fait un mauvais choix! pérora Phorcys en se levant pour s'approcher de l'âtre. Décidément, ils avaient beau être de la même famille que le Roi Hadès, ils ne lui arrivaient pas à la cheville. Ne le voyaient-ils pas ? Apparemment non. La seule chose qui les intéressait, c'était le pouvoir. Se retrouver au sommet pour satisfaire leur égo. Ils n'avaient pas la moindre idée de la façon dont on dirige un état. En même temps, qui aurait pu le leur enseigner ? Pontos, leur père ? Il était enfermé dans la plus profonde cellule de la prison du Tartare depuis quatre ans. Ses fidèles partisans ? Qui aurait pu supporter l'arrogance de ce paon vaniteux qui se réclamait de la Maison d'Inferno ? Si Phorcys montait sur le trône, il faudrait qu'il soit orienté et influencé par quelqu'un dans l'ombre. Penthésilée se voyait bien jouer ce rôle. Avec Eurybie, elles seraient à même de faire de cet homme un semblant de monarque. Et il ferait un excellent pantin. Une fois qu'il l'aurait couronnée Reine des Ténèbres, il n'aurait plus aucune utilité. Elle sourit pour elle-même alors qu'avec Blodwyn, elle suivait leurs hôtes jusqu'à la salle à manger. La pièce était vaste, mais tout aussi chichement meublée. - A qui appartient cette maison ? demanda le lieutenant en s'asseyant à table. Les mets qui leurs furent servis étaient délectables et Penthésilée les complimenta. Elle commençait à entrevoir les difficultés auxquelles il lui faudrait faire face pour mettre sur pied la rébellion. - Vos partisans se trouvent-ils à des postes clés ? demanda-t-elle en terminant sa coupe de vin. Penthésilée et Blodwyn se regardèrent, un sourire narquois aux lèvres. De toute évidence, il allait falloir tout mettre sur pied. Pas que ça leur déplaise, mais sachant qu'elles allaient devoir déjouer la paranoïa du Duc de Wyvern et l'acharnement du Duc de Griffon, les choses ne s'annonçaient pas sous un bon jour. - Nous serons une dizaine en tout ici. Veillez à faire préparer quatre chambres pour mes lieutenants et moi-même. Nos servants dormiront avec les vôtres. Le marché doit être terminé et nous devons camoufler l'étal qui nous a servi à nous introduire dans la ville. Une fois les Amazones sorties, elle se tourna vers son frère, folle de rage. - Tu vas me faire le plaisir de redescendre de ton piédestal, pauvre idiot ! cria-t-elle. - Mais je suis le Prince héritier. C'est moi qui suis à la tête de la rébellion contre Hadès ! Eurybie sortit et alla donner des ordres pour que les chambres de leurs invitées soient préparées. Ooooo00000ooooO Sur l'immense place du marché, Penthésilée et Blodwyn retrouvèrent les autres membres de leur groupe. Dans les cages de l'étal, il ne restait qu'un coq et deux poules. Autour d'eux, les autres marchands finissaient de ranger leurs affaires. Habillés comme de simples paysans, ils passaient inaperçus dans cette foule. Il fallait juste ne pas croiser le Roi qui aurait reconnu la Princesse sans hésitation. Le chariot fut amené jusqu'à la demeure de Phorcys et caché dans la dépendance. Eurybie les accueillit et leur montra leurs chambres dans lesquelles les servants se hâtèrent de préparer leurs bains. Ce sont propres et habillées à nouveau comme des Amazones, qu'elles se rendirent à la salle à manger. Comme le déjeuner, le diner fut un délice. Eurybie ne cessait de jeter des regards parfois furtifs, parfois plus appuyés à Penthésilée qui le remarqua. Il faut dire que leurs tenues vestimentaires étaient forts différentes. La Princesse portait un pantalon en cuir marron et un bustier lacé à la taille qui mettait en valeur sa poitrine généreuse. Par la chemise largement ouverte, le sillon entre les seins était visible et une véritable tentation. Penthésilée accrocha le regard de la jeune femme qui rougit jusqu'aux oreilles, engoncée dans sa robe boutonnée jusqu'au menton. C'est alors que la Princesse songea qu'elle avait certainement trouvé là un levier sur lequel appuyer mais qu'il allait falloir manier avec prudence. Quant à Phorcys, il ne savait plus où poser ses yeux. Il ne fut pas question de rébellion pendant ce repas, mais les sujets de conversations tournaient malgré tout autour des qualités de monarque d'Hadès. Penthésilée savait parfaitement faire la part des choses. Pour le peu qu'elle en avait vu, le Royaume semblait remarquablement bien administré. Dans les rues, elle n'avait entendu personne se plaindre du manque de nourriture, de travail ou de l'insécurité. Et elle connaissait bien Hadès. Pendant que sa mère lui enseignait à devenir un Roi, elle apprenait également à sa fille comment régner un jour sur Amazia. Tous deux avaient reçu une éducation similaire. Alors les critiques de Phorcys et Eurybie tombaient bien souvent dans le vide. Penthésilée savait qu'Hadès était un excellent Souverain. Et que quoi que les deux autres en disaient, c'était lui, et personne d'autre, l'héritier légitime des Ténèbres. Pas ce simulacre de… de Prince. Mais il fallait les ménager et s'en faire des alliés. Dans le plan d'Antiope, ils seraient, avec leur petit groupe de rebelles, la clé de voute de l'opération. Le ver dans le fruit. Encore fallait-il qu'ils soient assez disciplinés pour ne pas tout faire rater. Assez nombreux aussi. Et c'était là une inconnue qui inquiétait la Princesse. L'heure de se retirer vint et la Princesse glissa quelques mots à l'oreille d'Eurybie. Chacun retourna dans sa chambre et Penthésilée gagna la sienne en compagnie d'un de ses hommes. Nullement surpris, celui-ci s'installa confortablement sur le lit, sa peau noire comme la nuit contrastant brutalement avec le blanc immaculé du drap. La Princesse se déshabilla et s'allongea à ses côtés. - Tu as bien compris ce que je t'ai dit ? lui murmura-t-elle en l'embrassant. Quoiqu'en pense un grand nombre de personne, certains hommes appréciaient d'être au service des Amazones. S'ils étaient obéissants, ils n'étaient pas maltraités et pouvaient même être récompensés. Et c'est cette récompense que Tunga(4) attendait. Il n'était pas né à Amazia. Ses parents avaient été faits prisonniers par les Amazones lors d'une de leur razzia dans des contrées lointaines. Son père s'était fait tuer pour avoir voulu résister et sa mère était enceinte. Elle accoucha sur le bateau qui les ramenait à Amazia. Sans un cri, sans un mot, pas même une larme. Ce qui avait forcée l'admiration des guerrières. Bien que ce soit un garçon, elles lui avaient laissé la vie par respect pour sa mère. Netsaï(4) entra au service de la Reine et la servit humblement et loyalement pendant de nombreuses années jusqu'à ce qu'elle succombe à une piqure de scorpion. Quant à Tunga, il travailla au Palais. Jamais les Amazones n'eurent à se plaindre de lui. Et il se retrouva au service de la Princesse alors que celle-ci n'avait que quinze ans. Penthésilée avait fini par en faire l'un de ses étalons et l'une de ses filles avait une peau couleur d'acajou et des yeux du même vert que sa mère.
Les baisers qu'ils échangeaient finirent par les exciter. Penthésilée l'attira sur elle et le jeune homme enfouit son visage entre les seins puis les embrassa à pleine bouche, léchant la peau soyeuse, le téton qui devint dur. La Princesse soupira de plaisir. Contre son ventre, le désir de Tunga était flagrant. Il ne l'aimait pas, mais il adorait lui faire l'amour. Très lentement, il descendit sur son corps jusqu'à ce que sa bouche rencontre une toison douce. Sans hésiter, il écarta les cuisses chaudes et plongea entre elles. Penthésilée s'arqua sous la caresse de la langue humide. Elle se mit à gémir bruyamment, maintenant la tête de Tunga. Soudain le cliquetis du loquet de la porte d'entrée les arrêta. Tunga remonta entre les jambes de sa Princesse et l'embrassa passionnément. - Eurybie ? fit semblant de s'étonner Penthésilée. En entrant dans la chambre, la jeune femme avait été intriguée par les bruits qu'elle entendait. Et si ce n'était pas la première fois qu'elle surprenait ce genre de gémissements, elle n'avait encore jamais vu deux personnes dans cette position. Elle savait comment les choses se passaient entre un homme et une femme, elle n'était pas idiote, loin de là, mais elle était novice. Et le spectacle qu'elle avait sous les yeux la fascinait. Elle aurait voulu sortir de la pièce mais, cela se révéla impossible. Son corps ne lui obéissait plus. Ou plutôt il obéissait à tout autre chose. L'instinct primal et surtout, le voyeurisme propre à l'être humain quand il surprend des situations inhabituelles. Et au lieu de détourner pudiquement les yeux, Eurybie s'était rassasiée du spectacle. La voix ensorcelante de Penthésilée avait fini de la convaincre d'avancer. Elle était hypnotisée par la beauté de la Princesse. Elle s'assit sur le lit et Tunga s'allongea derrière elle. - Je croyais que vous ne viendriez plus, murmura la jeune femme. Et comme s'il s'agissait d'un signal pour le jeune homme, il commença à caresser lentement le bras d'Eurybie. Elle sursauta et se tourna vers lui. Elle plongea dans un regard d'obsidienne et pétillant de malice. Ou bien de désir ? Mais étant ignorante de ce genre de choses, elle ne sut faire la différence. - Voulez-vous une infusion ? Cela vous détendra et nous pourrons discuter tranquillement. Tunga se leva et versa la préparation chaude dans une coupe en argent et revint vers le lit. Eurybie était subjugué par ce corps nu qu'elle avait sous les yeux. Elle prit la coupe et y trempa les lèvres. Penthésilée eut un sourire satisfait. Tunga reprit sa place et ses caresses. - Je vais être directe, très chère. Votre frère ne peut pas monter sur le trône des Ténèbres. Penthésilée regarda Tunga par-dessus l'épaule de la sœur de Phorcys et lui fit un signe du menton. Il tira tout doucement sur l'encolure du vêtement et couvrit la nuque de petits baisers, légers comme des plumes. Eurybie ne put retenir un soupir. - Touchez-les… c'est doux… La Princesse lui prit la main et la posa sur son sein. Elle lui imprima un mouvement sur sa peau. Il ne fallut pas longtemps à la jeune femme pour continuer toute seule. L'Amazone défit le lacet qui retenait fermé la chemise de nuit de son hôtesse. Elle dégagea les épaules puis sortit les bras des manches pour enfin dénuder la poitrine. - Mais… que faites-vous ? murmura Eurybie, incapable de faire le moindre geste pour se défendre. La jeune femme recula, surprise par le contact, mais se retrouva contre le torse de Tunga qui caressait ses bras et son dos. La Princesse lécha les pointes des seins qui se dressaient de désir. - Je ne me sens… J'ai la tête qui tourne… Vaincue, Eurybie se laissa faire. Tunga lui ôta sa chemise et elle se retrouva nue entre les deux amants. - Laisse-toi faire, tu vas adorer… Tunga ? Il plongea entre les cuisses qu'aucun homme avant lui n'avait encore jamais écartées et lui prodigua cette exquise caresse dont raffolait sa Princesse. Eurybie se mit à gémir plus fortement, mais sa bouche fut investie par une langue douce tandis que des doigts pinçaient délicieusement ses tétons. Longtemps, elle fut soumise à ces caresses brulantes qui avaient transformées son corps en brasier. Dans un éclair de lucidité, elle réalisa qu'elle était contre la poitrine de Penthésilée, entre ses jambes, alors que Tunga s'activait toujours dans son intimité. Puis le jeune homme se releva et à genoux, il s'approcha de sa Princesse. Celle-ci caressa le sexe fièrement dressé et incita Eurybie à faire la même chose. Elle hésita, mais finit par oser. Elle eut un hoquet de stupeur quand l'Amazone prit ce pieu de chair pulsante dans sa bouche. Elle imprima des mouvements lents en soupirant de plaisir. Tunga aussi commença à gémir doucement. - Vas-y… entendit-elle à son oreille alors que le sexe venait vers elle. Goûte-le… Elle ouvrit la bouche et l'esclave s'enfonça en elle. A côté, la Princesse le léchait sur toute sa longueur à chaque fois qu'il ressortait de la bouche vierge. Elle fit glisser sa main jusqu'à l'entrejambe esseulé et le caressa. Eurybie commençait à haleter. - Prends-là, murmura-t-elle. Tunga ne se fit pas prier. Ce n'était pas tous les jours qu'il se voyait offrir une pucelle. Et il avait l'intention d'en savourer chaque instant. Penthésilée se dégagea du dos de leur proie pour qu'elle soit complètement allongée. Le jeune homme se plaça entre les jambes et contre l'antre chaud et dégoulinant de désir. Il était imposant et Eurybie aurait mal. Mais il avait bien compris que c'était ce que voulait sa Princesse. La sœur de Phorcys devait se rappeler toute sa vie de cette nuit où elle avait perdu sa virginité dans la douleur. Il s'enfonça dans les chairs étroites avec un gémissement de plaisir. Le cri que poussa Eurybie arracha un sourire de satisfaction à Penthésilée. - N'attends pas qu'elle s'habitue ! Tunga entama ses mouvements de hanches avec une brutalité qui ravissait la Princesse. Elle embrassa la jeune femme pour étouffer ses suppliques tout en pinçant douloureusement ses seins. Puis les cris se transformèrent en plaintes lascives. Après un moment, elle fit se retourner Eurybie vers elle, à quatre pattes et là encore, Tunga la prit. Et Penthésilée continuait ses caresses incendiaires. Les seins de la jeune femme tressautaient à chaque coup de reins et pendaient sous son torse. Tendus par leur poids, ils n'en étaient que plus sensibles et la Princesse se délectait de les martyriser ce qui ne semblait pas déplaire à Eurybie. - Prends-la de l'autre côté… Un excellent argument pour se maîtriser. Penthésilée se positionna devant la jeune femme et attrapa ses bras alors que Tunga introduisait ses doigts dans l'orifice encore inviolé. Bien sûr Eurybie se défendit, mais la poigne de fer de la Princesse ne lui laissait aucune marge pour se dégager. Lorsque Tunga investit l'étroit fourreau encore vierge, l'Amazone dut la bâillonner avec sa main pour ne pas que ses cris de douleur ne réveillent toute la maison. Il passa une main autour de ses hanches pour atteindre son sexe et le caresser. Malgré sa souffrance, Eurybie éprouva un plaisir si violent qu'il lui fit perdre connaissance. La poussant sans ménagement dans un coin du grand lit, Tunga et Penthésilée purent enfin assouvir leur plaisir. Très contente de lui, elle lui offrit son intimité la plus étroite et la plus brulante. Dans un demi-sommeil, les deux amants observaient leur proie qui avait finie par s'endormir. - Puis-je vous poser une question, Maîtresse ? Elle s'alanguit dans les draps et sourit. Elle bénissait le jour où le destin avait mis Tunga sur sa route. Elle avait trouvé un homme aussi vicieux et pervers qu'elle et qui lui était dévoué corps et âme. Tunga était une perle. Il devinait toujours ce qu'elle voulait sans qu'elle n'ait besoin de lui expliquer avec des mots. D'un regard, ils se comprenaient. Lorsqu'il revint Penthésilée s'était endormie. Et comme elle ne lui avait pas donné d'ordre contraire, il se coucha près d'elle et la prit doucement dans ses bras avant de sombrer à son tour dans un profond sommeil…
Le lendemain matin, les quatre Amazones se dirigeaient vers la salle à manger pour prendre une collation. Des voix leurs parvinrent, et elles furent immédiatement sur leurs gardes. L'idée que Phorcys ait pu les trahir et les dénoncer à la police d'Hadès n'était pas à exclure. - J'ai hâte de les rencontrer, disait une voix d'homme. Nous allons enfin pouvoir nous organiser pour mettre un terme au règne d'Hadès. Les Amazones prirent place autour de la table et furent servies de petits pains encore chauds, de fruits secs et de vin doux léger. - Permettez-moi de vous présenter Nérée. Il fut le secrétaire de mon père. Il était vêtu avec élégance mais sobriété. Ses cheveux gris coupés très courts lui donnaient un air revêche adouci par un sourire éclatant. Il devait avoir environ cinquante ans et affichait l'assurance de la maturité. Rien ne semblait plus le surprendre. - Seigneur Nérée, vous avez réussi à échapper à la police d'Hadès ? C'est une chance pour le prince Phorcys. - Je crois que vous nous sous-estimez un peu trop, rétorqua Phorcys agacé par l'attitude des Amazones. Ooooo00000ooooO Après le déjeuner, les Amazones s'accordèrent un moment de détente. Eurybie les rejoignit et s'approcha de Penthésilée, un petit sourire aux lèvres. - Puis-je vous parler… en privé ? Une fois dans la pièce, la sœur de Phorcys perdit un peu son courage face à la présence écrasante de la Princesse. Elle se tordait nerveusement les mains et fuyait le regard de Penthésilée qui se délectait du spectacle. - Eh bien ? De quoi voulez-vous m'entretenir ? Tout en parlant, elle s'était arrangée pour faire reculer la jeune femme contre l'armoire. Elle était coincée et lorsqu'elle sentit les lèvres de la Princesse sur les siennes, elle sut qu'elle n'y résisterait pas. Elle répondit avec une fougue brulante qui fit sourire l'Amazone. Cette petite oie blanche qui n'en était plus une était prête à être cueillie comme un fruit mûr. Elle approfondit leur baiser et fit courir ses mains sur le corps alangui contre le sien. Eurybie haleta puis gémit quand une main vicieuse s'aventura entre ses jambes, par-dessus le tissu de sa robe. - Hmm… s'il vous plait…, les autres… Et pour sceller sa promesse, Eurybie embrassa fougueusement Penthésilée qui jubilait. Elle avait désormais un moyen de pression sur Phorcys. Qui voudrait de sa sœur en mariage si l'on apprenait que la donzelle se livre à la débauche et à la luxure avec plusieurs amants à la fois ? La sœur du roi ? Cette jeune femme discrète et vertueuse, toujours humblement, en retrait de son frère ? Il ne se remettrait pas de l'affront et du scandale qui s'en suivrait. Bien sûr la dépravation touchait toutes les classes sociales mais pour les plus élevées, si ça se savait, il ne fallait pas que ça s'ébruite trop longtemps ou trop souvent. Sinon les gens finiraient par croire les rumeurs récurrentes. Et une fois une réputation entachée, un honneur traîné dans la boue, les conséquences étaient désastreuses et bien souvent, irréversibles. Et ce petit avantage allait lui permettre d'avoir la main mise sur toute cette organisation. Eurybie sortit la première de la chambre, laissant seule la Princesse. Il allait falloir élaborer un plan bien plus subtil que celui que ces pauvres idiots avaient imaginé. Comment pouvaient-ils être assez stupides pour croire qu'il leur suffirait de prendre d'assaut le Palais d'Ebène en l'absence d'Hadès ? Elle frémit en pensant à lui. Déjà lorsqu'il vivait au Palais d'Antianeira, Penthésilée était attirée par lui. Peut-être même en était-elle un peu amoureuse. Mais elle se défendait contre cette idée. Une Amazone ne tombe pas amoureuse. Elle se sert des hommes et des femmes pour son plaisir et perpétuer la race. C'est tout. Elle se demandait à quoi il pouvait ressembler aujourd'hui. Il n'avait que quatre ans de plus et ne devait pas avoir beaucoup changé, mais de Prince en exil, il était devenu Roi en titre. Et quel Roi, si on en croyait les rumeurs rapportées par les marchands et les voyageurs. Et ce goujat avait refusé de l'épouser ! A cet instant, elle serait peut-être Reine des Ténèbres… Elle finit par laisser de côté ces considérations et rejoignit Phorcys et ses invités dans le salon… Ooooo00000ooooO
La première chose que vit Eurybie entrant dans la chambre de Penthésilée la laissa sans voix. Sur le lit, adossée aux coussins, la Princesse regardait Tunga et un autre homme se caresser. Tête-bêche, chacun avait pris le sexe de l'autre dans sa bouche. Et les gémissements qui leur échappaient en disaient long sur le plaisir qu'ils éprouvaient. L'Amazone la vit et lui tendit la main, tandis qu'elle lui faisait signe de se taire un posant un doigt sur sa bouche. La jeune femme, s'approcha, fascinée et s'installa aux côtés de l'Amazone après que celle-ci l'eut dévêtue. - Remonte tes genoux et écarte tes cuisses, lui murmura-t-elle Docile, Eurybie obéit, toujours hypnotisée parle le couple masculin qui s'ébattait sous ses yeux grands ouverts. Penthésilée l'embrassa légèrement et caressa ses seins. Quand la respiration à son oreille s'accéléra, elle pinça doucement les tétons sensibles. Elle glissa l'une de ses mains jusqu'au sexe humide et titilla le petit bouton de chair si délicat. Eurybie eut une plainte vite réprimée – le silence lui avait été imposée et elle avait promis d'être obéissante – mais lorsqu'elle sentit un doigt s'insinuer en elle, elle eut toutes les peines du monde à se retenir de gémir. Les deux hommes changèrent de position. Jowan se mit à quatre pattes alors que Tunga se plaçait derrière lui. Et sous les yeux incrédules de la jeune femme, il le pénétra. Un feulement de plaisir sortit de leurs gorges. Il s'immobilisa pour que son amant s'habitue à sa présence, il se pencha sur son dos, lui caressa les reins et le ventre, puis il se mit en mouvement. Immédiatement des gémissements plus forts emplir la pièce. - Tu n'avais connu que des femmes jusqu'à présent, non ? Elle laissa les deux hommes s'adonner aux plaisirs pendant encore un long moment, sentant le désir d'Eurybie s'intensifier. Bientôt, aveuglée par les besoins de son corps, elle ne serait plus qu'une marionnette entre les mains de l'Amazone et de ses deux complices. Tunga se dégagea et alla se laver. Pendant ce temps, Jowan se coula sur la jeune femme et l'embrassa à lui faire perdre la tête. Puis il roula sur le côté pour la placer sur lui. Penthésilée s'approcha et plaça la jeune femme sur le sexe raide. Eurybie s'empala avec une plainte de douleur mêlée de plaisir. Avec l'aide de la Princesse, elle ondula sur le jeune homme. Soudain, il la ceintura et l'attira à lui. Tunga se présenta derrière elle, et après l'avoir détendue, il prit lui aussi possession de son corps. Le cri de douleur qu'elle poussa leur tira un sourire de ravissement. Les deux hommes se mirent à bouger en elle, accordant leurs mouvements. Tout à côté, la - Maintenant tu connais vraiment la saveur d'un homme… C'est en titubant qu'Eurybie quitta la chambre. Comme dans un rêve, elle regagna la sienne. Elle savait que Penthésilée l'avait manipulée mais elle ne lui en voulait pas. Elle avait tendance à abonder dans son sens pour avoir remarqué ce genre de pratiques quand son père était encore sur le trône. Elle n'était pas aussi naïve qu'elle le laissait paraitre. Elle sombra dans un sommeil peuplé de songes érotiques où elle s'offrait à tous les hommes qui voulaient d'elle… Penthésilée se glissa entre ses deux servants qui entreprirent de la satisfaire de toutes les façons possibles. Alors qu'elle somnolait, proche de s'endormir, elle repensa aux paroles d'Eurybie. Croyait-elle vraiment que l'Amazone allait lui apprendre comment asservir un homme ? Ou une femme ? Qu'elle était naïve. Le corps broyé par le plaisir, elle s'endormit entre ses deux amants… A suivre...
>> Chapitre 16 >>
(2) Blodwyn : prénom d'origine irlandaise signifiant "Fleur Blanche". (3) Nérée : Dans la mythologie grecque, Nérée (en grec ancien néein , « nager ») est un dieu marin primitif, représenté comme un personnage âgé et souvent surnommé « vieillard de la Mer ». Il est le fils aîné de Pontos (le Flot) et de Gaïa (la Terre), le mari de l'Océanide Doris et le père des cinquante Néréides. Il réside dans les eaux de la mer Égée. Hésiode, qui le fait naître de Pontos sans aucun concours féminin, et Pindare célèbrent sa justice bienveillante. D'où ses épithètes, « véridique », « bienveillant », « sans mensonge ni oubli ». Il possède une grande sagesse et le don de prophétie. Comme de nombreuses divinités marines, il peut se transformer en prenant diverses formes. (4) Tunga : prénom masculin d'origine du Zimbabwe. (5) Jowan : prénom originaire de Cornouailles, dérivé de Jean. Ci-dessous les photos qui m'ont inspirées les Amazones. Bien sûr, les miennes sont un peu plus habillées. ^^
|